Épilogue

1.9K 66 9
                                    


Mon Rich a fini par m'avouer le lendemain qu'il était peintre et qu'il exposait régulièrement ses œuvres. Après un gigantesque petit déjeuner pris à deux, il m'a conduit dans son atelier de création. Je suis resté bouche bée face à autant de talent de sa part. Ce mec est un génie de la création.

Lui aussi possède des créations assez sombres qu'il a pris soin de mettre à l'écart. Il m'a confié ne jamais les avoir montré à qui que ce soit par contre. J'ai été par conséquent très honoré de sa démarche de me les montrer honnêtement mais avec beaucoup de pudeur également en m'expliquant quand et pourquoi il les avait peint. Il tenait à partager ça avec moi. Surtout après lui avoir enfin dit pour mon agression qui me pesait tant jusqu'à lors.

Je me sens depuis un peu moins seul, moins triste et moins honteux surtout. Se sentir ainsi, dépourvu de la seule chose sur Terre qui nous appartient vraiment : notre corps est une torture lancinante difficile à gérer tous les jours. C'est comme une voix qui murmurerait incessamment à vos oreilles. Parfois on arrive à y faire abstraction et hélas, d'autres fois, tel un acouphène strident, elle vous possède entièrement à vous en faire devenir fou. Ce qui m'est arrivé, je ne le souhaite à personne. Pas même à Éric, c'est dire à quel point cette souffrance est l'une des pires à endurer.

***

Cela fait bientôt quatre mois que l'on est officiellement ensemble. Beaucoup de choses se sont passées. Richard m'a déjà emmené à son travail. On a fait évidemment plusieurs expos ensemble aussi et j'ai découvert quelques amis peintres à lui dont j'adore admirer le style.

Je suis venu m'installer chez lui. Non seulement son loft est bien plus grand que mon petit studio mais aussi parce qu'il crée chez lui et que son atelier renferme une grande partie de son travail.

Comme convenu, nous avons été visités ma mère en Californie il y a déjà deux mois de cela qui est tombée littéralement sous son charme. Nous avons beaucoup parlé elle et moi. Ça m'a fait un bien extrême. Ses retrouvailles ont été chargées d'une émotion particulière mais bienfaisante. J'ai vraiment apprécié. Je me rends compte de la grande chance de les avoir dans ma vie et qui m'aiment autant. Je leur serais éternellement reconnaissant.

Comme Rich, elle m'a encouragé à aller porter plainte dès que possible contre Éric.

A notre retour à Manhattan, pour me soutenir au maximum et m'encourager à aller raconter à de parfaits inconnus en détail mon agression plutôt brutale, car mon corps a quand même mis des mois en s'en remettre, Richard m'a emmené un matin aux aurores dans son atelier et il a commencé à me peintre. Au début, très réticent à l'idée, je me suis farouchement opposé à cette entreprise de sa part. Mais il a su me convaincre. J'ignore si c'est dans ses habitudes mais j'ai trouvé qu'il m'avait peint assez vite.

Hélas, je n'ai toujours pas eu l'honneur de voir sa toile. Il m'a promis que je la verrai bientôt. J'ai tellement hâte.


Quinze jours plus tard...

Ce matin, je me lève stressé. Impossible de desserrer les dents et d'avaler quoi que ce soit. Je dois aller au commissariat de police pour déposer ma plainte. Richard reste à bonnes distances mais ne me dit rien. Il se contente juste d'être là. Quand je suis ainsi, impossible de supporter son toucher. En temps normal, il m'aurait déjà enlacé et câliné. Ce que j'adore entre autre chez lui. Mais là, j'en suis incapable et ça me tue pour lui. Pour nous. Je sais à quel point ça l'attriste de me sentir si loin de lui. Mais je ne veux pas avoir à le repousser comme la première fois après m'être réveillé agité de ce cauchemar qui depuis s'est nettement espacé. Quand il m'arrive encore de le faire, mon angoisse est calmée bien vite quand je me réveille dans les bras aimants et rassurants de mon homme.

-Ash ! Viens par-là chéri s'il te plait. Il me crie depuis son atelier pendant que je termine d'enfiler ma veste avant notre départ.

-J'arrive ! Je le rejoins et tombe nez à nez face à mon parfait double en peinture érigé sur cette toile qui me parait gigantesque hissée sur son chevalet. J'en reste sans voix, trop ému. Quelques larmes viennent rouler sur mes joues. Ce tableau est magnifique. Je m'y reconnais d'emblée, c'est troublant et étourdissant. Richard a de l'or au bout des doigts. Il est à mes côtés me sondant sans me quitter du regard un seul instant.

-Tu es prêt ?

-Maintenant oui... J'essuie mes larmes d'un simple geste de la main.

Il s'approche un peu plus de moi mais ne tente rien d'autre.

-Tu es si doué. Cette peinture est splendide Rich...

-C'est gentil babe mais je n'ai aucun mérite. Je n'ai fait que calquer ce que je vois quand je pose mes yeux sur toi tu sais.

-Merci. Merci pour tout. Grâce à toi, je vais beaucoup mieux.

-Ça me fait plaisir de l'entendre.

-Je ne pourrai plus me passer de toi.

-Moi non plus...

Je lui tends finalement la main qu'il s'empresse de prendre pour ne plus la lâcher.

Nous quittons l'appartement dix minutes plus tard en étant plus confiant et moins en prise de mon angoisse.

Je me sens plus fort. Il était temps. Le Ashley d'avant n'est pas perdu.

Rich avait raison...


FIN

Fantasme d'une nuit [TERMINÉE]Where stories live. Discover now