Eveil

Chapitre 1

Rien.

Que veux-tu faire dans la vie ? Rien.

Du moins, rien de conventionnel, aucune de ces carrières si désirées, aucun de ces chemins tout tracés ne m'attire. Et j'ai accepté récemment que ce ne soit pas grave d'avoir une opinion différente.

J'ai entendu pendant des années qu'il fallait étudier si on voulait réussir, qu'il fallait être comptable, banquier, médecin ou ingénieur pour être respecté, qu'il fallait gagner de l'argent pour être accompli. Foutaises. Je ne veux plus croire à cela, je ne veux plus que ma vie soit guidée par les attentes de la société. On grandit avec cette impression que ne vouloir rien faire n'est pas toléré, qu'il y a cette nécessité de briller publiquement. Or s'il y a bien une chose que j'ai apprise ces derniers mois, c'est qu'il y a d'autres bonheurs, bien plus profonds, bien plus réels, que celui d'être socialement accepté grâce à sa carrière, ou pire, grâce à sa fortune.

Un peu brutalement, à 16'000 kilomètres de chez moi, seule, je me suis rendue compte que nombre de mes relations ne me convenaient plus, que le travail qui m'attendait ne me donnait pas envie de me lever le matin, que je préférais être seule et sans carrière plutôt que de reprendre ma vie là où je l'avais laissé en quittant la maison quelques mois plutôt. C'est un peu brutal, mais c'était vrai. A ce moment là, au moment où l'on commence à se rendre compte de notre insatisfaction, nous avons deux choix: se résigner et accepter ce qui nous attend, ou alors, et c'est ce que j'ai décidé de faire, s'éveiller, accepter d'être différent et vivre pleinement.

Cette réalisation que j'ai eu est la première étape dans notre recherche d'épanouissement et dans notre "reconnection" avec notre moi intérieur à qui l'on demande trop souvent de se taire. Ce moi qui est mis en veille par notre moi penseur, complètement étouffé par nos angoisses, nos peurs, notre incapacité de vivre le moment présent. N'oublions pas qu'avant notre vie anxiogène, notre routine barbante et nos habitudes malsaines, nous sommes habités par deux essences, les deux essences mêmes de la vie humaine: la joie et l'amour. Pourtant pendant des années j'ai été si obnubilée par cette carrière qui m'attendait les bras ouverts, après des années d'études qui ne me plaisaient pas, que j'ai mis en sourdine ces deux essences. Mais alors, comment faire pour retrouver cette joie et cet amour qui nous animent ? Comment doit-on s'y prendre ? Par où commencer ?

Je suis persuadée qu'il n'y pas une façon unique d'y arriver, pour moi c'est une rencontre qui a tout bouleversé. Je ne crois pas que notre bonheur doive dépendre de quelqu'un d'autre que de nous, mais certaines rencontres vous réconcilient avec vous-mêmes, c'est ce dont vous avez besoin pour vivre la vie, et non plus la subir.

Il faut également accepter de ne plus rentrer dans des cases, de ne pas avoir une carrière qui fait rêver, d'être différent. Personnellement, je me suis toujours sentie à l'écart, pour suivre la tendance, on pourrait me qualifier de haut potentiel, sans prétention. Non, ça ne veut pas dire que je suis destinée à être neurochirurgienne ou astrophysicienne. Cela veut juste dire que j'ai souvent du mal socialement, que je pense plus que la moyenne, que je suis dotée d'une empathie qui me joue des tours et que je suis très encline à être angoissée. Ça fait rêver, n'est-ce pas?

Le fait est que j'ai souvent été incomprise, j'ai souvent eu l'impression de penser différemment, d'être en décalage, d'être un alien, alors bon, autant être différente et vivre la vie qui me plaît!

Prête à vivre comme je l'entends, j'étais pourtant loin, très loin, d'imaginer que ma rencontre avec lui allait autant changer ma vie. C'est si cliché. Je me suis réveillée ce jour sans me douter que ma vie n'allait plus jamais être la même, il n'y a pas de retour en arrière, l'aventure ne fait que commencer.