Chapitre 60

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Je clignote plusieurs fois les yeux, comme si c'était un mirage. Oui, c'est un mirage, j'ai eu l'habitude d'avoir des mirages depuis le bénévolat au Namibie.

— Putain, qu'est-ce que j'ai bu encore...

— Tu ne sautes pas dans mes bras, Opal ?

Le mirage à parler et mes mains se mettent à trembler. Lentement je pose une main sur le torse de l'eau et c'est dur, enfin c'est humain.

Mais... C'est vrai ? Vrai de vrai ?

Des larmes se forgent aucun des mes lèvres, et Matthew, le vrai, soupire et me prend dans ses bras. Je reste sans voix pendant quelques secondes, avant de rendre son étreinte avec force comme si je voulais m'imprégner en lui.

— Tu m'as manqué, imbécile, chuchoté-je avec les yeux fermés.

Mon cœur bat à la chamade et ne croyant toujours pas à la situation, je tâtonne le corps de Matthew pour me mettre en tête que finalement c'est vraiment lui et non un fantôme.

— Je voulais te faire une surprise, j'espère qu'elle t'a plu !

Je m'écarte de lui à contrecœur et lui donne un léger coup dans son épaule.

– Elle est réussie... Je croyais que tu prenais tes vacances dans trois mois !

— Le Colonel m'a fait un faveur.

Le revoir si près me fait quelques chose de bizarre. J'ai l'impression d'avoir des papillons ou autre saloperie dans ce genre qui me chatouille le ventre. Matthew, n'a rien changé. Toujours aussi beau, ténébreux, mystérieux, seuls les cernes qu'il a sous ses yeux montrent à quel point il est fatigué du voyage.

Matthew prend mes mains dans les siennes et son regard brun m'électrise. Dans un élan, je pose mes lèvres contre les siennes, mais une voix stridente nous fait interrompre.

J'insulte dans ma barbe, et me tourne vers ma sœur, qui elle, sourit de toutes dents, visiblement heureuse d'arrivée au bon moment.

– Ma' es Matthew y Opal !, crie-t-elle comme une folle.

Même pas une seconde, ma mère arrive en trombe, son masque toujours sur son visage. Je lance un regard gêné à Matthew.

Putain, ma famille est tellement originale...

— Matthew ! Je suis si heureuse de te voir !

Maman saute dans ses bras, en me bousculant sur le côté. Ébahie, je l'observe avec les bras croisés. Matthew, ne comprenant pas au comportement de ma mère me demande dans une question silencieuse si ma mère va bien. Je lui hausse les épaules.

Depuis que ma mère sait que le père de mon futur enfant est Matthew, elle est très heureuse... va savoir pourquoi.

L'enfant.

Merde.

Comment je vais lui dire ?

— Où est Owen ? Il n'est pas venu ?, questionne ma mère.

— Il est resté à New-York avec Sélène. Normalement, il arrivera dans quelques jours, répond Matthew en essayant de se dégager de son emprise.

Il s'approche de moi et ma mère prend une mine déçue car Owen n'est pas venu ce soir. Après, je le comprends. Maman a quasi mis mal à l'aise Sélène et Owen n'a pas apprécié.

Je m'accroche au bras de Matthew comme un bouée.

— Opal, si j'étais toi, je pense qu'il faut ouvrir la boîte et montrer aux autres du petit grain que tu as trouvé dans le jardin, dit innocemment ma sœur.

Je reste interdite devant elle avant de comprendre ses sous-entendus. Nan, sérieusement, Ofelia ?

— Qu'est-ce qu'elle raconte ?, interroge Matthew, confus.

Je lui souris de toutes dents et envoie un regard noir à ma sœur.

— J'ai... trouvé un pépin d'une pomme dans le jardin et j'ai décidé de le planter afin d'avoir un... pommier dans le jardin. C'est la cadeau d'anniversaire d'Owen, tu sais il aime les pommes, exagéré-je en fixant ma sœur avec les gros yeux.

Ma sœur ouvre sa bouche, mais maman la prend à part et l'emmène dans le salon. Ouf !

J'espère que Matthew a gobé ce mensonge. Quand je me tourne vers lui, son visage est sérieux et toute trace de moquerie s'est dissipée comme un nuage.

Finalement non.

— Opal, tu mens.

Je deviens anxieuse et joue nerveusement avec mes mains.

Comment il peut lire en moi aussi facilement ? Comment il fait ?

Je sais cacher mes émotions car dans mon travail, on ne doit pas à tout prix montrer aux patients ce que l'on ressent, mais Matthew sait lire en moi avec tant de facilité et tout cette maîtrise de dissimuler les émotions ne me sert à rien.

Je cède.

Je lui fais signe de me suivre. Arrivés dans ma chambre, je ferme la porte lentement et je le mire avec l'organe vital au bout de la langue.

— Qu'est-ce qu'il y a, Opal ?, insiste-t-il en s'approchant de moi. On dirait tu vas vomir.

— Juste promets-moi que tu vas pas prendre la fuite, lâché-je sérieusement.

Il me mire pendant quelques instants avant de hocher la tête. Je mords mes joues et pars récupérer ce fameux bâtonnet dans un de mes tiroirs. Je le cache derrière mon dos et je m'approche de lui.

— Tends ta main.

Il s'exécute.

Aller, vas-y Opal !

Je dépose lentement l'objet dans la paume de sa main, et rapidement il se met à analyser la chose. Il reste figé pendant des longues secondes et un frisson me monte à l'échine quand il ancre son regard dans le mien.

Amor En El DesiertoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant