Souvenir

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Lisa a 13 ans, elle aime jouer à cache-cache et l'odeur de l'herbe fraîchement coupée.
À l'école, c'est l'une des premières de sa classe, sa matière préférée est l'art plastique. Elle aime jouer avec les formes, les différentes textures et s'exprimer à travers des jets de couleurs qui sortent de ces petits tubes de gouache préférés.
Ces pensées ont du mal à être transmissent par de simples mots, ces pensées sont complexes pour une gamine de 13 ans. Lisa s'exprime donc à travers la peinture.
Ces camarades la trouvent différente. Elle n'a pas beaucoup d'amis.
Et pourtant, un homme la suit. Il la regarde souvent au loin lorsqu'elle est assise par terre en tailleur en train de gribouiller sur son carnet vert dans la cour de récréation.
Elle ne s'en soucie pas, elle pense que parfois les adultes font des actions que les enfants ne comprennent pas. Sa mère lui a toujours appris à se méfier des inconnus.


Sa mère est une femme formidable, elle est enjouée et c'est une très grande joueuse de tennis. Comme chaque week-end, elle emmène Lisa faire de longues balades à vélo le long de l'étang des bois. C'est le meilleur moment de la semaine.
Elle n'a pas besoin d'amis quand sa mère est à ces côtés.
Après cette longue balade, elles décident de faire des crêpes et de regarder Dirty Dancing. C'est le film préféré de sa maman. Elles connaissent donc toutes les chansons par coeur de « Now I've had the time of my life »« I'Il remember in the still of the night », elles sont de véritables stars du karaoké !
« Nobody puts Baby in a corner »


Un soir, en rentrant de l'école, elle aperçoit la silhouette de cet homme qui l'a suit régulièrement et décide, en oubliant les avertissements de sa mère, d'avancer vers cet homme mystérieux.
Il s'appelle Philippe, il aime les vieux polaroids et jouer de la guitare électrique. Il sens le vieux tabac froid et porte des vestes en cuir.
Il lui propose de faire le trajet de retour avec elle et elle accepte naïvement.
En arrivant devant sa porte, elle se retourne et se rend compte que l'homme a disparu. En regardant un peu partout, elle se dit qu'il a dû filer. Une douce odeur de pizza se dégage lorsqu'elle ouvre la lourde porte d'entrée, sa mère a commandée à manger ce soir et elle lui propose de l'aider à faire ces devoirs.
Lisa n'a pas besoin d'aide pour ces devoirs, mais elle sais que sa mère aime se sentir utile et qu'elle a besoin de se vider la tête. Elle admire sa force.


Le lendemain, sur le chemin de l'école, elle croise à nouveau Philippe.
Il aime aussi Dirty Dancing et connaît les musiques par coeur.
Pendant plusieurs jours, ils feront le trajet ensemble et elle lui raconte ces journées à l'école. Ils sont amis. Elle ne se sent plus seule pendant ces instants.


Un matin, sa mère frappe à sa porte pour lui apporter son chocolat chaud. Elle lui rappelle qu'aujourd'hui est un jour important. Sa mère pose la tasse brûlante sur le rebord du chevet de la petite fille, des larmes remplissant ces doux yeux noisette. Lisa pose un regard sur le visage de sa mère, il est trempé de larmes et des plis de fatigues emplissent son visage.


Cela fait 3 jours que la mère de Lisa pleure le soir, qu'elle ne dors plus et qu'elle ne prononce plus son prénom.
Lisa prend la tasse et boit son chocolat. Elle enfile la robe et les petites chaussures noires que sa mère à posée au pied de son lit. Son ventre est noué, elle n'a pas faim.

Sa famille est en bas et la regarde avec compassion. Cela fait longtemps qu'ils ne s'était pas retrouvés tous ensemble. De longs silences emplissent les murs de la maison qui semble vide depuis qu'il n'est plus parmi eux.

Aujourd'hui, Lisa enterre son père Philippe. Son père était atteint d'Alzheimer. Cela l'a emporté à cause d'une simple pneumonie.
Depuis, plus rien n'est pareil.
Il aimait les vieux polaroids et jouer de la guitare électrique dans leur vieux grenier. Il sentait le vieux tabac froid et portait des vestes en cuir.
Il faisait souvent le trajet de retour ensemble.
Faire semblant n'y changera rien.
Lisa se sent toujours aussi seule, toujours aussi vide.
Même un ami imaginaire n'y changera rien.
À ce qu'on dit, le temps guérit les blessures.

Le souvenir c'est la présence invisible

                                                                     - Victor Hugo 

SouvenirWhere stories live. Discover now