Ahénys - Tome 1 : Crépuscule [À Réécrire]

๑۩★ Chapitre 22 ★۩๑

 Aurora reprit pied dans la réalité en douceur, ses paupières se soulevèrent face à l'immensité de l'océan. Les vagues s'échouaient tout près avec un bruissement et le ciel se parait des premières lueurs de l'aube. Elle leva les yeux vers Gōruden, perdu dans ses pensées, puis se redressa pour s'asseoir à côté de lui.

« 'Den ? »

Le Garde tourna la tête vers elle et lui décrocha un sourire :

« Comment tu te sens ?

— Beaucoup mieux, merci. Et toi, ça va ?

— Tout va bien. Enfin, presque... J'aimerais juste pouvoir rester ici encore un moment.

— Hélas, ton devoir t'appelle. »

L'ironie ne fit pas mouche, le visage de l'adolescent se fendit d'une expression triste.

« Je m'en passerais bien, sincèrement. Je supporte plus d'arrêter des innocents et de les entendre hurler à la mort dans les sous-sols.

— Un jour, tout ça changera.

— Sauf qu'on ne connaîtra probablement pas ce jour. Sois réaliste, si les choses venaient à changer, il faudrait des décennies pour que la haine et la peur s'effacent enfin et que ça devienne normal de ne plus vous persécuter. Si tant est que la situation s'améliore un jour...

— Tu commences à devenir pessimiste, on dirait que je déteins sur toi. »

Cette fois, la brune parvint à lui arracher un rire.

« Ça se pourrait bien. Je ne t'en remercie pas.

— De tous les exemples possibles que tu pourrais prendre, tu as décidé de choisir le pire.

— Je ne peux malheureusement pas te contredire sur ce point. »

La kélyssãlya afficha une mine ahurie et outrée, puis elle envoya son poing frapper l'épaule de son petit ami. Avec joie, elle constata que ses forces lui étaient pleinement revenues. La guérison de son corps s'achevait suite à ses quelques heures de sommeil, ses facultés de demie-énãó effaçaient les derniers stigmates de la Prison. Son séjour aux sous-sols s'effacerait de sa chair et de ses muscles d'ici la fin de la journée.

« Si tant est que tu vives jusqu'à la fin de la journée... Tu devrais lui en parler, je suis sûr qu'il pourrait t'aider. »

Un battement de cil suffit à ravaler la boule d'angoisse qui apparut au creux de sa poitrine à l'intervention de Denashi. Son Naï connaissait la teneur de son rêve, ce qui n'arrangerait pas ses affaires. Il la harcèlerait jusqu'à ce qu'une solution potentielle ne les mette d'accord tous les deux. Or, Aurora ne pouvait rien lui offrir de plus que des négociations avec une personne instable assoiffée de vengeance.

« Au moins, tu as repris des forces, souligna le châtain. Tu vas pouvoir rentrer toute seule. Ça me rassure un peu.

— Je ne risque rien.

— Bizarrement, je n'arrive pas à y croire...

— S'il te plaît, fais-moi confiance. Dans la forêt, je suis en sécurité. »

L'adolescente fournit son faux sourire le plus convaincant, celui-là même qu'elle travaillait depuis plusieurs années désormais pour dissimuler ses souffrances au monde entier.

C'est pas bien de mentir. On sait tous les deux que tu n'es absolument plus en sécurité dans cette forêt.

Elle sursauta brusquement et retint de justesse un cri de surprise. Après deux jours de silence, elle en avait presque oublié l'existence de Boréalis.