Chapitre 2

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Il rêvait, il en était plus que sûr. Car il ne pouvait pas revivre la journée qu'il venait tout juste de finir. Il était entrain de faire un rêve lucide. Il regarda autour de lui, l'endroit ressemblait énormément à son lycée, à quelques détails près. Son lycée n'était pas aussi grand et, surtout, ses murs n'étaient pas bleutés. Plus loin, se trouvait un groupe de cinq personnes mais il ne pouvait pas voir leurs visages. C'était comme si sa vision devenait soudainement floue quand il essayait de se concentrer sur leurs traits. Pourtant il était persuadé de les connaître, leurs silhouettes lui rappelait quelque chose. 

Il eut soudain le sentiment d'être en retard alors que les portes de son lycée commençaient à se fermer et avança. Il dût presque courir pour les atteindre et se retrouva dans sa salle de classe. Il croisa un regard noir qu'il connaissait bien. Seo Changbin semblait être le seul à avoir un visage et le regardait de ses yeux sombres. Pourtant son visage n'avait pas l'air dur qu'il avait auparavant. Il semblait neutre, presque apaisé.

Son instinct lui cria de ne pas trop le regarder. Il entendait la voix de son père lui répéter qu'il avait bien fait de ne pas laisser ce garçon entrer dans sa vie d'une quelconque manière. Mais Seungmin eut le sentiment, profond, qu'il devait le faire. Il devait avancer jusqu'à cette table d'écolier et faire face à celui qui avait été jugé comme étant le voleur. Alors ses pas, bien qu'hésitants, l'amenèrent jusqu'au noiraud qui le regardait toujours de la même manière.

Il sentait bien qu'on essayait de l'en empêcher. Des mains presque translucides se posaient sur son torse pour le retenir mais il s'en défaisait avec une facilité déconcertante. Ses yeux ne pouvaient pas quitter la seule présence qui semblait réelle. Cette présence qui tourna la tête dès qu'il arriva enfin devant elle.

Seungmin vit une des silhouettes de l'extérieur se lever et entendit raisonner dans sa tête les mots que Yang Jeongin avait prononcé à la bibliothèque. La main de la silhouette, elle, vint se poser sur l'épaule de Changbin et la serra douloureusement.

"On sait tous que t'as pas l'argent pour. Ça nous dérange pas de te payer quelques trucs tu sais, t'as pas à être gêné. On a l'argent que tu n'as pas, laisse nous partager."

Suite à cela le noiraud tourna une nouvelle fois la tête vers lui. Son regard était le même que plus tôt mais son expression avait changé. Elle ressemblait à celle qu'il avait eut lorsque le chef de la police lui avait demander de le suivre pour lui passer les menottes. Les lèvres fines du garçon s'entrouvrir à peine pour laisser passer un souffle empreint d'un message.

"Cinq jours."

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Le pauvre garçon peinait à ouvrir les yeux sous son immense couverture. Un mal de crâne effroyable l'avait soudainement pris et il avait horriblement chaud. Il crut un instant être malade mais sa peau, elle, était extrêmement froide. Il grogna et gigota pour faire disparaître cette chaleur étouffante qui semblait lui prendre toute son énergie. Les yeux toujours fermé, il tenta de sortir de son lit et des frissons désagréables le parcoururent lorsqu'il posa son pieds droit sur le sol.

Après un effort surhumain, il parvint à y poser le deuxième pieds et, dans la foulée, à ouvrir les yeux. Son mal de tête sembla redoubler. Il porta sa main à son front, espérant qu'une magie miraculeuse éteindrait le feu dans son crâne. Mais rien n'y fit, même en restant une bonne minute ainsi. De plus, une voix ne cessait de résonner dans sa tête, répétant sans cesse les mots prononcés dans son rêve. C'était désagréable.

Il grogna, grommela et jura dans sa barbe inexistante avant de prendre son courage à deux mains. Son week-end commençait bien mal... Il soupira avant de tendre sa main pour attraper le pull de Felix qu'il avait laissé sur sa chaise bureau. Il n'arrivait pas à se réchauffer, chose étonnante vu à quel point il avait eu chaud quelques minutes plus tôt sous sa couverture. Il jeta d'ailleurs un coup d'œil vers celle-ci, il ne se souvenait pas l'avoir remis. La température s'était peu à peu réchauffée au cours de la semaine alors il avait finit par la ranger en milieu de semaine. Son attention fut détournée du lit lorsque ses doigts, qui cherchaient toujours le pull de son meilleur ami, se refermèrent sur sa chaise... Totalement dépourvue de tissu.

Innocent - SeungbinWhere stories live. Discover now