CHAPITRE I

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Un champ. Voilà ce qui m'entoure. Un simple champ vide en pleine nuit. Rien d'autre à part peut être quelques vaches et encore je n'en suis pas sûre. Il ne fait ni chaud, ni froid, il fait bon. Seulement vêtue d'une simple chemise de nuit, je me sens bien. J'avance doucement, pieds nus, les herbes hautes et humides me caressant les jambes et les pieds. Je ne vois pas où je vais ni même où je met les pieds.

Un souffle exagéré me fait sursauter, il n'est pas loin. Mon cœur bat vite, il loupe des battements, il s'affole. Je tourne doucement la tête et allume en vitesse la lampe torche de mon téléphone portable se trouvant dans ma main. Dans le pré voisin se trouve un troupeau de vaches. Elles sont allongées dans l'herbe, elles me fixent puis laissent retomber leur tête dans l'herbe. Ce n'était que des vaches. J'ai eu simplement peur d'une vache.

Je continue mon avancée dans le champs, à l'aveugle avec pour seul repère le faisceau de lumière se dégageant de mon téléphone que je ne peux que diriger au sommet des herbes hautes. La température descend de quelques degrés, suffisamment pour que je la ressente et que la chair de poule apparaît le long de mes bras. J'entend l'herbes remuer derrière moi. Je sens un léger souffle contre ma main, mon cœur loupe un nouveau battement, mon téléphone glisse de ma main et s'échoue entre les herbes. Ce n'est qu'une illusion, ce n'est que le vent. Quelque chose se pose dans ma main, quelque chose de doux mais d'humide. Je ne bouge plus, mes membres sont tétanisés, je suis paralysée par la peur. La chose douce et humide se glisse un peu plus dans la paume de ma main, le bout de mes doigts rencontre des poils, une fourrure douce. Mon cœur tambourine dans ma cage thoracique. Étrangement, je trouve cette sensation agréable bien que je sois terrifiée. Je n'ose faire aucun mouvement, que m'arriverait-il si je venais à bouger? Cette chose est peut être dangereuse. A moins que cela soit encore une vache. J'avais pourtant cru voir un grillage qui nous séparait.

Une branche craque juste derrière moi. Je sursaute et sens que je ne suis pas loin de l'évanouissement. Il y a quelque chose d'inconnu dans la paume de ma main et autre chose ou quelqu'un qui s'approche juste derrière moi.

Ce qui était contre ma paume se retire rapidement laissant place à un sentiment de vide et un froid glacial. Elle passe à côté de moi. Je prends mon courage à deux mains et ramasse mon téléphone portable, tombé à mes pieds, d'une main tremblante. En tournant la lampe torche face à moi, je me retrouve face à une biche au pelage fauve. Elle est magnifique. Comment ai-je pu avoir peur d'une telle créature ?

Elle se tourne vers moi et m'observe, son regard est magnifique. Je ne saurais dire si il me glace le sang ou si au contraire il le fait bouillir. Ses yeux sont un mélange d'ambre et d'apatite bleue, un mélange de feu et de glace. Son regard se porte derrière moi, j'observe ses oreilles se redresser sur le sommet de son crâne puis elle se fige et cavale vers la route. Pour une raison que j'ignore mon corps me pousse à la suivre, je me met à courir dans la même direction qu'elle.

Je l'observe gravir le fossé avec agilité, je continue de courir derrière elle, j'essaye de passer le fossé. Un camion arrive par la gauche, il roule beaucoup trop vite. Je n'ai pas le temps de réfléchir que je vois le corps de la biche frappé par le camion et être envoyé dans le fossé opposé. Je me retrouve projetée au sol, la cuisse en sang. Je ne comprends plus rien, tout va beaucoup trop vite. J'ai mal. Je hurle. Je me tiens la cuisse et essaye de me relever. Elle cède sous mon poids et m'arrache un nouveau hurlement de douleur. Je hurle comme une bête, comme un animal qui souffre. Je grogne. Je ne cesse de hurler. Mes yeux se ferment lentement et ma joue heurte le sol de plein fouet.

****

Je me réveille en faisant un bond dans mon lit. Un peu perdu, j'observe où je suis jusqu'à me rendre compte que je suis bel et bien dans ma chambre, dans l'appartement des mes parents. Mes cheveux sont humides sur l'oreiller qui lui est aussi trempé. Les draps collent contre ma peau. La transpiration continue de couler le long de mon dos. Ma respiration est saccadée.

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⏰ Last updated: Jun 04, 2020 ⏰

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