Chapitre VIII : Soins

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- Si vous êtes si fort, Lecœur, allez prodiguer vous-même les soins de votre amie.

Tristan écarquilla les yeux, abasourdi par la cruauté de cette femme.

- Chef, s'il y a une personne qui doit répondre de ses actes, c'est moi. Laura n'a rien fait de mal, elle a même tenté de me dissuader !

Nashka se contenta de sourire. Un sourire carnassier, mauvais, comme si elle aimait faire le mal.

- Mais la vie est injuste, et parfois, les innocents paient pour les coupables. Je vous conseille de vous dépêcher, elle ne tiendra pas longtemps sans ses soins.

Le soldat recula lentement de quelques pas, choqué, avant de partir en courant sans fermer la porte. Il se rendit sans détour à l'infirmerie, où il trouva l'infirmière en train de retirer le goutte à goutte de Laura. Elle sursauta en voyant Tristan entrer, essoufflé.

- S'il vous plaît ! Faites pas ça !!

Il parlait vite, ses mots entrecoupés de halètements.

- Désolée jeune homme, tu sais ce qu'il en coûte de désobéir à cette femme. J'peux rien faire malheureusement, mais si je peux te donner un conseil, maintiens la sous aide respiratoire et mets la dose de morphine. Tu peux rien faire d'autre.

- Mais je sais pas faire ! C'est mon amie et une soldate dévouée ! Un des meilleurs éléments de Morpheus! Je...

- Désolée gamin, jpeux rien faire pour toi...

Elle lui lança un regard triste en partant, laissant Laura à son sort. Tristan s'approcha d'elle, soupirant. Le sang ne coulait plus, mais elle avait quand même une grosse plaie dans le ventre. Elle portait une blouse d'hôpital remontée jusqu'à sa poitrine, elle avait dû avoir un bandage qui avait été retiré à l'arrêt des soins. Les yeux du soldat étaient rivés sur la plaie. Comment soigner quelque chose d'aussi gros ?

Il ouvrit tous les tiroirs, fouilla tous les armoires, sortit tout les objets s'apparentant de près où de loin à de la crème cicatrisante, des bandages ou du matériel de soin quelconque. Il ne savait pas faire ! S'il restait seul, Laura allait mourir ! Il alluma le respirateur. Simple, juste un bouton on/off. Le rythme cardiaque de Laura semblait trop lent, mais il n'y connaissait rien. Après de longues minutes à chercher, il se décida à demander de l'aide.

- Les gars ! La chef a arrêté les soins de Laura, je dois la soigner moi même ! Il me faut de l'aide !!

Tristan venait de faire irruption dans le dortoir de la Seconde division, paniqué. Shirley se leva en premier.

- Mon père était médecin, il m'as appris deux trois trucs. Essaye de te détendre, tu arriveras à rien dans cet état.

Les autres étaient scotchés. Cette femme était vraiment monstrueuse, Laura n'avait rien fait. Ils avaient déjà perdu Yitzhak, ils ne pouvaient pas recommencer.

- on va se relayer pour les soins. D'abord, je viens avec toi. Je ferai une fiche de soin à suivre, ça ira. Elle va s'en sortir. On y va.

Shirley avait un visage grave. Elle suivit Tristan jusqu'à l'infirmerie, et enroula directement la plaie de Laura dans un bandage stérile après l'avoir désinfecté. Elle vérifia le respirateur, lui administra une dose importante de morphine et nota le tout sur un calepin.

- Malheureusement, on peut pas faire grand chose d'autre. L'infirmière t'as dit quelque chose ?

- Juste... L'aide respiratoire et la morphine... Tu l'as déjà fait...

- Alors ya rien d'autre à faire. Écoute Tristan....Laura est forte, peut être même la plus forte d'entre nous. C'est une battante, elle va s'en sortir. T'as fait tout ce que t'as pu, on viendra voir plusieurs fois par jour en se relayant. On lui injectera aussi des compléments alimentaires, ça ira.

Elle était rassurante, calme, mais Tristan paniquait. C'était sa faute, et si Laura mourrait il serait seul responsable. Il abaissa la blouse pour protéger le bandage, et s'assit à même le sol près du lit. Il entendit Shirley sortir.

- Laura.. Je suis désolé, tout ça c'est de ma faute.. Mais je te promet que je te laisserai pas mourir, tu vas t'en sortir ça ira...le père de Shirley était médecin, elle sait ce qu'elle fait. On t'abandonne pas...

Il espérait réellement qu'elle pouvait l'entendre. Qu'elle sache qu'elle n'était pas livrée à elle même.

- Tristan ?

Il se retourna vers la porte. C'était un gars de la Seconde, Karim? Hakim? Un homme discret, toujours plongé dans les encyclopédies.

- Je vais veiller sur elle, on fera des rondes avec tous les autres, une idée de Shirley. Deux heures chacun. Va dormir.

Il hésita, mais accepta la proposition. Bredouillant un "merci", il sortit de la salle pour se rendre au dortoir. C'était silencieux, l'ambiance contrastait avec celle de d'habitude, joyeuse et bonne enfant. Il tomba sur son lit plus qu'il ne s'y allongea, et ne s'assoupit qu'à moitié.

Dans Les Bras De MorphéeWhere stories live. Discover now