"Espoi-" Quel espoir ? [4/4]

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Before You Go (version piano)/Lewis Capaldi

Dorbyn (Why don't we)

Pdv "Corbyn"

Nous avons beaucoup de moments de faiblesse, de moments de perte intérieure, de destruction, de panique, nous connaissons toutes sortes de moments différents et intrigants par leur diversité. Mais quel autre instant peut vous détruire plus que le tout dernier ?

J'avance trainant des pieds dans la solubilité insoluble. Non je ne sens pas le sol sous moi et je sais qu'il ne s'est pas dérobé, il n'a juste probablement plus lieu d'exister. Ma main glisse sur cette paroi immaculée, je ferme les yeux pourtant c'est à nouveau le même décor que je perçois. Je souffle, c'est difficile. J'entends ses murmures. Merde, sors de ma tête. Je ne sens plus ma respiration autrefois irrégulièrement cadencée dans ma poitrine. Désormais, plus qu'une présence brûlante à l'intérieur et je le vois de l'autre côté de la vitre dans mon dos...

Ai-je véritablement le choix ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne veux plus savoir.

Je l'entends encore. Sa voix se brise et j'espère qu'elle va encore buter quelques fois sur mes tympans tristes. Je ne veux pas le quitter. Pardonne-moi, je t'en supplie Daniel pardonne-moi. Je t'ai écrit des centaines de lettres que tu ne liras jamais car elles n'existent plus. Ne te restera plus jamais que les croquis que tu faisais la nuit durant cette dernière semaine et les clichés de mon sourire, certaines fois faux, mais d'autres si parfaitement adorables ainsi qu'apparemment cette chevalière...

Pourquoi tu me l'enlèves ?

Elle m'appartient. Arrête, je la sens encore glisser pour quitter mon annulaire. Tu vas la donner à la personne qui comblera le vide que j'ai laissé. Je ne veux pas... Même si ça te rassurera, elle m'appartient. Stop !

Pourquoi je n'existe plus vraiment ?

Elle était à moi...je te déteste...

Je m'effondre, dans ce couloir inexistant sorti de mon imagination, le visage se brouillant de larmes, calé entre le creux de l'union de mes deux mains. J'ai l'impression d'étouffer dans mes sanglots, n'ayant plus l'impression de réellement respirer. Je bloque entre la vie et la mort. Je n'existe plus vraiment mais pourtant je ne suis pas encore tout à fait parti. Je n'ai plus le choix, je ne pourrai de toute manière plus jamais faire demi-tour.

Non ! Non Daniel ne pars pas ! Je t'en supplie... Je ne veux pas que ça s'arrête.

J'arrive à voir de sous mes paupières closes, mes parents anéantis mais préparés à ce jour depuis de nombreuses années, quitter la pièce blanche d'hôpital, soutenus par ton père et les infirmiers désolés. Ta mère prend ta main et tu lâches mon poignet sans un dernier regard. Sans un dernier baiser...

Tout s'est terminé. Les lumières industrielles de la chambre s'éteignent et je suis seul avec moi-même, à jamais... Je sais que la fin est là depuis que tu ne me tiens plus. À l'instant direct, je n'ai plus senti ta dernière larme glissée sur mon avant-bras, je l'ai simplement vue s'écraser sur le carrelage glacé. Je suis mort... Je aire uniquement dans mon esprit.

Vais-je y rester toute ma mort ?

Je voulais revoir ton sourire...une dernière fois. Je voulais simplement y avoir droit. Je veux qu'on te me rende. Stupide maladie.

Je repense à la dernière lettre que j'ai écrite. Celle que je n'ai pas eu le temps de brûler, celle qui est encore probablement coincée dans ta poche de veste en jeans.

Pdv Daniel

"Mon amour,

tu as de yeux magnifiques. Tu le sais cela ? j'espère te l'avoir assez répéter. Alors cesse de me pleurer s'il te plaît. Je ne le mérite pas, après tout ce que je t'ai traverser. Et ils ne méritent pas non plus de picoter pour une personne qui n'existera plus...

J'ai encore un service à te demander. Chaque soir, tant que tu seras toujours sur le sol que j'ai quitté, j'aimerais qu'à 23h30, tu regardes le ciel. Car même les astres du ciel ont le droit d'être éclairés par les créatures les plus parfaites du monde d'en bas. Tu étais ma créature parfaite... Ne m'oublie pas... Moi je n'y manquerai jamais car tu étais mon copain pour la vie et sans avoir rompu avant de partir, tu resteras aussi celui de ma mort. Je t'aimerai pour toujours. On avait dit "pour toujours" la première fois, j'aurais voulu te le dire encore une fois.

Adieu...

Je préfère te le dire ici. J'étais incapable de te l'avouer en face, j'avais honte. Je me sentais incapable de voir un voile de tristesse cacher les vagues de l'océan bleu qui dansaient dans tes orbites.

Ne me hais pas ainsi, tu sais pourquoi je suis parti. Regarde ta montre. Une seconde, deux secondes, tes larmes à tout rompre puis plus rien...

Daniel...c'est la fin du décompte...

Je ne t'avais pas encore quitté..."

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Trente secondes

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Pdv extérieur

Corbyn avait certainement sous-estimé l'adrénaline qui coulerait dans les veines de son petit ami, accélérant sa lecture.

Le plus grand lâche le papier à l'odeur de son copain et remonte les escaliers deux à deux n'ayant de temps à accorder à des ascenseurs bondés.

Le temps, tout n'était qu'une question de temps depuis la première seconde de leurs vies, de nos vies...

Appréciez chaque seconde de votre existence, elle n'est que trop courte. Vivez à sang à l'heure pour tous ceux qui n'en ont pas eu l'incroyable occasion, de là où ils sont, ils ne vous en seront que reconnaissants.

Les numéros défilaient sur les portes et les gens s'écartaient surpris par la vitesse et l'indélicatesse de Daniel pour retrouver l'unique chambre qu'il espérait pas encore vidée.

Lorsqu'il poussa la lourde porte aux quatre chiffres "2330", ses yeux non toujours pas séchés, remouillèrent abondamment. Il osa prendre la main de son cadet et se pencher sur lui afin de sceller leurs lèvres. Il y croyait dur comme pierre aux secondes qui défilaient, espérant réellement que chaque instant comptait, et qu'il lui en restait désormais cinq. Ils avaient raison car sous ce corps encore peu habité, Corbyn réussit à trouver le chemin vers la paix intérieure, savourant les dernières secondes de sa vie avec celui qu'il avait tant aimé. Aspiré par la lumière aveuglante, il se laissa guider par la fin.

Le tic tac de l'aiguille trotteuse résonna dans leurs oreilles à tous les deux la main gauche de Daniel, posée sur la joue du plus petit.

Trois

Deux

Un

-dernier mot de Daniel-

- Adieu...

-dernière pensée de Corbyn-

"168 heures jusqu'à ma vie..."



¿ Y Por Qué No Yo ?Where stories live. Discover now