chapitre 1 : fleurs, babioles et rencontre

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À Busan, le quartier de Jinhae s'éveille avec honneur et fierté lors de la floraison des cerisiers. Les pétales rosées dansent sous la caresse taquine de la brise printanière avant de s'échouer tristement sur le pavé. Le monde s'émerveille devant le spectacle qu'offre la nature, celle qui garde ses trésors bien enfouis, celle qui regorgent de milliers de joyaux cachés. 

Longeant la rue, tout en promenant mes yeux sur les objets étalés en vrac, je suis à la recherche d'une perle rare au beau milieu de cette brocante. Au final, elles ne sont pas tant différentes. Ces marchés à vieilleries regorgent tout aussi bien de trésors uniques et exceptionnels. Il suffit seulement de bien chercher pour les dénicher.

Des babioles décoratives attirent particulièrement mon attention, car mon appartement n'est pas vraiment embelli, si je puis dire. Disons qu'il est plus ou moins modeste et abrite le strict minimum essentiel à la vie quotidienne. Je pourrais facilement faire appel à un décorateur d'intérieur aux goûts follement luxueux mais je préfère m'en tenir à moi-même pour ce coup-ci.

Tout à coup, un cadre brillant de milles feux sous la lumière du soleil, capture mon attention et m'arrête ainsi dans ma balade. Agréablement surprise, je découvre une peinture sur toile. Le tableau représente une carrure qui semble être celle d'un jeune homme vêtu de blanc au bord d'une cascade d'eau. L'artiste a su transmettre la transparence du tissu qui laisse donc entrevoir une musculature bien dessinée de son personnage. Les moulures dorées du cadre, encore intactes attirent davantage mon attention. Alors, je me penche pour observer de plus près cette merveille. Je suis bien loin d'être une artiste ou une mordue d'art et pourtant ce tableau me plaît énormément. Malgré ma conscience qui hurle face à cet énième achat compulsif, mon intérêt pour ce chef-d'oeuvre ne cesse de m'aimanter. Je finis par céder à la tentation et prends tout de même le temps de débattre avec le vendeur sur son prix avant de remporter l'enchère, avec fierté.

En franchissant le seuil de la porte, le parfum vanillée de ma maison m'enveloppe agréablement. Après maints efforts, je parviens enfin à poser ce tableau contre le mur. Puis je mets à le fixer curieusement. Il ne suscite plus autant l'enthousiasme qui m'avait initialement anticipé à l'acheter. Et pourtant sa qualité artistique reste indéniable mais la motivation reste toutefois, mystérieuse. Il me traverse même l'esprit l'idée que ce soit mes murs maussades qui le rendent ainsi.

« -Je l'accrocherai plus tard. » me dis-je à moi-même, laissant le tableau tristement posé.

En effet, il est temps pour moi de rejoindre mes amies. Et un petit passage à la salle de bain est indispensable surtout après la balade sous le soleil qui a laissé quelques gouttes de sueur perler sur mon front. Je me dépêche pour ne pas être en retard consciente que notre temps à toutes est bien trop précieux pour être gaspillé à attendre qui que ce soit. C'est bien une des premières leçons de mon père : chaque seconde a sa valeur !

Je passe sous les derniers coups de blush qui donnent une fraîcheur nouvelle à mon teint avant de me glisser dans une magnifique robe noire qui dévoilent mes jambes. Les températures sont assez chaudes en ce moment pour que je me le permette.

Enfin, je quitte mon appartement, satisfaite du look. Je trouve facilement le restaurant dans lequel nous nous sommes données rendez-vous. Cela doit bien faire au moins dix ans que cet endroit est devenu notre lieu de référence donc difficile de se tromper.

« -Jia ! » s'écrit une voix fluette que je reconnaîtrais entre mille.

Une de mes amies les plus proches me sourit de toutes ses dents visiblement heureuse de me voir.

« -Sen, ça va ? »

Elle hoche la tête avant de me prendre dans une étreinte affective que je lui rends avec plaisir. Je suis très heureuse de la revoir parmi nous.

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