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Les heures passèrent sans qu'Alessandre ne réussisse às'endormir. Il sentit une main sur son épaule et se réveilla ensursaut.

- Tout va bien mon garçon ?

Le conseiller Orensen était penché sur lui.

- Il faut se mettre en route lui dit-il.

Alessandre observa autour de lui. L'aube pointait àl'est. Il était difficile de distinguer quelque chose avec la puréede pois qui s'était installée durant la nuit. Le jeune homme avaitl'impression que le brouillard s'était encore densifié depuis cesderniers jours. Finalement il s'était assoupi, vaincu par lafatigue. Il avait l'impression de ne pas avoir dormi du tout et sesentait plus fatigué encore que lorsqu'il était allé se coucher.Il se leva tant bien que mal, sous le regard inquiet du conseiller.

- Tu es sûr que ca va ?

- Oui, répondit Alessandre, inquiet que le vieil homme se doute de quelque chose

Il avala rapidement le petit déjeuner que lui tenditMahel. Puis, lorsqu'ils eurent rangé le campement, ils décollèrent.Ils s'arrêtèrent dans deux autres villages, vides, eux aussi. Puis,vers midi, le conseiller ordonna à Mahel de mettre le cap sur levillage d'Alessandre. Le vol dura près de quatre heures. Quatreheures trop longues au goût du jeune homme qui n'avait qu'une hâte,retrouver sa famille. Il ne trouvait plus l'excursion excitante. Maisfinalement, le village fût en vue. Il distinguait clairement lesmaisons. Mahel posa sa bête à proximité puis ils descendirent.

- Restes là et attends nous, ordonna le conseiller au pilote. Nous n'en auront pas pour longtemps.

- D'accord papy, répondit Mahel.

- Et arrêtes de m'appeler papy.

Le jeune pilote avait retrouvé son flegme et sa désinvolture habituelle. Le conseiller l'ignora et reparti endirection du village, accompagné d'Alessandre et de son garde ducorps.

- Vous savez, vous n'êtes pas obligé de m'accompagner, dit Alessandre. Je connais le chemin.

Il était mal à l'aise. Il voulait voir ces gens partir aussi vite que possible.

- Oui, mais j'aimerais remercier ton père de t'avoir laisser nous accompagner.

Ils arrivèrent aux limites du village, qui paruextrêmement silencieux au jeune homme. Ce silence inhabituel ajoutaà son malaise Lorsqu'ils franchirent les premières maisons,personne ne vint les accueillir. Et même lorsqu'ils furent sur laplace du village, ils ne virent personne. Sentant son angoissegrandir, Alessandre se précipita chez lui. Vide. Dans la cheminée,quelques braises finissaient de mourir. Laissée aux quatres vents,la maison paraissait étrangement vide et silencieuse. Le gardes'éloigna pour inspecter quelques maisons, mais lorsqu'il revint, leconstat fût évident: le village était désert.

- Comment est-ce possible ? Demanda le conseiller, plus pour lui-même que pour quelqu'un d'autre. A peine deux jours. Un village entier ne peut pas disparaître comme ça en deux jours.

- Que dois-t-on faire monsieur ? Demanda le garde

- Je l'ignore, répondit celui-ci. Il y a quelque chose qui me tracasse. Quelque chose qui ne va pas. Mais je ne saurais dire quoi. Continuons de chercher pour le moment. Mon garçon, restes bien près de nous.

Ils fouillèrent minutieusement chaque maison. Desmaisons qu'Alessandre ne connaissait que trop bien. Il avaitl'habitude d'y entrer, étant petit. Elles lui donnaient maintenantun sentiment étrange. Tout était à l'abandon. Ou plutôt, c'étaitcomme si le vie s'était brusquement arrêtée. Exactement comme dansles autres villages. Il s'apprêtait à entrer dans une autre maisonlorsque le garde hurla.

- Quelque chose a bougé là-bas !

Ils se précipitèrent dans cette direction. Lespectacle qui s'offrit à eux les pétrifia. Une créature quisemblait sortie d'un cauchemar errait dans les rues. Alessandren'avait jamais vu une telle créature. Il se figea. Le corps del'abomination qui lui faisait face semblait composé de ténèbrespures. Seul deux points lumineux verts brillaient au milieu de cettemasse mouvante, tels deux émeraudes au milieu des ténèbres. Elleétait haute comme un gros chien, ou comme un loup. Mais semblaitbien plus dangereuse au yeux du jeune homme. Regarder le corps decette chose était comme contempler un abîme infini. Le conseilleret son garde stoppèrent net également et le soldat tira ses armes.

- Restez derrière moi, ordonna-t-il en levant son bouclier.

Le bruit attira la créature qui tourna la tête verseux. Lorsque son regard passa sur le groupe, le jeune homme ressentitun vif malaise. Cette chose n'appartenait pas à ce monde, il enétait certain. La créature s'avança lentement vers eux, ondulantplus que marchant.

- Reculons, ordonna Orensen. Nous ne savons rien de cette chose.

Alessandre se retourna, et ce qu'il vit l'horrifia.

- S...Seigneur, bredouilla-t-il.

Derrière eux, deux autres créatures de ténèbress'approchaient également, les encerclant lentement.

Le garde décida d'agir. Il donna un coup d'épéedevant lui, mais la lame passa à travers le corps étrange de lacréature sans provoquer la moindre blessure. L'ombre bondit sur legarde, qui se protégea instinctivement mais la créature passa autravers du bouclier, avant de traverser le corps du malheureux. Legarde et son armure se volatilisèrent. L'épée, seule rescapée,tomba lourdement sur le sol. La créature se tourna alors versOrensen et Alessandre. Un frisson parcourut le corps du jeune hommequi sentit la peur monter en lui. Cette chose venait de fairedisparaître un homme, un soldat entraîné, d'un seul coup.Alessandre précipita le conseiller dans la maison la plus prochepour tenter d'échaper à ces choses. Mais avant qu'il n'aie puentrer lui même, la créature qui venait de faire disparaître legarde lui coupa la voie. Paniqué, le jeune homme recula lentement.Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, la créature se jeta surlui. Instinctivement, le Alessandre tenta de se protéger de sesbras. Il sentit un choc violent au niveau de la poitrine lorsque lachose le toucha. Il tomba à genoux. Les autres créaturess'arrêtèrent alors. Le garçon eut l'impression que le mondes'écroulait devant lui. Il entendit un cri résonner au loin. Ilreconnut celui du gilgrin. Les deux créatures s'enfuirent et ilentendit l'immense oiseau se poser, avant de lancer un puissant criqui vrilla les tympans du jeune homme. Alessandre s'effondra, lesténèbres obscurcissant peu à peu sa vision.


Erevia: Fragments du passéWhere stories live. Discover now