Chapitre 2

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Au bout de deux bonnes heures de travail acharné, je décide de faire une pause, mes membres ne supportant plus de rester dans la même position plus longtemps. Afin de les dégourdir, je vais enfiler ma tenue de sport et entreprend de sortir pour aller courir. Cela va me faire du bien autant physiquement que moralement.

Si j'aime le petit cocon que forme mon appartement, je dois dire que prendre l'air est quelque chose que j'adore. Pouvoir sentir le vent frais fouetter mon visage, les rayons du soleil caresser ma peau et l'air pur entrer dans mes poumons me revigore.

Chaque jour, lorsque j'en ressens l'envie, je sors faire une petite course dans les rues de Rouen, appréciant de croiser du monde alors que je suis si souvent isolée. Ne pas avoir de contact avec eux ne me chagrine pas. Simplement voir leurs expressions enjouées, pressées, énervées ou bien triste est agréable. Cela me donne l'impression d'avoir un semblant de vie sociale.

Au bout d'une bonne demi-heure, je retourne chez moi, en sueur mais lavée de toutes les toxines de mon corps. Malgré la fatigue occasionnée par l'effort, je me sens bien plus à l'aise.

Motivée et inspirée, je vais prendre mon me poster sur mon bureau qui se trouve contre le mur, en face de mon lit et à côté de la grande baie vitrée pour commencer à écrire. À cette heure-ci le soleil est haut dans le ciel et chauffe beaucoup trop pour que je m'installe de nouveau sur le balcon, à ma grande déception.

Écrire a toujours été pour moi une échappatoire. Une manière d'extérioriser ce que je ressens sans avoir à l'exprimer oralement. Lorsqu'on vit un drame comme le mien, il est très compliqué de s'en remettre. Pour tout avouer, je ne pense pas que cela soit possible.

Aussi, pour ne pas tomber dans le déni ainsi que la souffrance, je couche sur papier tout ce qui me passe par la tête. Cela fait un bien fou de mettre des mots sur ce qui rend ma vie si dure.

Au début, ce n'était que des textes qui me permettaient de vider mon sac sur l'instant. Très souvent, cela concernait le manque de mes proches, la terreur que je ressens à chaque fois qu'un orage a lieu ou bien la souffrance que je ressens face à la vue à mon corps défiguré.

Parfois, ils concernaient ma grand-mère. Si je n'ai jamais vraiment été capable de la remercier de vive voix pour tout ce qu'elle a fait pour moi, je le faisais à travers mes écrits. Certes, je ne les lui ai jamais fait lire, cependant, cela m'a permis de me sentir mieux vis-à-vis d'elle. C'est déjà ça.

Quelques mois plus tôt, j'ai décidé de changer diamétralement ma façon d'écrire, n'en pouvant plus de le faire de cette façon, à travers divers textes qui n'ont aucun sens, les uns avec les autres. Sans savoir d'où m'est venue l'inspiration, je me suis mise à rédiger les premières lignes de ce qui est devenu plus tard un roman.

Aujourd'hui, je suis en pleine écriture du quatrième tome. Si j'ai pensé un instant à m'arrêter au premier pour en faire un one-shot, je me suis très vite rendue compte que ce n'était pas possible. Cette histoire, c'était la vie que j'aurais aimé vivre. Ces personnages, c'était mes proches que j'aurais aimé encore compter à mes côtés. Ces ressentis, c'étaient les miens. Je ne pouvais tout simplement pas les laisser tomber ainsi, au bout de seulement quelques centaines de pages.

Écrire, c'est un peu comme une thérapie pour moi. Un exutoire. Quand je suis sortie de l'hôpital j'ai bien eu droit à des séances avec un psychothérapeute cependant, cela ne m'a pas aidée comme l'écriture m'aide aujourd'hui. Sans cesse, je devais exprimer oralement mes peurs, mes doutes, mes ressentis, alors que tout ce que je souhaitais, c'était oublier. Madame Mirenda avait beau être adorable et faire du très bon travail, cela ne me convenait tout simplement pas.

La brûlure du cœurWhere stories live. Discover now