Chapitre 75 - Novembre

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Les heures.

Les jours.

Les semaines.

Le temps n'avait plus d'emprise sur Airi.

Le temps... N'avait plus aucune signification.

Elle n'était pas sortie de chez eux depuis ce jour sur la falaise.

De chez ELLE...

Son père, les Bakugou, Eijirou, ses amis... Ils se relayaient et passaient régulièrement lui rendre visite, mais elle n'ouvrait jamais la porte. Ils lui apportaient de la nourriture cuisinée, des produits de premières nécessités, des fleurs, des livres... Mais elle leur répondait toujours en quelques mots, les rassurant, leur disant que tout allait bien et qu'elle avait simplement besoin de temps. Ils laissaient alors ce qu'ils avaient apporté sur le pas de la porte et s'en allaient à contre coeur...

Airi n'avait plus de larmes. Elle errait dans l'appartement telle une enveloppe vide, tel un fantôme hantant son ancienne demeure. La plupart du temps, elle restait assise devant la grande baie vitrée et observait l'horizon au loin, les yeux dans le vague. Elle grignotait par-ci par-là, juste ce qu'il fallait pour maintenir son corps dans ce monde. Le peu d'énergie qu'elle avait lui permettait tout juste de flotter de ci de là lorsqu'elle avait besoin de se déplacer.

Plusieurs fois par semaine, elle ouvrait la fenêtre et se penchait par dessus la rambarde. Leur appartement n'était pas si haut.

SON appartement...

Mais, si elle se laissait tomber la tête la première, il y avait de fortes chances pour qu'elle ne s'en tire pas vivante. Cependant, elle ne sautait jamais par dessus la rambarde et finissait toujours par rentrer à l'intérieur et refermer la fenêtre. Dès qu'elle penchait sa tête vers le vide, la voix de Katsuki résonnait à ses oreilles : « Promets-moi... De ne jamais abandonner. Jamais. Promets-moi de vivre à deux cents pourcents, pour nous deux... Promets-le moi, Hane-Chan. »

Aujourd'hui encore, elle ouvrit la grande baie vitrée et s'avança jusqu'à la rambarde. Pour la première fois, elle s'éleva légèrement au dessus du sol et passa les jambes par dessus le balcon. Son coeur battait la chamade. Elle le sentait pulser dans sa poitrine et résonner dans sa tête.

- Pourquoi ne me laisses-tu pas te rejoindre, Hanabi-Kun ? Murmura-t-elle.

Mourir serait si facile. Il lui suffirait de se laisser tomber et de fermer les yeux à tout jamais...

- Mais on n'a jamais choisi la facilité, railla-t-elle d'une voix rauque. Pas vrai ?

Elle regarda le sol en bas, ce qui lui donna le vertige. Prise de nausées, elle se précipita dans la salle de bain. Exténuée après avoir régurgité le peu qu'elle avait mangé ce jour-là, elle farfouilla distraitement dans le placard à pharmacie à la recherche de comprimées contre les vomissements quand l'étagère se renversa. 

- C'est pas vrai... Marmonna-t-elle en ramassant les différentes boîtes.

Airi se figea, le visage pâle. Elle avait dans les mains son flacon de suppresseurs. Ses pensées se mirent à fuser à une vitesse vertigineuse.

Ses suppresseurs.

Depuis quand n'avait-elle pas eu besoin de les prendre ?

Depuis la mort de Katsuki.

Quand était-il mort ?

Airi se précipita dans la cuisine à la recherche d'un calendrier.

Katsuki était mort il y a plus de trois mois...

My Hero Academia - DestinésWhere stories live. Discover now