Elementum {Tome 1}

VII

Un mois plus tard

  Manuel de sortilège posé, baguette magique préparée, tous deux dans une parfaite démonstration de mon caractère maniaque, je m'assoie à côté de Amy et proche de Hermione. Et c'est justement à droite de celle-ci que j'entends :

- Oh non...

  Ron grogne déjà de mécontentement, en s'affalant sur son siège avec une moue boudeuse. J'étire un rictus amusé. Il est en duo avec Hermione. Les deux ne se supportent clairement pas. Comme Amy avec Fred, ils se chamaillent tout le temps. Le pire c'est que souvent, ce n'est que pour un rien. Ou alors car Hermione a décidé de montrer son savoir. Ou que Ron mange la bouche ouverte. Ou... simplement qu'ils se retrouvent l'un à côté de l'autre.

- Hey... chuchotai-je en tapotant le bras de Amy.

  Ses yeux vairons et au regard bridé se posent sur moi.

- Quoi ? me demande-t-elle.

  Un seul petit coup de menton de ma part en direction de Ron et Hermione, est nécessaire pour faire pouffer Amy de rire.

- Préparation du désastre, prédit-elle.

  Je ricane à mon tour. Mon sourire ne cesse de s'accroître à mesure que j'aperçois le professeur Flitwick arriver joyeusement ; plus vieux que McGonagall, et sans doute pas loin de l'âge de Dumbledore, il est si minuscule qu'il est nécessaire pour lui de se tenir debout sur une pile de livres, pour que sa tête dépasse de son bureau. Cela me fait soudain penser...
  Ce doit être comique de nous voir, les jumeaux et moi, tous les trois côte à côte, au vu de l'énorme différence de taille. Ils sont grands et roux, et je suis très petite et blanche sur toutes les surfaces. Ce qui les a sans doute poussé à me tenir constamment compagnie, eux que je commence à comparer à mes meilleurs amis, seulement en prenant conscience qu'ils ont déteint sur moi. Il faut se l'avouer, mes parents ont reçu plus de lettres qui disaient que je faisais des âneries, que des lettres qui signalaient que je me comportais bien. Père a même essayé de me remettre en place, par l'intermédiaire de ses fameuses lettres qui témoignent toute son antipathie envers moi, mais cela n'a fait qu'aggraver mon cas... Malheureusement pour lui, je ne suis pas ce qu'on pourrait qualifier d'élève « Malefoy modèle ». Alors comment se fait-il qu'ils ne savent pas encore pour mon entrée à Gryffondor ? Quelque chose comme ça ne se cache pas ! Sauf si on s'appelle Dumbledore, visiblement...  Ou alors est-ce juste une coïncidence qui ne trépassera guère celle de mon amitié avec Amy, Ron et Harry. Qu'ils sont attachants, tous les trois... Sauf lorsque les garçons critiquent Hermione. Souvent, et à leur grand agacement, je le leur reproche. Bah oui, aimeraient-ils, eux, qu'on se moque continuellement de tout ce qu'ils entreprennent ?

- Bonjour à toutes et à tous ! s'exclame Mr Flitwick.

  Je sursaute, brusquement sortie de ma bulle, et dévisage le professeur avec un sérieux déroutant.

- L'une des aptitudes les plus élémentaires d'un Sorcier est la lévitation - ou la capacité de faire voler des objets ! Vous avez tous votre plume ? (C'est un « oui » général.) Bien, alors souvenez-vous de ce délicat mouvement du poignet que nous avons appris : on tourne et on abaisse. Allez-y.

  Je prends ma baguette magique dans ma main gauche.

- On tourne et on abaisse, répétons-nous après Flitwick en s'exerçant au mouvement.

- Bien, bien, et n'oubliez pas de prononcer distinctement Win-gar-dium leviosa ! Allez-y.