Chapitre 16

79 16 17
                                    

Mercredi 13 septembre

Aujourd'hui je ne suis pas allée en cours. Je n'en ai pas eu la force. L'annonce que m'a fait ma sœur hier m'a complètement perturbé. Après quatre ans il allait sortir et les problèmes qui l'accompagnaient avec lui. Je ne suis pas prête, pas prête à le revoir, pas prête à lui reparler, pas prête à lui pardonner et à faire semblant que tout va bien et que rien ne m'affecte. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à finir ma journée de travail hier. Quand Maître. Azaley est venu dans mon bureau, j'ai failli craquer. Quand il m'a demandé si j'allais bien j'ai vraiment cru que j'allais fondre en larmes mais non parce qu'encore une fois je me maîtrisais, je prenais sur moi.

Mais je ne pouvais pas juste rentrer chez moi par la suite. Alors j'ai appelé mon coach de boxe thaïlandaise et de self défense pour lui demandé si je pouvais passer à la salle pour me défouler. Habituellement je le voyais le week-end et le jeudi mais il a accepté alors ni une ni deux j'y suis allée après être passée chez moi récupérer mes affaires. Je n'y suis pas allée de main morte avec lui. J'étais au meilleure de ma forme physiquement parce que moralement ça n'allait pas, mais j'ai été trop violente, je fonçais dans le tas alors après l'avoir couché deux fois au tapis, nous sommes passés à des exercices d'auto défense, qui demande plus de maîtrise. Là il a fallu que je canalise ma rage car il faut plus de contrôle pour les techniques et les clés de bras.

À la fin de la séance je l'ai remercié d'avoir finit aussi tard et de m'avoir accordé de son temps. En effet, en quittant la salle il était 23h passé alors parce que je n'étais pas assez épuisée j'ai décidé de faire un footing pour rentrer chez moi, la salle de sport n'étant pas si loin. J'ai couru et couru sans m'arrêter, j'avais besoin de sentir l'air brûler mes poumons, la sueur couler sur mon front et la chaleur de mon corps se confronter au froid de l'automne. Arrivée au début de ma rue après 30 min de course, j'ai fais un dernier sprint jusque devant la porte de mon immeuble. Je me suis alors enfin arrêtée et j'ai repris mon souffle avec difficulté.

J'avais ensuite sauté sous la douche et dans mon lit sans prendre la peine de manger, c'était vraiment la dernière chose dont j'avais besoin. En me réveillant ce matin, mes muscles endoloris me rappelèrent que mes efforts physiques lors de mes mauvais moments ne m'étaient pas bénéfiques. Me réveiller avec les côtes douloureuses et des courbatures dans tout le corps alors que je faisais du sport régulièrement montrait que j'étais allée beaucoup trop loin.

J'étais restée dans mon lit 3 heures réfléchissant à tout et rien à la fois. Ma vie était beaucoup trop mouvementée ces derniers temps, entre les cabinets qui ont accepté ma candidature, Matt, le thon, notre baiser, mon père, mes cauchemars et les insomnies. J'étais perturbée et ce n'était pas bon. Après toutes ses réflexions, je me suis levée, j'ai fais couler un bain brûlant pour détendre mes muscles. En me déshabillant devant la glace, je ne me suis pas attardée, je n'avais aucune envie de me regarder. Je me suis alors immergée dans le bain, profitant de la morsure de l'eau chaude sur ma peau fragile pour oublier le monde le temps d'une heure. Après cela, j'ai décidé de rester en peignoir et de passer par la cuisine pour manger une banane. Oui, aujourd'hui je ne me contenterai que de cela. J'ai aussi décidé de m'avancer sur mes révisions, les galops n'étant plus dans très longtemps.

***

Quand je relève enfin la tête de mes bouquins, il est 14h. C'est le moment de prendre une pause. Je me lève de mon bureau et vais ouvrir les fenêtres, j'ai beaucoup trop chaud. Je me dirige vers mon piano qui se trouve dans un renfoncement du loft si bien qu'on ne le vois pas. Un peu de musique ne me fera pas de mal. J'improvise sur des accords mineurs pendant une trentaine de minutes avant d'être interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Je regarde qui m'appelle, c'est Matthieu. Il doit sûrement se demander où je suis passée.

--Allô ?

--Allô Ava ?

--Oui c'est moi.

--Tout va bien, je ne t'ai pas vu aujourd'hui, rien de grave j'espère.

--Oui tout va bien merci, j'ai juste eu un coup de fatigue alors j'ai décidé de rester chez moi pour essayer de me reposer mais rien de bien grave.

--Tu as eu raison. Mais tu es sûre que tout va bien. Il te faut quelque chose ? N'importe. Médicaments, nourriture ?

--Merci mais ce ne sera pas nécessaire je t'assure, je suis juste un peu trop fatiguée. Merci c'est très gentil. Ne t'en fais pas mais dis moi comment toi tu vas ?

--Ça va très bien l'haricot, j'étais juste un peu inquiet qu'il te soit arrivé quelque chose.

Inquiet ? C'est peut être un peu trop.

--Pas trop dur les cours aujourd'hui ?

--Ça va, on finit à 17h parce qu'un cours a été déplacé. Je t'envoie les notes que j'ai pris.

--Merci beaucoup, t'es le meilleur.

--Je sais, je sais. Mais reviens vite, les cours ne sont pas les mêmes quand tu n'es pas là.

--Qu'est-ce que tu ne ferais pas sans moi, hein ?

--Pas grand-chose je l'avoue.

À ce moment, j'entends mon téléphone sonner en double appel, je regarde l'écran et le surnom attribué et peu flatteur de mon patron m'apparaît. Je dois répondre, il avait dit 24H/24 ,7J/7 si je me souviens bien.

--Matt, désolée j'ai un double appel, je dois te laisser. À toute et merci d'avoir appelé.

--Pas de soucis, tout le plaisir était pour moi.

Je réponds au thon.

--Oui, bonjour Maître. Azaley.

--Bonjour Mademoiselle. Morelli. Vous êtes en cours, je ne vous dérange pas ?

--Non, c'est la pause, je suis toute à vous.

Je préfère mentir, il n'a pas besoin de connaître tous les détails de ma vie et je n'ai aucune envie d'être l'objet d'un interrogatoire.

-Très bien, j'aurais besoin que d'ici ce soir vous regardiez les dossiers que je vous ai envoyé par mail et que vous les épluchiez. Ce sont des dossiers ressemblant à l'affaire Gauthier alors soyez méticuleuse.

--Ce sera fait. Bien sûr.

--Je vous laisse dans ce cas, bonne fin de journée.

--Également.

Ni une ni deux je m'attaque à ces dossiers.

Les éplucher prendra du temps mais j'en ai à tuer alors autant s'y mettre tout de suite. Je reprendrai mes révisions plus tard.

***

En effet, ces dossiers sont très similaires à l'affaire d'homicide sur laquelle nous travaillons le thon et moi. Après avoir regardé les issues de chacun, je dois avouer qu'il soit possible que rien de surnaturel est poussé la jeune Alice à tuer sa famille. Mais alors, cela ne peut être que d'ordre psychologique. Si son avocat est intelligent il nous proposera un accord et il n'y aura pas besoin de procès dans ce cas sinon elle finira en prison, toutes les preuves sont contre elle après tout. J'envoie mon compte rendu à Maître. Azaley en soulignant les similitudes et les différences entre chaque dossiers. Avant d'envoyer mon courriel, je revérifie une dernière fois que tout est clair mais je reçois une nouvelle fois un appel.

***

Jusqu'à Toi...حيث تعيش القصص. اكتشف الآن