Le Beau et la Bête [BxB]

26: Ne me laisse pas

Élise essaya de tirer une deuxième balle mais Louis se jetta une nouvelle fois sur elle. Incapables de rester debout, ils basculèrent tous les deux sur le côté. Le garçon prit le dessus rapidement mais un coup de coude de la part de la jeune fille le fit tomber et elle se retrouva sur lui.

William observait la scène sans rien dire, le souffle court, la main sur sa blessure. Sa vue commençait à se troubler, il avait perdu beaucoup trop de sang. Le maître des lieux ne put rester qu'impuissant face à la scène qui se déroulait sous ses yeux bleus glacés. Élise serrait le cou de celui qu'il aimait, l'étranglant, probablement sous l'effet de la colère.

- Arrête... fit-il dans un souffle avant de cracher du sang.

La seule fille de la pièce se tourna vers lui et sembla reprendre ses esprits. Elle relâcha Louis qui se mit à tousser après avoir prit une grande inspiration. Élise profita de cet instant pour récupérer son arme à feu et tirer -au hasard- sur William.

Le jeune homme sentit quelque chose de froid traverser son flanc gauche. Il s'affala au sol tandis que Louis se relevait difficilement alerté par le bruit assourdissant commis par le pistolet.

- Non ! hurla-t-il de désespoir en voyant le corps inerte de William.

Il se précipita à son chevet et observa son visage. On pouvait croire qu'il dormait. Ses yeux fermés et sa bouche légèrement ouverte laissaient apercevoir un air paisible. Seulement, son coeur battait irrégulièrement et son souffle était trop léger pour quelqu'un en bonne santé.

- William... William... je t'en prie... réveille toi, tu... tu ne peux pas me laisser seul... murmurait inlassablement Louis a l'oreille du jeune homme.

Seul le silence lui répondit.

Le garçon habillé de jaune sentit les larmes qu'il retenait depuis quelques minutes couler le long de ses joues. Il ne pouvait pas mourrir. Pas lui. Pas ce garçon qui semblait ne pas avoir d'emprise sur le temps. Louis laissa retomber sa tête contre le torse de celui qu'il aimait qui se soulevait lentement.

Élise, quand à elle, ouvrit en grand la fenêtre et s'appuya contre la rambarde du balcon. Le plus jeune des garçon n'eut pas le temps de se faire une réflexion sur ce dernier qu'il n'avait jamais remarqué. En effet la barre de fer qui empêchait de tomber dans le vide céda sous le poids de la jeune fille. Louis ne ressentit rien lorsqu'il vit la blonde basculer en arrière.

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Mme Teiera sentait sa respiration s'accélérer depuis quelques minutes. Elle avait un pressentiment qui grandissait petit à petit. Un quatrième bruit retentit dans la villa habituellement silencieuse faisant frissonner une nouvelle fois la foule assise dans l'entrée.

Mr Candeliere recommença à marcher en rond.

Le stress était palpable.

- Adryan ?
- Oui Kremlin ? fit ce dernier en se retournant vers lui.
- J'ai peur pour William.

Les deux hommes eurent un regard triste. Il était évident que le plus vieux essayait de se rappeler les bons souvenirs passés avec le maître des lieux. Le majordome aux moustaches rigolotes, quand à lui, avait repris son masque impassible même si un combat intérieur faisait rage dans son esprit.

- Adryan ? Si... si jamais... William, fit Mr Orolorgio avant de faire une pause et de reprendre, cela aura été un plaisir de passer ces dernières années avec toi.
- Moi aussi Elmo, moi aussi.

A quelques mètres de là Le Drôle dût soutenir Mme Teiera qui venait d'éclater en sanglots. La nourrice de William venait de sentir un déchirement au niveau de son coeur et avait compris ce qu'il se passait.

Tazza resta silencieux en caressant un petit chien qui devait avoir suivit ses maîtres.

Au fond d'eux, tous les habitants de la villa avaient compris que leur maître était sur le point de partir pour l'éternité et faisait maintenant une minutes de silence.

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- Louis...

Le jeune homme releva la tête en entendant son nom. Une douce chaleur envahit son corps, l'espoir qu'il éprouvait avait-il porté ses fruits ?

- William ! Tu... Tu vas bien ?
- Ou est Élise ? demanda ce dernier en faisant une grimace de douleur.
- Elle est tombée du balcon...
- J'aurais peut être dû lui dire que la rambarde était cassée ? plaisanta difficilement le plus vieux.

Louis eut un petit rire. Soulagé, il caressa les cheveux noirs de celui qu'il aimait.

- Je t'aime... murmura-t-il en fixant les yeux de glace de William.
- Je pensais pas dire ça un jour mais... moi aussi, confessa le jeune homme avec un petit sourire avant de fermer les yeux.

Louis lui rendit son sourire et l'embrassa tendrement. Lorsque ses lèvres rencontrèrent celle du maître des lieux, rien ne se passa. Le jeune homme aux cheveux chatains se releva sans comprendre. Pourquoi il n'y avait pas la passion décrite dans les livres ? Pourquoi William ne réagissait pas ?

- Non ! hurla Louis en comprenant. Non ! Tu n'as pas le droit de me laisser. Je te l'interdit ! Tu m'entends ? Tu n'as pas le droit de mourir !

Le garçon se laissa tomber sur le corps immobile de William. Il sentit son coeur se briser en deux. Tous ses espoirs s'envolèrent. Une immense tristesse venait de remplacer la joie qu'il éprouvait quelques secondes auparavant. Un vide venait de se créer dans son esprit, son corps... sa vie.

Il ne pouvait pas le laisser comme ça. Pas après lui avoir dit qu'il l'aimait. C'était impossible. Ou ce trouvait la gentille fée qui guérissait le blessé à la fin de l'histoire ? Pourquoi William devait-il mourir comme Roméo dans la pièce tragique de Shakespeare ?

Le jeune homme aux cheveux chatains serait prêt à jouer Juliette s'il le fallait. Après tout... ils seraient heureux ensemble à jamais. Ne lui avait-on pas dit que l'amour triompherait tout de même après la mort ?

- Je t'en prie... murmura Louis, reviens à moi. Je t'aime.