Chapitre 4

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Cette nuit-là GuanHeng n'avait pas dormi dans son atelier et était rentré chez lui pour se reposer. Après avoir passé toute la veille en compagnie de la délégation coréenne, à faire visiter les moindres recoins des locaux, présenter leurs différents types de services, mais surtout à sentir sur lui les regards brûlants de YunOh, il avait eu besoin de rentrer dans un lieu qui ne lui rappellerait en aucun cas son aîné. Si les murs de sa chambre et l'ambiance de la grande maison familiale avaient éloigné de son esprit la présence de l'autre l'espace de quelques heures, le Coréen s'était rappelé à lui dès que ses paupières s'étaient fermées et il n'avait pas quitté ses rêves jusqu'à son réveil. 

Ce fut donc un peu groggy et avec des YunOh miniatures dansant sous ses yeux fatigués que le jeune Chinois se leva. Sa mère lui proposa même de rester se reposer pour le reste de la journée, un peu inquiète de voir des cernes se creuser de plus en plus sur le visage de son fils. Ce dernier la rassura que ce n'était rien et ils prirent un petit-déjeuner ensemble, comme il leur arrivait de le faire lorsqu'ils le pouvaient, avant de se rendre dans les locaux de DayDream où le chef de famille se trouvait déjà. GuanHeng quitta sa génitrice peu de temps après leur arrivée, impatient de regagner son cocon de créativité et, peut-être, que dans un coin de son cœur il espérait y retrouver l'héritier Coréen. 

Même s'il se sermonna intérieurement de penser de la sorte et qu'il essaya de se convaincre qu'il n'en avait rien à faire que l'autre soit là ou pas, lorsque la porte de son atelier se dessina devant lui et qu'aucune silhouette n'apparut à proximité, une pointe de déception lui transperça la poitrine. Le noiraud passa une main dans ses cheveux en se traitant mentalement d'idiot, voilà qu'à présent il espérait croiser YunOh à chaque bout de couloir. Il allait finir fou à ce rythme là. Il s'en voulait d'aller à l'encontre des directives familiales, mais il avait tellement peur de ne pas avoir l'occasion de passer à nouveau un moment seul avec le brun avant le départ de celui-ci, dans à peine une journée, qu'il était prêt à passer outre toutes les interdictions et tous les conseils. Il n'arrivait plus à faire taire le chuchotis de son cœur. 

De sa clé magnétique, il déverrouilla l'accès à sa caverne secrète, soupirant d'y être seul. Un comble pour quelqu'un comme lui qui avait toujours évolué en marge des autres sans jamais chercher à initier ou garder un contact quelconque. Le Coréen bouleversait sa manière d'être et de penser, au point que GuanHeng se demanda s'il se connaissait réellement. Un regard sur son téléphone l'informa qu'il était encore relativement tôt, un peu plus de huit heures trente, et qu'il avait encore un peu de temps devant lui pour travailler sur certains de ses projets sans devoir faire face à d'autres responsabilités. 

Il prit le temps d'aller inspecter les différentes étagères sur les murs, les cintres, les établis couverts de montagnes de tissus différents, chatoyants, fluides, épais, légers... Une dentelle délicate attira son attention, il ne l'avait encore jamais travaillé. Elle était tellement fragile, fine et douce, qu'il n'avait pas voulu prendre le risque jusqu'à présent de l'abîmer dans un mouvement maladroit. Pourtant ce matin-là il était totalement inspiré pour la transformer en quelque chose de grandiose et d'unique. Dans une brusque explosion de créativité et d'imagination, le jeune homme se précipita à son bureau pour attraper des crayons affûtés et son grand bloc. Il se laissa tomber à même le sol devant la dentelle, s'asseyant en tailleur et commençant presque immédiatement à couvrir la page de noir. 

Il se perdit dans sa folie artistique, plongeant dans un univers qui lui était propre et compréhensible uniquement par lui. C'était peine perdue d'essayer d'avoir une discussion avec le jeune homme dans ces moments-là, il n'entendait plus rien hormis le chant du tissu et la mélodie de son inspiration. Ses boucles le gênant pour voir, il les attacha rapidement avec un élastique qui traînait avant de se replonger dans son travail, avec aucune notion du temps qui s'écoulait. 

The Heirs [HyunDery] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant