Chapitre 3 : Le meilleur candidat

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 Mallory avait attendu son tour pendant deux heures devant le bureau des enregistrements de l'université et une grosse dame – sans doute myope comme une taupe, vu le triple foyer de ses lunettes à écailles –, était en train de lui dire que sa chambre avait été donné à quelqu'un d'autre.

— Je n'y suis pour rien, jeune homme. Le paiement de votre premier mois a été refusé. On ne pouvait pas vous bloquer la chambre alors que d'autres jeunes gens attendaient.

— Mais vous ne comprenez pas ! Ma mère avait... Enfin, disons que j'ai dû racheter des choses pour mes frères au Pays de Galles alors, forcément, je n'avais plus assez d'argent sur mon compte mais si vous pouviez attendre juste quelques jours, je suis sûr que je...

— Monsieur Bellwether. La manière dont vous gérer votre compte ne nous regarde pas. Vous n'avez pas payé à temps alors la chambre a été redistribuée. Maintenant, si vous en voulez toujours une, je vous suggère de remplir à nouveau le formulaire que voici et de le soumettre au bureau des admissions le plus tôt possible afin d'être inscrit sur la liste d'attente.

Le jeune homme avait déchiré son fichu formulaire avant de lancer les confettis par-dessus sa tête. Saleté de protocole ! À cause de l'irresponsabilité de sa mère, il allait devoir dormir dehors jusqu'à ce qu'une chambre se libère. Et, dans l'intervalle, il allait devoir trouver un petit boulot pour renflouer son compte en banque. Ce n'était pas un problème. Aucun job n'était trop dégradant pour ceux qui avaient vraiment besoin d'argent. C'était un peu devenu une devise familiale.

Dehors, Mallory s'alluma une cigarette qu'il avait taxée à un autre étudiant pour se calmer et il traîna son paquetage jusque sur la pelouse du parc qui bordait l'université. C'était un joli campus, arboré et soigné. Comme il faisait beau, il s'allongea dans l'herbe et fixa le ciel. Avec lassitude, il se demanda comment il allait s'en sortir cette fois-ci. Parce qu'il allait s'en sortir. Il n'en doutait jamais. Il savait qu'à Cardiff, cinq petites têtes comptaient sur lui. Pourtant, parfois, il avait envie d'abandonner juste pour pouvoir retourner près d'eux, pour partager leur misère quotidienne. C'était parce qu'il faisait des études supérieures justement pour les en sortir, qu'il résistait à la facilité et qu'il persévérait.

Il avait commencé des études de droit avec beaucoup de succès. Il aimait les duels de l'esprit. Jamais il n'avait perdu de plaidoiries. Il était la bête noire de ses camarades.

— Hey, Mal ! Ça fait plaisir de te voir. Alors, t'es dans le bâtiment F, cette année aussi ? demanda justement l'un d'eux en s'asseyant à côté de lui.

Brett était un peu le Big Brother du campus. Il savait tout. Si une pompon-girl avait pris un kilo, si un sportif avait pris des stéroïdes, si un prof avait eu une pensée mal placée pour un élève, il le savait. Même si le doyen avait oublié de se laver les mains en sortant des toilettes, il le savait. Rien ne lui échappait. Et il arrivait qu'il monnaye les informations les plus croustillantes.

— Nan, mec. Ils ont filé ma chambre à quelqu'un d'autre. Je suis dans la merde.

— Ça craint...

Brett grimaça avant de piquer la cigarette de Mallory pour tirer quelques taffes.

— Autant de compassion, ça m'émeut.

— Sérieusement, c'est nul. Tu vas faire quoi ?

— Je sais pas encore... À ton avis, c'est lequel le pont le plus confortable pour dormir ?

*

Plus tard, le même jour, Brett posa son plateau repas à sa table habituelle juste au moment où James finissait d'expliquer son idée à Seth Barker, un autre fils à papa qu'il n'avait jamais trouvé très sympathique.

— Et tu vas choisir qui ?

— Choisir qui pour quoi ? s'enquit Brett en enfournant une pleine fourchette de pâtes dans sa bouche.

— James, ici présent, va virer gay, l'informa Seth, une expression moqueuse pendue aux lèvres.

Manifestement, le jeune homme ne pensait pas du tout que l'héritier des Cavendish était capable d'un canular aussi gros. James enfonça son coude dans les côtes de son ami.

— Premièrement, je ne vais pas « virer gay », et deuxièmement, le crie pas sur tous les toits, crétin. Personne n'est censé savoir que c'est bidon.

Sentant que quelque chose d'intéressant se jouait sous ses yeux, le jeune homme insista pour savoir de quoi il retournait et il fut bientôt informé des intentions de James. Voilà qui allait promettre des choses très intéressantes pour les prochains mois. Il dut jurer de ne rien dire et la conversation dériva rapidement sur autre chose, jusqu'au moment où les deux amis se levèrent, leur repas terminé.

— Oh, James ! Attends, s'exclama Brett avant de baisser la voix. Pour ton copain, t'as déjà des candidats ou pas ? Parce que je connais quelqu'un qui a) est gay, b) a besoin d'argent et c) a l'habitude des magouilles donc ne serait pas trop mauvais menteur.

James marqua une hésitation.

— Qui ?

— Mallory Bellwether.

— Connais pas.

— Mais si. C'est le rouquin qui vend de la dope aux soirées.

— Hum... Un drogué ? Non, merci.

— Il consomme pas trop apparemment, et puis c'est pas un abruti. Il est premier de sa promo et tout.

Cavendish consulta Seth d'un regard, mais ce dernier se contenta de hausser les épaules avant de lâcher :

— Roux, toxico et pauvre. Tes parents vont l'adorer. 


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Et voilà ! <3

MALLORY  [Les Hommes de Cardiff #1]  -  Sous contrat d'éditionWhere stories live. Discover now