Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé)

Chapitre 47

Je veux hurler, mais aucun son ne sort. Je viens de découvrir les raisons qui ont poussé Arwen à agir ainsi. Pourquoi il est devenu cet individu détestable et détesté. Il l'a fait pour sa sœur. Pour la retrouver... Hélisha... Elle est le cœur de son pouvoir. Celle qui anime sa colère, son ressentiment et sa haine. Son désir de vengeance. Je dois lui rappeler ces moments joyeux passés à ses côtés. Lui montrer que l'amour qu'il lui porte s'est transformé en amertume. Qu'il n'est pas obligé d'agir ainsi.

Je sens la présence d'Arwen tout près de moi. J'ai peur qu'il m'expulse de sa mémoire. Je m'attends à endurer une vive douleur, mais rien ne vient. Juste une respiration lente et profonde. Puis, la voix d'Arwen s'élève dans l'atmosphère sombre de son esprit. Son ton est suppliant.

J'abandonne. S'il te plaît, brûle mon cœur pour qu'il n'y ait que des miettes, pour que tout disparaisse et qu'il ne reste même plus de cendres. Détruis-moi pour me sauver. Détestes-moi, si tu le souhaites, mais je ne survivrai pas à ta pitié.

C'est la première fois que je le trouve honnête. Son tourment doit le ronger de l'intérieur. Sa lutte l'épuise. Je dois y mettre un terme.

J'ancre tous ses souvenirs dans sa mémoire. J'ai l'impression d'entendre le petit garçon qu'il était avant, emprisonné dans cette mélancolie permanente, ce dégoût de lui-même. Arwen est né avec l'envie... Mais il a laissé ce sentiment étouffé le reste. Je perçois la bravoure dans ces interstices de désir néfaste. L'envie à été le moteur de son courage. Il a toujours agi pour elle, bravant des lois, des interdits, prenant courage pour s'allier avec l'ennemi dans l'espoir de la revoir.

Il doit remplacer ce sentiment dévastateur par l'amour fraternel qu'il a toujours eu pour sa sœur. Avec celui-ci, son courage sera dirigé vers ce qui est bien.

Quand j'ouvre les yeux, Arwen semble confus. Il a du mal à respirer. Ses yeux, incertains, viennent chercher les miens. Il baisse ses épaules, presque honteux. Sa tête ne se tient plus aussi haute qu'auparavant. Ses gestes, son regard et son attitude me prouvent que j'ai réussi. Arwen est libéré. La bravoure guidera son aptitude à présent. Je l'espère du plus profond de moi.

Sa fierté l'empêche pourtant de dire quoique ce soit. Il restera sans doute, cette personne froide, pour se protéger. Mais, maintenant, il saura quoi faire lorsque son envie refera surface. Sa mâchoire se serre. Ses yeux gris argenté viennent sonder les miens. Il ne s'excusera pas pour ce qu'il a fait. Cependant, je sens qu'il ne fera plus les mêmes choix. C'est dans ce silence pesant que se termine notre affrontement.

Mais, soudain, derrière nous, un déclic se fait entendre. Je me détourne du regard intense d'Arwen pour regarder derrière lui. Ingwé vient de trouver une arme qui a dû tomber du long manteau de notre ancien ennemi. Il brandit l'arme vers Arwen, le regard dur.

- Qu'as-tu fait, Arwen ?

Je me redresse instinctivement et esquisse un geste pour le rassurer.

- C'est terminé, Ingwé.

- Il doit payer pour ce qu'il a fait. Dit-il en me regardant droit dans les yeux.

Il ne lâche pas l'arme, mais raffermit sa prise. Je respire calmement.

- Je ne ferai rien pour le punir. Qui suis-je pour décider de son sort ? Qui sommes-nous pour juger de la vie ou de la mort d'une personne, Ingwé ?

Mon allié me dévisage en cherchant à savoir si j'ai perdu la tête. Je le vois dans son regard, rempli de doutes. Il ne sait pas s'il doit baisser la garde ou tirer. Après tout, ses actes se font toujours sous le coup de l'émotion.

- Ne tire pas... Répond Arwen presque à contre cœur.

Cela doit lui coûter de parler avec ce ton calme et cette voix presque suppliante. Cela ne lui ressemble pas.