Chapitre 3: Se relever

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Elle me sourit, de ce sourire doux, sincère, douloureux, qui me donne ce coup à la poitrine si fort que j'ai l'impression qu'on m'a frappée. Des larmes perlent aux coins de ses yeux alors qu'elle tente de se redresser en grimaçant et vient glisser d'elle-même son visage dans mon cou. Elle n'essaie pas de se dégager d'elle-même mais la douceur de ses gestes me rassure, bêtement, totalement alors que je relâche ses bras pour la maintenir contre moi, glissant mes mains dans son dos. Elle soupire, m'enlace, tapissant ma veste de son sang mais peu importe. Je n'entends que le son étranglé de sa voix alors qu'elle se roule en boule dans mes bras et entortille sa queue autour de l'une de mes jambes, ses oreilles s'abaissant piteusement en arrière.

- Pardon...

Et elle s'évanouit...





Adora ne l'a pas lâchée. Elle l'a tenue dans ses bras si étroitement que je peinais à savoir laquelle respirait et quand.

Je me remémorais les récents évènements...

Nous avons tous entendu le réveil de Catra alors qu'Adora était partie se promener. J'avais été surpris de la voir s'éclipser du camp finalement, même si c'était pour un court moment, du moins en théorie, alors que sa meilleure amie, qui semblait être devenue bien plus et ça c'était vraiment la mignonnerie la plus incroyable, allait enfin s'allonger un peu, accompagnée de Milog. Nous discutions tous, épuisés mais incapables d'aller nous allonger, trop occupés à rattraper ensemble toute la séparation que les possessions et la guerre nous avaient imposés. Nous discutions de tout et n'importe quoi et c'était franchement formidable. Nous tombions tous de sommeil mais... non impossible d'aller dormir, enfin pas totalement. Scintilla était avachie sur moi, sa petite taille ne lui permettant pas d'atteindre mon épaule. Elle s'appuyait juste contre mon torse. J'avais passé un bras protecteur autour d'elle et je me tenais aussi décontracté et « cool » que possible, essayant d'imiter Faucon en face de moi qui paradait toujours, un bras autour des épaules de Sirena qui boudait mais gardait obstinément sa main dans la sienne et grognait à chaque fois qu'il faisait mine de bouger ou de la lui enlever... Non mais elle grognait vraiment !  J'avais surpris plusieurs fois le regard du Roi sur moi, ça me mettait assez mal à l'aise. J'avais tout à lui prouver et je devais bien évidemment me montrer aussi digne que possible quant à ma proximité avec sa fille. Il ne m'avait rien dit quand il l'avait vue se blottir contre moi mais il avait fait ce geste étrange, ramenant deux doigts devant ses yeux puis les pointant sur moi, à plusieurs reprises et j'avais cru voir la même folie dans ses yeux que sur l'ïle aux Bêtes: « je te surveille ». C'est ce que j'avais compris. J'avais eu un peu peur mais Scintilla avait maugréé un « papaaaa » alors même qu'elle ne regardait même pas vers lui et que je me crispais contre elle et son petit grognement mignon m'avait apaisé.

Suite à la fin de la guerre et les actions héroïques bien que très brèves de She-ra, tout le monde avait retrouvé une grande forme magique et physique. Notre chère Etheria avait été ragaillardie par la libération de ce verrou magique et toutes les créatures endémiques de notre planète avaient ressurgi des plus grandes profondeurs de la forêt, de fosses, de grottes. Nous ne soupçonnions qu'à peine l'existence de la plupart de ces créatures. Je me sentais comme un enfant, euphorique, en découvrant tous les mystères dont regorgeais mon propre monde et que j'avais hâte de découvrir. Je pensais à mes pères. Même s'ils étaient essentiellement centrés sur les Fondateurs et tout ce qui tournait autour d'eux et qu'ils n'étaient pas des plus à l'aise avec la magie, ils seraient ravis de découvrir ces « fossiles vivants » de notre monde. J'avais déjà l'impression d'entendre leur excentricité à force cris et exclamations... Les Hordiens avaient été particulièrement hébétés mais aucun n'avait eu de geste violent. Ils avaient lâché les armes, probablement soumis face à la puissance de She-ra et lorsque les princesses étaient allé leur parler, ils s'étaient montrés dignes et honorables bien qu'effrayés et perdus. Ils étaient perdus... Les pauvres... Je compatissais. La plupart n'étaient que des embrigadés qui ne savaient rien du monde qu'ils combattaient et s'étaient battus toute leur vie dans le mensonge. La plupart avaient le même regard hagard qu'Adora la première fois qu'elle avait compris la trahison qu'était sa vie. Il faudrait de la patience. Il faudrait du temps... Mais ils étaient éthériens. Ils étaient des nôtres et il était de notre devoir de les traiter comme tels, de faire taire nos querelles et d'effacer le passé. Pour ça, je comptais sur Scintilla.

Rionnag Losgaidh: Etoile Filante (catradora)Where stories live. Discover now