Chapitre 2

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17h et le soleil irradiait comme en plein Zenith.

Il fallait en profiter les beaux jours estivaux n'allaient plus durer encore très longtemps.

Un rapide coup d'œil nerveux à ma montre - alors que je venais de la regarder - me fit accélérer le pas. J'étais en retard. Comme d'habitude. Mais d'habitude je n'étais pas si nerveuse à cause de mon retard ou bien ma nervosité n'avait elle peut-être rien à voir avec l'heure ...

Un peu plus tôt dans l'après midi j'avais appelé Hicham pour lui dire que je ne serai pas là pour le dîner. Par un suprenant instinct de préservation je lui avais dit qu'une copine avait besoin de soutien car elle vivait une séparation douloureuse. A mon plus grand étonnement le mensonge sorti naturellement de ma bouche et Hicham l'avait gobé avant que je ne sente mes joues rougir - bien que quand bien même elles auraient eu le temps de rougir elles ne m'auraient pas trahies : l'avantage du téléphone.

Slimane avait choisi un bar dans le Marais et comme toujours nos goûts se rejoignaient. Ce quartier était pour moi une des vertèbres centrales de la capitale : que serait Paris, capitale de la mode et du luxe, sans son quartier hyper tendance du Marais, haut lieu des fashion week, véritable ruche à showroom?

Je tournai encore a un angle et j'aperçus enfin le bar "Au p'tit bonheur". Je souris lisant le nom, pensant qu'il serait effectivement mon "p'tit bonheur" de la journée. Cependant je repensai à Liham que j'avais laissé en plan pour le gâteau : j'étais une mère indigne.

Mon élan de culpabilité se stoppa net lorsque je le vis. Il était en terrasse, me souriait et me faisait signe. Je luis rendit son geste en rassemblant toutes mes forces pour ne pas rester pétrifiée devant tant de beauté. Sa peau hâlée était magnifique et blanchissait encore plus ses dents. Ses yeux noirs pétillaient même de loin. Ses yeux... Je m'y étais perdue tellement de fois.... Ils étaient en réalité marrons si l'on s'approchait suffisament pour en distinguer nettement la couleur.

Je slalomai entre les sièges de la terrasse jusqu'à le rejoindre. Il avait choisi une place derrière un buisson qui nous donnerait suffisamment d'anonymat pour ne pas être repéré.

- Re, dis-je en reculant la chaise avant de m'y assoir.

La terrasse comptait déjà quelques fêtards et touristes. L'ambiance joviale était palpable même si l'environnement globalement était plutôt calme. Rien à voir avec les samedis soirs parisiens.

-Re, tu as réussi à trouver ce que tu voulais ? , me demanda-t-il et l'espace d'un instant je fus désorientée, je ne me rappelais pas avoir mentionné mes projets de shopping devant lui.

-Oui, merci! J'ai trouvé une robe rose pâle qui ira tout a fait.

Il sourit comme si le choix de ma robe était réellement quelque chose qui lui tenait a cœur, comme si c'était lui qui allait à cet événement. Hicham par exemple n'aurait jamais accordé le centième d'intérêt que venait de manifester Slimane pour des emplettes.

- Tu veux boire quoi?, demanda-t-il m'extirpant de mes pensées.

- Mmh Cosmopolitain ? C'est toujours un bon choix pour commencer. Et toi ?

-Ah je suis un inconditionnel du Mojito, confessat-il les mains en l'air et nous rimes.

Un serveur vint prendre notre commande, je remarquai qu'il était très aimable, qualité relativement rare pour les garçons de café du coin... Ici les gens, compressés par les impératifs d'une capitale, avaient tendance à perdre une certaine joie de vivre qui caractérisait les lyonnais, région de mes racines.

- Alors?

- Alors quoi?, interrogeai-je n'ayant aucune idée de ce a quoi il faisait allusion.

-Le garçon de café ! Je suis sûr que tu l'as trouvé mignon, il te dévorait des yeux. D'ailleurs si tu veux mon avis on a été repéré, je jurerait que c'est l'un de tes fans.

Était-ce moi qui imaginait cette délicieuse pointe de jalousie dans sa voix?

Oui c'est toi, Vi, resaisis toi bon sang!, me dis-je mentalement.

- Il était beau?, mon ton était l'innocence incarnée.

Mais au fond la question était sincère, ce garçon était il beau? Je ne m'en étais pas appercue tout simplement parce que je ne l'avais pas regardé, je n'y avais pas prêté attention car toute mon attention était porté sur une certaine personne en face de moi.

Slimane fit une moue boudeuse intolérablement craquante et me fis signe qu'il ne croyait pas un mot de cette fausse désinvolture.

- Tu sais tu ne rends pas vraiment service à ce pauvre garçon de café, lançai-je.

Il releva la tête, interloqué.

- A côté de toi, continuai-je, il est difficile de marquer des points sur ce terrain là, je crains que tu ne leur vole la vedette.

Soudain, gêné par le compliment inattendu, il devint timide, regarda ses mains alors qu'un sourire qu'il tentait en vain de retenir,  fendit ses lèvres. Quand enfin  il releva la tête, ses yeux me transpercèrent de beauté.

-Merci, chuchota-il timidement.

A cet instant nos cocktails arrivèrent.

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⏰ Last updated: Jun 29, 2020 ⏰

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