Chapitre 5

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"Ce que je veux, c'est me fuir moi-même. »

Luigi Pirandello

La vie est étrange. Il y a quarante-huit heures, j'étais dans un magnifique palace, riche comme Crésus. Aujourd'hui... Aujourd'hui, je ne savais pas ce que j'avais. J'avais une soi-disant famille, des frères qui me faisaient froid dans le dos et me donnaient envie de fuir le plus loin possible, un père glacial qui voulait me vendre pour la prospérité de son organisation criminelle, et un mec détestable qui se croyait plus haut que tout le monde et pensait que j'étais trop répugnante pour m'épouser.

C'est toi qui ne me mérites pas, pas l'inverse.

J'avais toujours le trou dans mon estomac aussi, chaque fois que je fermai les paupières. J'avais envie de pleurer, et de crier, de continuer à sangloter, mais j'étais en territoire ennemi. Qu'aurait-Il dit ? Qu'aurait-il pensé de moi s'il pouvait me voir maintenant ?

Le seul fait d'y penser me donnait envie de me jeter par la fenêtre.

Pourquoi je ne l'avais pas encore fait d'ailleurs ? Pourquoi restai-je en vie ?

Il fallait que j'arrête d'avoir de l'espoir. Je l'avais vu de mes propres yeux. Je ne pourrai jamais, jamais effacer cette image de mon crâne, je la revoyais dans mon sommeil, je revivais chaque détail de la scène dans mon sommeil et pourtant...

Pourtant je n'arrivais pas à m'en convaincre.

Je soupirai. Le soleil s'était levé, il devait y avoir une heure. Je n'étais pas encore sortie de ma chambre. J'avais dormi sur le sol. Je ne voulais pas de ce lit. La prochaine fois que je dormirai bien, ce serait quand je serai de retour chez moi. Je me le promis.

Quelqu'un avait déposé des habits sur le sol. Un cycliste noir, un débardeur noir.

Super.

J'enfilai ce qu'on m'avait laissé et les baskets blanches qui étaient avec, et sortis de la pièce. Mes cheveux blonds avaient besoin d'un coup de brosse et même d'un bon lavage. En descendant les escaliers, j'aperçus une porte ouverte.

Je n'étais pas leur petite princesse, mais si je l'avais été, je n'aurais pas été prisonnière n'est-ce pas ?

Je poussai la porte et haussai un sourcil. Bon. Une chambre de mec. Pas très original, du noir, du blanc, et c'était tout. J'avisai une veste de costard sur une armoire et la piquai. C'était stupide et enfantin, mais ils me prenaient tout, sans demander. Je pouvais, moi aussi, pour une simple veste, les voler.

Mon médaillon émeraude scintilla dans le miroir du couloir. La boule dans ma gorge se resserra. Il fallait que je fuie d'ici le plus vite possible.

— Aaaah, Viviana !

Le regard noir de Lorenzo m'accueillit et je déglutis.

— Lorenzo.

Son sourire froid et sadique me rappela un passé très lointain qui me fit sentir à nouveau comme une fillette de douze ans terrifiée.

Oui, j'étais terrifiée.

— Que fais-tu debout de si bonne heure ?

— J'ai l'habitude de me lever tôt.

Il haussa un sourcil méprisant.

— Oh vraiment ? Tu devrais changer d'habitude ici.

Un hurlement retentit dans la villa, à quelques mètres de moi, et ma peau se couvrit de chair de poule, ramenée à des souvenirs que je pensais enterrés.

Envolée [DARK ROMANCE][SORTIE PAPIER LE 20 MARS]Where stories live. Discover now