Utopija

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Comme chaque soir, Sylvia était assise contre le mur qui entourait toute la ville. Elle avait pris avec elle son carnet de croquis pour esquisser les traits du même paysage qu'elle dessinait depuis son enfance. Il fallait dire qu'elle n'avait jamais rien connu d'autre qu'Utopija. Cette ville avait été une terre d'accueil à l'époque de la Grande Pandémie. L'adolescente avait appris en cours d'Histoire, comment le Colonel Oyers avait bâti ces murs en quelques jours, comment il avait été un sauveur pour des dizaines de personnes, à cette époque. Plus d'une centaine d'années après, le colonel était toujours respecté et une statue de pierre à son effigie trônait au centre de leur cité.

Mais aujourd'hui, l'arrière-petit-fils du Sauveur faisait des choix extrêmement contestables pour diriger la ville. Il y avait des années que les terres au-delà du mur étaient de nouveau viables. Pourtant, le dirigeant n'ouvrait pas le passage aux habitants et refusait de créer de nouvelles villes.

A dix-huit heures les cloches de la ville sonnèrent et les habitants se précipitèrent sur l'esplanade principale — celle où l'on pouvait admirer le colonel de pierre. Pour ne pas éveiller les soupçons, Sylvia se joignit à eux. Comme chaque soir, le dirigeant actuel faisait un petit discours pour haranguer les foules et informer le peuple des nouvelles lois en vigueur.

— Mes chers compatriotes. Grâce à vous, nous avons encore passé une journée à pouvoir nous nourrir, nous laver et jouir de tout le confort possible. Pour cela, je vous remercie. Cependant, je sens une certaine animosité monter dans les rangs suite à la loi que j'ai décrétée sur la peine de mort il y a deux semaines. Je vous rappelle que cette loi a été établie dans le but de permettre au plus grand nombre de survivre.

Sylvia observait la foule autour d'elle. Tous semblaient résignés, les yeux baissés, cherchant à éviter le regard des militaires. Personne n'osa protester à ses propos. Les habitants d'Utopija savaient bien qu'ils seraient calmés d'un coup de fusil en pleine tête s'ils disaient quoi que ce soit. La loi dont il parlait devait être un miracle pour remédier à la pénurie alimentaire dont ils souffraient, selon ses dires.

— Nous n'avons pas le choix, mes amis, renchérit le colonel. Les personnes qui sont dans l'incapacité de travailler sont aujourd'hui un poids mort pour notre ville. Mais surtout, ce sont des bouches en plus à nourrir, ce qui n'est pas acceptable en l'état actuel des choses.

L'adolescente serra les poings. Comment pouvait-il tenir un tel discours devant tous ces gens, avec un aplomb pareil ? La rage envahit la jeune fille. Elle se remémora ce qu'il s'était passé deux semaines plus tôt.

Les premières personnes à avoir été fusillées suite à cette loi avaient été les grands parents de Sylvia. Ils étaient tous les deux très vieux. Son grand-père se déplaçait en fauteuil roulant et sa grand-mère souffrait de la maladie de Parkinson. Le dirigeant et son armée avaient jugé qu'ils étaient un trop gros poids à supporter pour toute la ville et personne n'avait sourcillé lorsque leur sans avait tâché toute la place. Le lendemain, c'était la mère de son meilleur ami qui mourait d'une balle dans la tête. Cette fois, le gouvernement n'avait donné aucune raison au peuple.

A partir de ce jour, Sylvia s'était jurée de quitter la ville coûte que coûte. Elle pouvait compter sur le soutien sans faille de son ami de toujours qu'elle considérait comme un frère pour partir en quête d'un monde meilleur.

Une fois le discours terminé, elle retourna à son poste favori contre le mur. La jeune fille n'avait pas tout écouté, trop submergée par sa haine. Son meilleur ami, Ewan, vint s'asseoir à côté d'elle contre le mur.

— Tout est prêt ? lui chuchota-t-elle.

Il ne lui répondit que par un hochement de tête. C'était ce soir. Ce soir ou jamais.

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⏰ पिछला अद्यतन: Jun 27, 2020 ⏰

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