Résurrection

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  Au centre de la chapelle trônait un petit calice de pierre simple. Il était posé sur un pied constitué d'une roche tout aussi terne, haut d'environ un mètre. Rayïr se précipita vers l'autel autant que ses forces faiblissantes le lui permettaient encore. Se tenant difficilement debout, le guerrier mourant porta son bras droit au dessus du récipient de pierre. De sa main gauche, il dégaina une des dagues accrochées à sa ceinture. Il en posa la lame contre son poignet droit, et s'entailla les veines. De cette manière, la chapelle absorberait les dernières goûtes de sa vitalité. Son sang entacha l'intérieur du calice, et Rayïr s'effondra, finalement à bout de force. Dans un dernier éclaire de lucidité, ça n'était plus trois clones de lui même qu'il voyait dans la pièce, mais une dizaine, se trouvant tous aux portes de la mort. Sa vision se brouilla et la vie le quitta. L'impossible ne sentit pas son âme s'élever vers le maelström. Au lieu de cela, il réalisa qu'il se trouvait dans une infinité de ténèbres absolues. Peu importe la direction dans laquelle il dirigeait son regard, tout était noir. Du moins, jusqu'à ce qu'il repère soudainement un léger éclat de lumière rouge. Il se dirigea alors vers cette lumière, mais eu l'impression qu'il n'approchait pas. Il pressa alors le pas, mais cet éclat de lumière ne grossissait que très lentement. Après ce qui sembla à Rayïr être une longue marche dans les abysses, il atteint finalement la source de la lumière. Il s'agissait en fait d'une sphère constituée de cette lumière rougeoyante. Le guerrier pénétra lentement dans la sphère, et fût immédiatement transpercé de centaines d'émotions et de sensations. Toutes les peines et toutes les joies, toute les douleurs et tous les plaisirs qu'il avait ressenti dans ses vies semblaient l'envahir tous à la fois. Le mort resta paralysé un instant alors que son être était submergé par le flot de ses vies passées. Et après ce qui sembla à Rayïr être à la fois une seconde et une éternité, toutes sensations le quittèrent. Il rouvrît les yeux sans se souvenir les avoirs jamais fermé. Il se trouvait désormais au sommet d'une titanesque muraille. D'ici il parvenait à peine à distinguer ce qui se trouvait au pied du rempart. Il se trouvait en fait bien au dessus des nuages. Quel était cet endroit? Il savait que revenir à la vie de cette façon pouvait l'amener à renaître n'importe où dans le Monde, mais il ne s'attendait pas à découvrir un lieu si étrange. Le rempart était si haut que Rayïr percevait à peine le sol à travers les nuages. Un tel mur existait-il vraiment? Il se dirigea alors de l'autre côté de la muraille, mais il ne distinguait ici rien d'autre que des ténèbres insondables. Il retourna alors de l'autre côté et pris un moment pour essayer de voir à travers les nuages. Il se rendit alors compte avec surprise qu'il voyait désormais nettement mieux le sol. A vrai dire, il le voyait même très bien. Il voyait précisément chaque individu, chaque création. Leurs émotions et leurs intentions semblaient lui parvenir. Il était soudainement devenu comme omniscient, et il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Était-il revenu à la vie? Ou se trouvait-il? Pourquoi s'y trouvait-il? Pourquoi semblait-il être devenu omniscient? Soudain il comprît.  On avait pour coutume de croire que les Créateurs avait entouré le Monde d'un grand mur circulaire, formant ''l'arène de la Création''. Un endroit depuis lequel les Créateurs regardaient leur oeuvre et menaient leur guerre. Rayïr se trouvaient sur ce mur. Un endroit ou aucune Création ne devrait jamais pouvoir aller. Et il comprît également qu'il n'était pas seul; qu'on l'observait.

La Création : RayïdOù les histoires vivent. Découvrez maintenant