3H45

One Shot

Lors d'une fraîche nuit d'hiver, quelque part à Séoul.

Chan, comme presque chaque nuit, travaillait sur une nouvelle musique. Le calme régnait dans sa chambre, transformée en studio pour l'occasion, jusqu'à ce que son téléphone ne se mette à vibrer. Il le prit et vu que c'était Jisung qui l'appelait, ce qui était plutôt rare à cette heure-ci. Surtout qu'ils logeaient dans le même appartement, et que le blond aurait pu simplement venir le voir dans sa chambre. Il décrocha et eu la surprise d'entendre non pas la voix de son petit écureuil mais celle de Changbin.

- Hyung ?

- Binnie ? Qu'est-ce qu'il se passe ? chuchota-t-il.

- On est sortis au parc.

L'appel se termina ainsi. Le leader compris qu'il devait rejoindre les deux autres membres de 3racha au parc. Cela ne lui avait pas été demandé, mais le ton qu'avait pris Changbin en disait long sur la situation, qu'il avait eu le temps d'analyser. Il faisait nuit, et ses amis étaient sortis hors des dortoirs, au parc, alors que Changbin était normalement un dormeur profond. Celui-ci avait pris la peine de le déranger pendant qu'il composait, et en plus l'avait appelé avec le portable de Jisung, ce qui signifiait qu'il était sorti plus ou moins en précipitation et qu'il avait oublié le sien. Cela ne pouvait signifier qu'une chose, son petit ami blond ne se sentait pas bien, et Changbin avait décidé de l'emmener prendre l'air.

Il éteint son ordinateur et pris une veste chaude avant de sortir de leur dortoir en essayant de se faire le plus discret possible pour ne pas réveiller les autres membres. Il se dirigea vers le fameux parc sans y réfléchir à deux fois, habitué au chemin qu'il faisait depuis de nombreuses années déjà. C'était en effet le parc dans lequel les membres et lui se rendaient souvent lorsqu'ils étaient trainees, pour prendre l'air et décompresser quelques instants. Ils ne s'y rendaient plus autant depuis qu'ils avaient débutés en 2018, mais cet endroit restait l'un de ceux qui contenaient leurs plus beaux souvenirs.

Arrivé à destination, il aperçût deux silhouettes, l'une contre l'autre, assises sur une selle de la balançoire présente dans le parc. Il reconnut alors Jisung, assis sur Changbin, celui-ci le serrant dans ses bras en faisant légèrement balancer leurs corps pour l'apaiser.

Il les rejoint puis ébouriffa les cheveux du plus jeune des trois. Celui-ci leva la tête et aperçut l'australien, les bras ouverts, un sourire réconfortant sur le visage. Il se dégagea tant bien que mal des bras du petit brun, manqua de trébucher, mais pu enfin, après quelques instants, rejoindre les bras de son aimé. Le troisième, toujours assis sur la selle, se leva et se joignit à eux. Il posa une main sur l'épaule du blond puis sourit au plus vieux, ne disant rien, en sachant que ses deux amants avaient besoin de calme. Jisung profitait de cette étreinte chaleureuse. Il en avait besoin, dans ce genre de moment plus que tout.

- Jisung-ie ? demanda enfin l'aîné.

- Hmmm Hm...

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je... Je n'en sais rien, je voulais juste rejoindre les étoiles, et respirer un peu...

- Je comprends. Est-ce que... hésita le leader. Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider ?

- Emmène-moi voir les étoiles hyung.

L'australien haussa un sourcil, mais compris que son dongsaeng avait besoin de changer d'air, de rêver et de voyage le temps d'une nuit. Il lui prit la main, et sans prévenir, se mit à courir en direction opposée de là d'où il venait. Changbin roula alors des yeux en soupirant, mais les suivit, un sourire doux accroché aux lèvres.

Au bout de quelques minutes de courses, le leader s'arrêta enfin, ils étaient arrivés au bord de la rivière Han qui traversait Seoul. La lune était haute dans le ciel, et la plupart des habitants de la capitale étaient déjà plongés dans les bras de Morphée. Malgré cela, la ville semblait être vivante, même la nuit. Les lumières artificielles que l'on pouvait apercevoir de loin semblaient être comme des lucioles qui accompagnaient les trois artistes alors qu'ils s'installèrent sur l'herbe, au bord de cette rivière qui avait été témoin de tant de chose déjà. Des rires et des pleurs, des déclarations d'amour, des piques niques entre amis et même des demandes en mariage.

Ils ne parlèrent pas, pas tout de suite. Jamais au début. Jamais alors qu'ils pouvaient profiter des sons que la ville presque endormie leur faisait entendre. Les bruits de la brise glaciale d'hiver, de l'eau qui se mouvaient paisiblement devant eux, de certains moteurs de voiture encore actifs à cette heure-ci. Les bruits des lampadaires en fin de vie qui s'éteignaient et se rallumaient dans un rythme presque cadencé. Jisung écoutait, il écoutait tout pour essayer de se calmer. Il écoutait également les respirations de ses amants. L'une encore légèrement saccadée à cause de leur course improvisée, l'autre plus calme et régulière, habituée.

Et puis, sans prévenir, il se releva d'un coup. Il se mit à danser, lentement, presque lascivement. Il ria, inspira une grande bouffée d'air fraîche, puis invita ses amis à le rejoindre. Ils chantèrent, dansèrent et coururent comme des enfants en pleine après-midi. Il n'y avait pas de musique, juste le tempo de leurs cœurs qui battaient à l'unisson, juste ça, seulement ça. Cette scène dura quelques minutes avant que le maknae du trio ne se fatigue et s'écroule par terre, souriant et respirant irrégulièrement.

Ses deux compagnons le rejoignirent et les trois s'assirent, en faisant face au cours d'eau si populaire. Les plus vieux prirent Jisung dans leurs bras, et celui-ci extériorisa ce qu'il avait sur le cœur. Ses peurs et ses craintes, son anxiété et ses cauchemars. Chan et Changbin l'écoutèrent attentivement. Ce genre de choses étaient de plus en plus récurrentes chez le plus jeune et cela les inquiétaient. Malheureusement, à part le soutenir et être présents pour lui, ils ne pouvaient rien faire d'autre pour l'aider à combattre ses démons. Pour cette fois, et comme chaque autre fois, ils firent que qu'ils savaient faire de mieux : couvrir leur petit ami de tout l'amour qu'ils avaient pour lui, et lui rappeler qu'il n'était jamais seul. Cela suffisait à Jisung, il n'en demandait pas plus à ses amants car il savait qu'il avait déjà tout d'eux. Il sourit à nouveau.

Il releva la tête, et ses yeux s'illuminèrent en remarquant que le ciel était dégagé. La pollution de la grande ville ne leur permettait généralement pas de pouvoir voir aussi clairement les astres la nuit. C'était presque impossible. Malgré cela, il semblerait que pour cette nuit, les étoiles avaient décidé de lui faire un cadeau, et cela l'emplit de joie. Lorsqu'il avait demandé à son leader de l'emmener voir les étoiles, il voulait juste que celui-ci puisse le calmer et lui changer les idées. Lui faire oublier ses responsabilités le temps d'un instant. C'était ce qu'il demandait à travers cette phrase. Cependant, le spectacle qui s'offrait à lui présentement était à couper le souffle, et le jeune quokka se dit que son aîné avait vraiment un don pour lui offrir tout ce dont il avait besoin, dès qu'il en avait besoin.

Cela faisait presque une heure que les trois producteurs observaient ces milliers de points lumineux présents dans le ciel. Chan s'amusait parfois à chuchoter aux deux autres le nom des constellations qu'il reconnaissait, tout en expliquant toujours une petite anecdote liée. Cela faisait sourire ses petits amis, et Changbin quant à lui inventa des noms de constellation sortis de nulle part, pour faire concurrence au plus âgé. Jisung sentit se forces s'en aller au fil de mots susurrés contre ses oreilles. Ses paupières étaient de plus en plus lourdes mais il lutta pour profiter de ce moment magique, le plus possible. Quelques minutes de plus, ou même seulement quelques secondes, il voulait se saisir de chaque instant qu'il pouvait.

Il était bien, là, dans les bras de ses deux petits-amis, au bord de l'eau, à observer les étoiles. Il faisait froid, nuit, et l'endroit aurait pu être plus confortable. Malgré cela, Jisung n'échangerait sa place pour rien au monde. Il avait l'impression d'être libre, d'être capable de tout à présent.

Il était 3h45, et par une fraîche nuit d'hiver quelque part à Seoul, Jisung avait enfin pu respirer.