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– Tu ne veux pas qu'on aille se balader un peu en ville, es-tu vraiment obligé de rentrer maintenant ?

Il me regarde, suspicieux, les sourcils légèrement froncés. Je me ressaisis rapidement, en me rendant compte de ce que je viens de dire et de ce que signifie mes mots, cet appel à l'aide inconscient.

– Je suis désolé mec, mes parents m'attendent, tout va bien ?
– Quoi, oui nickel, je dis ça mais je dois rentrer de toute façon.

Je lui offre un grand sourire et tourne vite les talons après lui avoir dit au revoir. Je maintiens une posture fier et à l'aise, le temps de m'éloigner de lui, et retiens les larmes comme je peux avant de tourner à la prochaine rue. Je m'assois à même le sol, là où personne ne peut me voir, rabats ma capuche sur ma tête et déverse ma peine, silencieusement.

Larmoyant, j'observe ce coucher de soleil qui m'apaise tant. Avant qu'il ne fasse trop noir, je me relève et me dirige à pas lent jusqu'à la maison, la boule au ventre. Devant la porte, je suis terrifié, je n'ai pas envie de rentrer. Je n'arrive plus à avancer, les mains tremblantes. Je me fais le plus silencieux possible puis respire de nouveau quand j'aperçois que la maison est vide.

J'en profite pour prendre une longue douche chaude, celle que je rêve de prendre depuis des jours, après cette douloureuse punition. A la cuisine, je dîne ce qu'il reste dans le frigo. Je me crispe lorsque j'entends la porte claquer. Je n'arrive plus à bouger et avale difficilement ce que j'ai dans la bouche, le coeur au bord des lèvres.

Je l'aperçois dans le cadre de la porte, une aura sombre tout autour d'elle.

– Où étais-tu ? Ca t'amuse de me faire tourner en bourrique, je t'ai cherché partout dans les rues, dans le noir et le froid.

Je me lève d'un coup, la voyant s'approcher. L'odeur de cigarette froide et d'alcool qui s'émane d'elle me fait légèrement vaciller.

La claque résonne dans toute la pièce, et sous le choc, je tourne la tête, une larme roulant sur ma joue.

– Je suis désolé, je suis désolé, excuse-moi.

Elle me balance sans cesse des atrocités à la figure que je gobe comme une oie que l'on gave, dans la douleur.

Elle me frappe avec la hanse en chaine de son sac à main, que je connais trop bien. Je tombe à terre lorsque je reçois un énième coup au visage, ne voyant plus rien de l'oeil gauche, en sang. Elle respire fort mais s'arrête enfin, lorsqu'elle voit que je ne peux plus encaisser ni bouger.

– Nettoie-ça et dégage dans ta chambre, dit-elle en parlant de mon propre sang qui goutte sur le sol.

Elle se sert un verre pendant que je suis à quatre patte par-terre, à me retenir de vomir et gémir de douleur.

– Je ne veux pas t'entendre de la soirée, je vais être occupée.

Je comprends clairement ses sous-entendus et monte dans la salle de bain. Je ne sais plus où avoir mal tant l'entièreté de mon corps me fait souffrir. Je me débarrasse difficilement  de mon t-shirt en sang, que je fais tremper et me rince le visage en grimaçant. Une compresse ne suffit pas pour stopper le sang de couler. J'observe mon visage rougir sous ses coups et pars dans ma chambre.

Me coucher est un calvaire, quand chaque position appuie sur une blessure. J'entends de nouveau la porte d'entrée claquer et m'enfonce sous mes coussins.

J'entends ma mère ricaner en bas tandis que cet inconnu profite d'elle. Offrir son corps pour de l'argent, puis ensuite s'acheter de la drogue et de l'alcool, voilà ce qu'elle fait.

Je hais ces murs en carton... Je suis contraint à les écouter. Je tente d'échapper à cette situation par l'imagination mais mon cerveau semble vide, complètement épuisé. Je m'enroule dans mes couettes et me remets à pleurer, quand je vois les marques sur mes bras et à quel point tout mon corps me fait mal.

Je n'arrive évidemment pas à dormir, pour la énième nuit... Je ne les compte même plus.

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