CHAPITRE 2.

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« À quoi bon? »

***

Assise face à son miroir sur pied, Sherlyn se brossait le cheveux énergiquement. Il faut dire que aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres : c'était officiellement la veille de son anniversaire. Et dès demain, la jeune fille se promit de faire un grand nettoyage dans sa vie. Pour commencer, elle décréta de ne plus se morfondre sur son sort.

« À quoi bon? Je n'y peux rien. » s'était-elle répété toute la matinée.

Ensuite, l'adolescente choisit de sourire aux lieux de lancer des regards perçants. L'origine de ceux-ci remontaient à il y a très longtemps, depuis sa tendre enfance.

En fait, c'était depuis sa naissance. La ville dans laquelle ses parents avaient décidé de s'installer s'était révélée être un aimant à snobs. Tous ici roulaient sur l'or, habitaient des maisons -ce mot était bien insultant pour la gigantesque demeure qu'ils possédaient tous- incroyables, se permettaient s'acheter des vêtements sur mesure, créés par de grands stylistes dont le nom n'évoquait rien du tout chez Sherlyn. Ces gens, elle ne les aimait pas.

Mais tout s'expliquait. Très clairement, même. La jeune fille avait de quoi justifier cette antipathie qu'elle éprouvait envers eux. Ces gosses de riche prenaient les gens de haut. Dans la rue, si on osait lever les yeux vers eux, on était instamment dévisagé de manière désobligeante.

C'est là qu'est né le regard perçant de Sherlyn. Chaque personne à Greath City avait droit à son propre regard personnalisé. Pour la vieille du troisième angle, c'était un froncement de sourcil mélangé à des yeux colériques. Par contre, pour le petit garçon des Maywers, Sherlyn se montrait plus compatissante et ne faisait que le fixer intensément jusqu'à ce qu'il s'enfuie à toute jambe.

En fait, c'était sa seule défense contre ces habitants narcissique : son regard noir.

***

Les yeux rivés sur la trotteuse de l'horloge, Sherlyn se demandait quand est-ce que ce fichu cours allait enfin prendre fin. Elle en avait plus qu'assez de patauger parmi ces gosses de riche, qui la dévisageaient sans cesse de haut en bas. Bien sûr, elle avait toujours ses yeux remplis de haine, mais à un moment, ça devenait fortement déstabilisant de se sentir constamment observée.

La jeune fille haïssait les principes fondamentaux au sein de cet établissement. Le problème, c'est que c'était le seul collège encore gratuit dans cette ville.

Finalement, elle n'avait pas à tenir face aux cas les plus désespérés de la métropole.

- Hey, Edwards, t'as acheté où tes fringues? Dans la poubelle du voisin? lança une blonde platine aux yeux émeraudes.

Finalement, peut-être qu'elle ferait une petite exception, aujourd'hui.

« Au diable les résolutions! »

- Dans ta garde robe, plutôt, Richard. siffla Sherlyn, en lui lançant le fameux regard.

Les mots s'étaient échappés de sa bouche, sans qu'elle ne le veuille réellement.

Intérieurement, l'adolescente se gifla une centaine de fois. Elle n'aurait vraiment pas trouver mieux comme réplique, vraiment.

Autour d'elle, les rires fusèrent, les yeux se firent moqueurs et les imitations caricaturées de la jeune fille se propagèrent.

« Comment se taper la honte, leçon numéro une : demandez à Sherlyn Edwards! » soupira-t-elle au fond d'elle-même.

La jeune fille fixa chaque élève intensément, mais pour la première fois de sa vie, son regard ne fit aucun effet sur les gens.

Sherlyn jeta alors tout son espoir sur le professeur, elle se retourna vers son bureau, en espérant une réaction de sa part.

En apercevant sa position de travail, son espoir retomba à plat : il ne ferait rien pour l'aider.

N'importe quel élève aurait pu voir un professeur concentré sur ses copies. Mais Sherlyn savait ce qui ce cachait sous ces mimiques calculées : la peur.

Oui, tous les professeurs étaient ainsi : ils se cachaient derrières des fardes, des cahiers. Dans les couloirs, ils se déplaçaient rapidement, tête baissée et faisaient profil bas.

La jeune fille connaissait cette triste vérité, car elle savait mieux que quiconque sur cette Terre lire dans les yeux des gens. Son père appelait cela un don, mais Sherlyn préférait le terme «qualité». Et tout ce qu'elle pouvait lire à l'instant de le regard de ce monsieur, c'était une immense crainte et frayeur.

Car oui, il avait peur. Comme tous les autres. Peur de ses propres élèves.

C'était fou.

« Mais pas pour une ville comme Greath City. » songea tristement Sherlyn, tandis que son voisin le plus proche lança une énième vanne à son propos.

***

Après avoir passé toute l'heure d'avant à ignorer les regards moqueurs que ses camarades lui lançaient, Sherlyn se dirigea vers sa case pour y ranger ses cours. L'adolescente n'eut aucune difficulté à la retrouver : elle était constamment recouverte de feuilles, papiers scotchées, de graffitis et gribouillis au feutre noir en tout genre, remplis d'insultes et de moqueries.

Mais la jeune fille s'en contre-fichait. À une époque, elle aurait couru se cacher aux toilettes pour y pleurer toutes les larmes de son corps. Mais avec le temps, elle s'était habituée à être traitée la sorte.

La jeune Edwards ouvrit son casier sans prendre le temps d'arracher les multiples morceaux de feuilles qui jaillissaient de toutes parts sur la porte de celui-ci.

La case de Sherlyn était paré contre les attaques. Pour toutes les situations, elle avait une clé de secours.

Par exemple, elle possédait du dissolvant, afin d'effacer les marques au feutre indélébile. Elle avait aussi une trousse de maquillage, ainsi que du démaquillant. Un shampooing et une brosse, au cas où les gens se remettraient l'idée en tête de lui balancer de la farine et des oeufs crus dans la face. Des vêtements de rechanges, la base. Un téléphone aussi, car on lui avait déjà cassé le sien. Des médicaments (l'année passée, on avait tenté de l'empoisonner en jetant toute sorte de produits chimiques dans son café. Elle était restée un mois à l'hôpital, pour cela). Des pansements, bandages, désaffectant, des pommades, des bouteilles d'eau... La liste ne se finissait jamais. En réalité, elle en avait vu de toutes les couleurs.

Sherlyn déposa ses fardes et ses cahiers de maths, quand elle aperçut un bout de papier, soigneusement déposé sur sa trousse de maquillage. Aux premiers abords, elle fut étonnée.

« Comment ils ont pu ouvrir mon casier? » s'énerva-t-elle.

Puis, elle entreprit de lire le mot.

Et ce qu'elle lut la laissa figée sur place.

"Pourquoi tu te laisses faire?"

***

Et hop! Deuxième chapitre.

En espérant qu'il vous a plu!

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 10, 2015 ⏰

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