Chapitre 18

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 De retour sur le plan mortel, à l'endroit exact d'où ils s'étaient téléportés, le groupe prit un petit instant pour retrouver leurs esprits après ce sort tumultueux.

— Ça faisait peur ! s'exclama Ana en cachant son visage dans le cou de Scyllia.

— C'est fini ma princesse, on est de retour, répondit-elle en lui caressant le dos.

Si la jeune fille était terrorisée, elle n'était pas la seule. Tout comme à l'aller, la petite brumarde s'était caché la tête dans le creux du coude de Mélandrie et tremblait de tous ses membres. Après tout, ce devait aussi être une expérience terrifiante pour ce petit animal de quelques mois.

Soudain, avant que quiconque n'ait pu ne serait-ce qu'esquisser un geste, un puissant grognement retentit derrière eux. En se retournant, la jeune démone aperçut Dina, à moitié recroquevillée sur elle-même et les crocs sortis. Dans cette position, elle semblait prête à lui bondir dessus. Lentement, Mélandrie s'approcha de la bête tout en sachant pertinemment ce qu'elle voulait.

— Je suis vraiment désolée, s'excusa-t-elle. Je ne pensais pas que nous allions autant nous éloigner. Ta petite est là et n'a rien, regarde.

Dire cela était une chose, le montrer en était une autre. Kia restait toujours la tête enfouie dans le creux de son coude et continuait à trembler de peur. La voir ainsi ne semblait pas plaire à sa mère qui grogna de nouveau.

Pour lui faire relever la tête, la jeune démone lui gratta le cou. Petit à petit, la brumarde releva la tête jusqu'à ce qu'elle se rende compte que la tempête d'étincelle était passée. Elle miaula ensuite une fois, puis descendit des bras qui la portait pour aller se frotter contre les pattes avant de sa mère tout en ronronnant.

Voyant que sa progéniture n'avait rien et ne semblait visiblement pas plus traumatisée que ça de son voyage, Dina abandonna sa posture agressive et cessa de grogner. Elle passa un large coup de langue sur le dos de la petite brumarde, puis la prit dans sa gueule pour l'emmener à l'intérieur.

— Elle est très protectrice, remarqua Scyllia. Elle me rappelle un peu les parents de Brumi lorsque nous l'avons trouvé.

— Zoé m'a dit ce matin ce qui leur était arrivé. C'est triste.

— Oui. Et les voir se faire tuer sous ses yeux l'a rendue furieuse. De colère, elle a utilisé son feu sur la créature qui les avait tués jusqu'à ce que ses flammes ne se transforment en un magma à la couleur bleu. Malgré la résistance de la bête au feu, elle a réussi a la carboniser. C'est la seule fois où j'ai vu Zoé utiliser un tel sort.

— Et c'est la seule fois où j'ai lancé ce sort, je n'ai jamais réussi ensuite, commenta la pyromancienne en sortant du magasin de ses parents. D'un autre côté, si le déclencheur requièrt une telle émotion négative, je n'ai aucune envie de le lancer de nouveau.

— Heureusement que tu étais une enfant et que tu avais cette forme humaine, intervint Malacine. Cette lave bleue me fait penser à une faculté qu'ont les phœnix. Lorsqu'ils sont atteints par un intense chagrin mêlé à de la colère, les phœnix versent une unique larme, une goutte de feu liquide bleu. Lorsque cette goutte touche le sol, des flammes de la même couleur se propagent à grande vitesse et réduisent immédiatement en cendre tout ce qui se trouve aux alentours en ne laissant sur leur passage qu'une terre parsemée de sillons de lave bleue.

— Qu'est-ce que tu entends par propager à grande vitesse ? s'inquiéta Zoé.

— Eh bien... Scyllia a dit tout à l'heure que vous étiez dans la forêt que tu as transformé en réserve. D'après mes souvenirs, une telle larme au beau milieu de cette forêt l'aurait totalement brûlée en moins d'une minute.

Mélandrie tome 1: Le DormeurWhere stories live. Discover now