Akinator

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Pascal était fort épuisé après cette course, car le corps de Jean-René n'était pas des plus légers ! Chemin faisant, le jeune homme s'amusait bien à donner des coups de talons et à frapper le pauvre serviteur qui n'avait rien demandé. Cette attitude était tout à fait appropriée à un marmot, mais certainement pas à un fils de seigneur ayant la vingtaine !

-Foutrebleu, monseigneur ! S'exclama Pascal. Il faut dire que vous êtes bien bâti, mais vous avez vraiment rien dans le ciboulot !

Jean-René, euphorique de cet extraordinaire balade à dos d'esclave, afficha sur son visage son incompréhension :

-Qu'est-ce donc que le ciboulot ?

Il réfléchit quelques instants avant de reprendre d'un ton très sérieux :

-Vous parlez de mon caleçon ? Mais... vous avez une préférence pour les hommes, Pascal ?

Le gueux eut une mine révulsée et manqua de trébucher sur un grain de poussière.

-Boudiu ! Laissez-tomber ! Autant parler à un âne bâté, avec vous !

Il reçut un violent coup de pommeau d'épée dans la nuque.

-Aïe ! Monseigneur, allez-y doucement avec les coups !

Jean-René n'avait que faire des protestations de son imbécile de destrier. Il continuait de le rouer de coups, en proférant injures et calomnies à profusion :

-Maroufle ! Paltoquet ! Bougre crétin ! Lutin malfaisant ! Serviteur de Satan ! Je t'en donnerai, moi, des « ânes bâtés » ! En voilà des façons de causer à son maître !

-Aïe ! Ouille ! Veuillez accepter mes condoléances... heu, mes excuses votre humble et généreuse seigneurie ! Il faut dire que j'ai mal dormi, les chiens sont venus dormir avec moi cette nuit et fichtre ! Ce qu'ils peuvent puer de la gueule, c'est une infection !

Cela calma un peu le fier guerrier qui rangea finalement son épée dans son fourreau. Le paysage était très beau, mais aucune trace de Ponyta : c'était très embêtant, car sans monture endurante, comment se rendre rapidement chez la princesse ? Le jeune homme ruminait ces choses-là depuis un moment, quand il eut soudain une illumination :

-Mon cher Pascal, vous ne devinerez pas la meilleure ! Je pense que j'irai sur votre dos jusqu'au château du Roi !

-Ah non ! Ah non non non non, je ne veux pas ! Cela me va bien, faire un kilomètre au pas de course en vous portant, mais certainement pas le quarantuple ! Je ne tiendrai pas !

-Tu n'as pas le choix, de toute façon ! Fit Jean-René d'un air buté. C'est moi qui déciderai quand est-ce que je descendrai de ton dos.

-Et si je vous lâchai, par mégarde ?

-Et si je te tranchai le cou, par mégarde ?

Il n'y avait rien à redire, alors Pascal continua sa route en boudant, le jeune seigneur toujours sur son dos lui donnant des coups pour l'encourager à sa manière. Soudain, ce dernier s'écria d'un ton émerveillé :

-Oh ! Pascal, c'est incroyable !

-Qu'y... a-t-il... donc... monseigneur ? Demanda le pauvre maraud, tout essoufflé de sa performance.

Au loin, une drôle de silhouette se découpait. C'était difforme, méconnaissable de tout ce que les deux compères avaient pu voir jusqu'alors.

-Accélère, Pascal ! Mais accélère donc !

Le serviteur augmenta la cadence de sa course effrénée et finit par arriver à la hauteur de la chose qui se révélait être...

-Un démon ! S'exclama Jean-René. Mon épée ! Aux armes, aux armes ! Arrière, créature de Béelzebuth ! Que les ténèbres t'emportent !

Ai ajuns la finalul capitolelor publicate.

⏰ Ultima actualizare: Aug 31, 2020 ⏰

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