Chapitre 1 : Le Renvoi du prince

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Eton College, le 28 septembre 2018.

- Mr James Windsor, vous devez savoir pourquoi nous sommes réunis aujourd'hui, n'est-ce pas ?

- Hein ? Quoi ?

Le quatrième prince d'Angleterre se trouvait dans l'une des pièces réservées aux réunions et conseils de classe du plus prestigieux collège du Royaume-Uni : Eton. Cependant, si quasiment la moitié du corps professoral, sans compter le directeur, le directeur-adjoint et le concierge, étaient regroupés dans la salle ce jour-là, ce n'était absolument pas pour déterminer quelle appréciation donner à tel ou tel élève à la fin du trimestre, mais plutôt pour le conseil disciplinaire de la seule personne non majeure présente : James...

Sauf que le principal concerné s'en moquait... Mais s'en moquait à tel point que même le mouvement des arbres au gré du vent d'octobre et leurs feuilles cramoisies tombant dans la cour qu'il pouvait apercevoir par l'une des grandes fenêtres de la salle l'intéressait plus. James était du genre à n'en faire qu'à sa tête. Aussi, il se faisait rarement d'illusions et était plutôt clairvoyant, ce qui lui avait permis de déterminer ce matin-même en entrant au collège que c'était la dernière fois qu'il y mettrait les pieds, rien qu'à la tête du concierge lorsqu'il l'avait croisé. Alors, c'était l'une des dernières minutes qui lui restaient à Eton. Durant toute sa scolarité là-bas, son comportement n'avait absolument pas changé et ce n'était pas maintenant qu'il allait se montrer poli et bien éduqué, loin de là ! La preuve : il mâchait sans gêne et le plus bruyamment possible un chewing-gum à la menthe ; et si ses parents n'avaient pas été présents, il aurait carrément mis les pieds sur la table !

- James ! grogna son père entre ses dents et en lui adressant un regard menaçant.

- Bah, oui, je sais bien pourquoi on est là, je suis pas con, non plus, répondit finalement James. A vrai dire, il avait compris dans le regard de son père : « Ne joue pas l'idiot, sinon tu sais ce qu'il va se passer en rentrant ». Et effectivement, James savait très bien ce qui allait arriver une fois qu'ils seraient rentrés au palais, pour avoir été puni de nombreuses fois auparavant et surtout les semaines dernières. Et non, il n'avait pas envie d'être séparé une fois de plus de ses livres Harry Potter que lui avait légués son grand-père et qu'il chérissait tant. Donc, il avait décidé de répondre, mais certainement pas avec finesse. Honneur oblige !

- Putain ! Ils sont vachement beaux ces arbres... Perso, j'adore l'automne ! Z'êtes pas de mon avis ? continua-t-il en feignant un désintérêt total.

Pas un seul rire ; que des regards froids et sévères. Aucun humour. S'il avait dit ceci dans une classe remplie d'élèves lors d'un cours ; la totalité se serait mise à rire à gorges déployées. Mais, là, rien. Même pas un léger sourire. Personne ici n'avait la tête à rire... En même temps, il les comprenait après ce qu'il avait fait au concierge de l'école...

- Hum ! Hum ! le directeur s'éclaircit la gorge et ramena l'ensemble de l'attention sur lui. Nous pouvons donc commencer le conseil disciplinaire du jeune Mr Windsor... Mr Jantory, concierge de l'établissement, vous affirmez que le dénommé James Windsor, élève de seconde dans ce collège a attenté à votre vie, en dévissant délibérément l'un des lustres les plus imposants d'Eton.

- C'est cela Mr le directeur. Il a failli me tuer : j'ai dû passer trois semaines à l'hôpital et au départ même mes médecins ne savaient pas si j'allais m'en sortir... acquiesça furieusement un vieil homme dont le crâne était encore entouré de bandages.

James ricana narquoisement. Il était clairvoyant, certes, mais l'empathie et le remords ne faisaient pas partie de sa vie... A une exception près...

Tous les regards s'étaient tournés vers lui. Mais ils n'étaient plus sévères ou froids à présent : ils étaient remplis de haine.

Rien à faire. Peu lui importait qu'on l'aime ou le déteste. En réalité, cela faisait des années que plaire aux autres ne l'intéressait plus ; il préférait faire des coups, être insolent et se moquer du monde. Ça, c'était beaucoup plus amusant ! Aussi, il dut se retenir de ne pas lever sa main pour faire un geste obscène à toute la salle.

Yeux verts, yeux de vipèreWhere stories live. Discover now