Chapitre 1: Simone

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Je sais que je n'ai jamais été très appréciée par mes collègues

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Je sais que je n'ai jamais été très appréciée par mes collègues. Je n'ai jamais rigolé aux blagues salaces de Paul, je n'ai jamais participé aux échanges de potins malfaisants de Nicole et Camille, je n'ai jamais donné une petite pièce à François pour une boisson ou un sandwich quand il avait "oublié" son portefeuille chez lui.

 Je faisais mon boulot et je le faisais bien. J'adorais ce que je faisais: lectrice et correctrice pour une petite maison d'édition. Les éditions Fatalités, quelle ironie ! J'adorais être seule dans mon bureau, un air de Pink Floyd en fond sonore, un manuscrit à corriger avec des dictionnaires, des encyclopédies, des livres historiques ouverts, prêts à être utilisés pour traquer la moindre incohérence. J'étais dans mon monde et rien ne pouvait m'en faire sortir. J'étais minutieuse, j'étais cohérente. En gros, j'étais un bon élément. Alors, forcément, j'ai eu les plus gros poissons et les primes qui allaient avec. J'ai pu rembourser l'emprunt de notre petite maison à la campagne, j'ai pu nous offrir les vacances qu'on méritait mon mari, les enfants et moi et commencer une belle collection de livres anciens.

 Bref, de quoi susciter de la jalousie et de la rancœur auprès de mes charmants collaborateurs. Je me doutais des rumeurs qui couraient sur le patron et moi-même quand je restais plus de cinq minutes dans son bureau. Je me doutais des blagues et dessins puérils qui se baladaient de service en service et dont j'étais la cible principale. Les débiles les laissaient dans l'imprimante. C'est ce qui m'a forcé à demander ma propre imprimante dans mon bureau, ce qui a été directement accepté par la direction de peur, peut-être, que je fasse un scandale  ou que je décide de partir ailleurs.  

Un jour, mon patron ne pouvait pas se rendre à un rendez-vous avec un auteur "ultra" célèbre. 

-Simone, me dit-il, Auriez-vous l'amabilité d'aller déjeuner avec Mr. X ? Vous sentez-vous capable de décrocher l'exclusivité de l'entièreté de ses œuvres au sein des éditions Fatalités?

  -Si vous m'en sentez capable, c'est que je le suis, lui répondis-je.

Ce déjeuner a scellé ma destinée. Ce soir-là, après avoir tendrement endormi mes deux fils et profité d'une soirée détente avec mon mari, le téléphone de la cuisine a sonné. Mon patron me demandait de me rendre le plus rapidement possible au bureau. Le lendemain, les femmes de ménages retrouvaient mon cadavre dans le local des archives lardé de plusieurs coups de couteaux. 

Et mon nouveau moi se réveilla. 

Tout est possible quand on est mortDonde viven las historias. Descúbrelo ahora