Chapitre 27 : Pardonne-moi

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Attendre la réponse à un message risqué n'est vraiment pas fait pour moi. Certaines personnes arrivent probablement à s'occuper pour penser à autre chose. Ce n'est pas mon cas. J'essaye d'ouvrir un roman, mais je dois lire la première ligne cinq fois avant de la comprendre. J'allume mon ordinateur, mais je ne sais pas quoi faire une fois que mon bureau s'affiche. Je retourne l'écran de mon téléphone pour ne pas être tenté, mais ça ne fonctionne que pendant dix secondes, montre en main. Si ma mère me voyait faire les cent pas de cette manière, elle me dirait que je risque de passer à travers le plancher.

Une lumière provenant d'une paire de phares attire mon attention vers la fenêtre de ma chambre. Je m'attends à ce qu'elle disparaisse dès que la voiture aura poursuivi sa route. Mais la lueur persiste pendant un long moment, puis s'éteint complètement. Mon téléphone signale une nouvelle notification avant que je ne puisse aller jeter un œil dehors.

Dire que je me suis précipité dessus serait un euphémisme. Ce que je fais ressemble plus à un plongeon. Banjo, qui dormait dans le coin de la pièce jusqu'à maintenant, lève soudainement la tête, prêt à jouer son rôle de gardien. Lorsqu'il voit que ce n'est que moi, il soupire et se recouche. Je sais que je suis exaspérant, mon chien. Pas la peine de me juger.

Il s'agit d'un nouveau message de @lost.on.emptypages. Et il ne contient que huit mots.

Je suis devant chez toi. Tu peux descendre ?


C'est la première fois que je fais le mur. Est-ce que ça compte quand vous allez seulement jusqu'au trottoir devant votre maison ? Flynn m'attend, le dos appuyé contre sa voiture. À la seconde où mes yeux se posent sur lui, j'oublie tous les événements de ces derniers jours. Mon esprit n'est occupé que par ce qu'il y a devant moi. Comment fait-il pour être aussi beau avec l'éclairage médiocre des lampadaires ?

J'essaye de déchiffrer son expression, de voir s'il est venu là pour me mettre le râteau le plus humiliant du siècle en personne. Mon analyse n'aboutit à rien. L'espace d'un instant, je me demande si je n'ai pas fait une énorme bêtise en écrivant tout ce que j'avais sur le cœur.

Devrais-je dire quelque chose ? Je n'ai pas le temps de me décider, car Flynn fait un pas vers moi, prêt à parler en premier.

— J'étais à mi-chemin jusqu'ici quand j'ai reçu ton message, dit-il. J'ai dû m'arrêter sur le côté pour le lire, et je... Bon sang, c'est embarrassant. Je... J'ai failli pleurer.

— Ce que j'ai écrit était si nul que ça ?

— Mais non. C'est parce que j'étais ému, imbécile. Je venais pour te faire une déclaration, moi aussi. Mais il fallait que tu me devances. Ton esprit de compétition n'a aucune limite.

Un léger sourire apparaît sur son visage, comme s'il n'était pas sûr de pouvoir plaisanter avec moi comme avant. Une vague de soulagement se déclenche en moi. On ne se dirige pas vers une deuxième rupture. Pour deux personnes qui n'ont pas encore collé d'étiquette sur leur relation, cela aurait été assez incroyable. Je lui rends son sourire.

— Tu n'es pas obligé de... commencé-je à dire.

— Si, j'y tiens, m'interrompt Flynn en levant la main. Tu as pris le risque de m'avouer toutes ces choses et... J'ai préparé ce que je voulais te dire. Tu n'as plus qu'à écouter.

— On dirait moi quand tu parles comme ça.

Flynn lâche un petit rire, mais je ressens l'état de stress dans lequel il est. Je décide de me taire pour lui donner l'opportunité de vider son sac, comme il l'avait prévu.

— Pour commencer, dit-il, je veux te demander pardon. C'était une erreur de te confronter de cette manière. Je me suis imaginé des choses stupides seul dans mon coin, alors que j'aurais dû parler calmement avec toi. Je ne veux plus être ce garçon qui doute constamment de lui, peu importe ce qu'on lui dit. Je vais faire tout mon possible pour surpasser ce manque de confiance en moi. Ça ne se fera pas du jour au lendemain, mais je suis déterminé à y arriver.

Oliver et le mythe du Prince CharmantWhere stories live. Discover now