Chapitre 1 - Vert, vert, vert

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Point de vue de Clarke

***

Est-ce que tu te souviens ? C'était il y a longtemps, maintenant. J'avais 17 ans et j'étais en deuxième année à Arkadia. Mes parents m'y avaient inscrite pensant bien faire, pensant que les cours seraient assurés toute l'année, pensant qu'il me serait difficile de sortir entre deux heures de classe. C'était leur façon à eux d'être sûrs que tout irait bien pour moi durant cette période.

Je ne leur ai jamais dit, mais je ne les remercierai jamais assez de m'avoir inscrite là-bas, car je t'ai rencontrée, toi.

***

Le réveil est compliqué ce matin. Il l'est, car je n'ai pas envie d'aller au lycée, je n'ai pas envie de m'enfermer entre quatre murs avec des gens que je connais à peine. Parce que même si ça fait plus d'un an que je suis à Arkadia, finalement, je ne connais pas grand monde. Je ne suis pas isolée, je parle plus ou moins à tout le monde en cours, mais ça reste superficiel. Assez superficiel pour ne pas avoir d'attache. Et donc sans attache, c'est bien plus difficile de se lever et de se préparer.

— Raaaah !

J'inspire, prends une bonne bouffée d'air frais et me redresse, m'asseyant contre le mur de mon lit, lasse de toute motivation. Au secours, je ne vais pas y arriver. J'inspire encore quand j'entends la porte de la maison claquer ; sûrement ma mère partant au travail et m'annonçant que ma non-motivation touche à son terme.

Alors ni une ni deux, je finis les deux pieds sur le sol et le dos de ma main venant gratter mon œil encore à moitié fermé. Et puis j'avance, j'avance vers cette salle de bain que mon père a désigné comme étant la mienne lorsqu'il a construit notre maison.

J'ouvre la porte, m'approche de la baignoire, défais mon pyjama et l'enjambe. L'eau brûlante qui ruisselle sur mes boucles blondes n'arrange pas ma fatigue, mais au moins elle a tendance à adoucir mon humeur, à adoucir cette boule au ventre que j'ai parfois le matin lorsque je me lève pour aller au lycée. Encore une fois, ce n'est pas grand-chose, mais c'est là, alors je profite un peu du moment avant que celui-ci ne s'arrête pour me plonger dans la vie, la vraie, celle faite des craintes et incertitudes d'une adolescente qui se cherche.

— Fiou, j'expire, avant de sortir de là et de prendre ma grande serviette jaune posée sur le séchoir.

Je m'enroule à l'intérieur, me frictionne doucement puis finis par me regarder dans le miroir un instant. Ma peau habituellement blanche est rougie par la chaleur et mes yeux bleus semblent fatigués, mais sinon rien de plus à déclarer. Si, mes cheveux ont bien poussé, les voilà qui cachent mes seins maintenant. Je prends d'ailleurs ma seconde serviette et viens les entortiller afin de les essorer au maximum.

— Bonne journée ma puce ! j'entends au loin mon père crier.

— À ce soir ! je crie à mon tour avant de venir mettre de la crème sur mon visage, du déo et tout le bordel que je mets sur ma peau pour être un peu présentable.

Il ne reste plus que moi à la maison et je devrais d'ailleurs m'activer si je ne veux pas être en retard au lycée. Je prends ma montre, la mets à mon poignet et en profite pour regarder l'heure. Ça va, je n'ai pas trop traîné finalement. Je finis par vite retourner dans ma chambre toujours entourée de ma serviette, car évidemment, j'ai oublié de préparer mes vêtements et ouvre ma porte afin de simplement sélectionner un pull léger, le temps étant clément ces derniers jours. Je l'enfile, finis de m'habiller et récupère mon téléphone avant de repartir en direction de la salle de bain.

J'ai oublié de répondre à Niylah hier et quoi de mieux que d'écrire à une main lorsqu'on se lave les dents, hein ? Et c'est donc ce que je commence à faire. Brosse à dents dans la main gauche, téléphone dans la bouche, dentifrice entre mon autre pouce et mon index. Une action, deux, et voilà l'ustensile prêt. Je switch rapidement d'un objet à l'autre et m'assois sur la baignoire afin de répondre tranquillement à mon amie.

To the Moon and BackWhere stories live. Discover now