Respire.

Paris.

«Bonsoir. »

 Elle m'avait lancé ça, simplement, amicalement, spontanément et j'avais fondu. J'avais bafouillé, bafouillé jusqu'à arriver à sortir un timide « salut » à peine audible. Monsieur Luis était partis, Ashton était entrain d'appeler les déménageurs dans la chambre qu'il avait déjà décidé d'être la sienne, sans discussion possible. Elle était spacieuse, lumineuse avec des rangements sur la totalité d'un mur. Un bureau qu'il essayait déjà de démonter, le tournevis dans une main, le téléphone dans l'autre.

 «  Vous devriez vous dépêcher. Je connais le nom de votre responsable, je n'accepterais aucun retard. J'ai besoin de mes meubles, et de suite. » Il avait adopté une voix grave et stricte, effrayant. Les déménageurs seront dans quelques minutes, c'est une certitude.

 Bonnet bleu me regardait encore et elle souriait. J'étais déstabilisée, tellement hors de moi. Elle savait qui j'étais et pourtant elle ne se présentait même pas. Peut-être pensait-elle que je le savais ? Elle aurait raison.

« Vous avez perdu votre langue ? On va vivre un peu ensemble, donc la communication serait nécessaire. » Se moqua-t-elle. Je sentis le rouge monter jusqu'à mes joues. Elle était irrésistible dans tout ce qu'elle disait, tout ce qu'elle faisait et puis ses yeux, bon sang.

 « Pardon. Je me présente. Zoé. » Je tendis ma main dans l'intention d'une présentation polie mais à côté de ça, elle me tapa dans la main gaiement.

 « Moi c'est Kat.  Et elle se leva et sautilla dans l'appartement. C'est carrément cool ce qui nous arrive ! » J'approuvais timidement et observais le calibre de son appareil photo.

« Une merveille hein ? J'ai du en faire des heures sup' pour pouvoir me l'offrir, c'est comme mon gosse ! » Elle était vraiment une pile électrique, électriquement irrésistible. Elle avait ce don d'émanait du bonheur, du soleil, un peu de Brésil jusqu'ici.

 « C'est vous que j'ai vu au Brésil, n'est ce pas ? » Son ton était redescendu et maintenant elle me matait, de la tête au pied.

 « Effectivement. » Je devais être aussi rouge que les rideaux pourpres qui couvraient les fenêtres du salon.

 Ashton ruminait dans la pièce d'à côté et je réfléchissais à un échappatoire. Elle se rappelait de moi et c'était vraiment très très très gênant.

 « Je vous trouve tout à fait charmante. » Et je m'étouffais. Je la fixais d'un air interrogateur et ahuri.

 « Merci, je ne sais quoi répondre. » Balbutiais-je.

 Elle me fit un clin d’œil, se laissa tomber sur un canapé en cuir et fit défiler ses photos sur le cadran de son appareil. J'étais encore sonnée quand Ashton déboula dans le salon comme une fusée.

 «  Je vais littéralement péter un câble si cette bande de con n'arrive pas d'ici ce soir ! » Puis il repartit dans sa chambre, trébuchant sur ses propres sacs. « Bordel de merde ! »

 J'explosais de rire, littéralement et Kat me rejoignit.

 « Ça va être drôle cette coloc' ! » J’acquiesçais, pouffant encore à la vue d'un Ashton toujours aussi hors de lui.

Je rejoignis ma chambre. Vide. Blanche. Impersonnelle. Pour la première fois depuis longtemps je possédais un endroit à moi, un petit coin de paradis, mon jardin secret. Je m'attelais à sortir tous mes albums photos et commençai à faire des rangés de photos sur les murs, tout autour de la pièce. A la fin de la soirée, ma chambre ressemblait à un vrai carnet de voyage. Je m'allongeais sur mon lit et observais tous ces clichés qui me rappelaient des milliers de souvenirs. Il était minuit et le sommeil ne me venait toujours pas. Ashton avait été livré en début de soirée, depuis il travaillait, tapis dans sa chambre comme si il était en pleine hibernation. Quant à Kate, elle ne faisait je ne sais trop quoi dans le salon, je l'entendais chanter, parler toute seule, s'énerver toute seule et le bruit de la télé. Elle devait sûrement suivre une de ces télé-réalités qui vous abrutissent totalement. Pour chasser l'ennuie, j'établis mon plannig pour demain :

- acheter des draps pour mon lit

-quelques meubles

- appeler la patronne pour la prévenir de ce qu'il se passe

-faire connaissance avec mes nouveaux amis

-me balader dans Paris.

Mon planning établi, je m'endormis d'un seul coup, sans m'en rendre compte, la tête pleines d'idées, de souvenirs, de rêve et puis d'elle et son rire mélodieux.

Kat.

 Après m'être énervée violemment alors qu'un candidat de l'émission que je regardais avait perdu à la dernière question, de la dernière manche, bêtement j'avais décidé de descendre dans Paris, histoire de repérer des coins sympas. Il faisait frais et ma petite chemise ne me tenait franchement pas super chaud. Je frémissais alors que je rentrais dans un bar typiquement parisien. Ça riait, ça chantait, ça buvait. Je m'assis dans un coin reculé du petit café et commandais un mujito. Zoé. Elle apparu soudainement devant mes paupières. Voilà bien longtemps que je la cherchais, désespérément. Puis vient le Brésil et sa chaleur. Ce banc. Ces premiers mots échangés. Elle avait longtemps été un fantasme pour moi. Une personne que j'avais croisé par le plus grand des hasards dans l'agence de journalisme dans laquelle nous travaillons. J'avais tout fait pour devenir celle qui devra la suivre dans tous ces reportages, quitte à avoir menti et cracher mes poumons pour y arriver.

Alice. Elle aussi apparût dans mes pensées, comme ça, violemment m'arrachant le cœur.

Je t'aime, ne l'oublie jamais.

 Je descendis mon mujito, posai quelques pièces sur la table et sortis. L'air frais de Paris me glaça les veines et je me redirigeais vers l'appartement, le cœur lourd de remords et de souvenirs. Je l'aimais, je l'aimais à en mourir et elle est partie, tout simplement, me laissant seule face à ce monde effrayant puis Zoé est apparu et je me suis perdue, littéralement.

Indécision.

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Désolé pour ces 3 longs mois d'attente mais ma vie a été quelques peu mouvementées et je n'avais ni le temps ni l'inspiration pour écrire mais me revoilà, plus fidèle à cette histoire que jamais !