23

2.5K 130 1
                                    






Il pleurait. De vrais larmes. J'essaye avec peine de me rappeler quand était le dernier moment où j'avais moi-même pleuré.
Ça devait être alors que je n'étais qu'une gamine, mes parents m'avaient abandonné, je marchais dans les rues, considérant toutes les personnes autour de moi avec peur, la faim me tenaillait le ventre alors qu'une larme avait coulé, avant qu'une autre l'accompagne.
Une symphonie de bruits s'échappaient de ma poitrine tandis que je réalisa que je pleurais pour de bon.
J'ai commencé à voler quelques temps plus tard, dans le but de survivre, de ce fait, je m'étais promise de ne plus jamais pleurer.
Mon père adoptif m'a pris sous son aile quelques années plus tard et j'ai appris proprement le Nen.
Depuis, je suis confiante de ne jamais avoir pleuré ou m'être apitoyée sur mon sort.
Mais pourtant, je ne pourrais m'empêcher de me demander quel genre de mots étaient écrits pour faire pleurer un être aussi noble que Chrollo.
Neon semble être prise d'un vague sentiment de malaise alors qu'elle commence à me lancer des coups d'oeil, comme pour m'inciter à agir, ayant le rôle de l'épouse.
Me sentant de plus en plus oppressée par les regards de Neon, je me retourne vers Chrollo, une barre soucieuse au-dessus des sourcils.
- Chrollo...
Ma voix n'était qu'un murmure. Je n'avais aucune idée de ce que je pourrais lui dire.
Je ne savais même pas les mots qu'il fallait dire pour remonter le morale de quelqu'un.
Autrement dit, j'étais mauvaise avec les contacts sociaux, à part quand il s'agissait de manipuler.
Chrollo se retourne vers moi et je crois qu'il tente de m'adresser un sourire qui veut me dire de ne pas m'inquiéter.
Il porte sa main libre vers son visage et essuie la larme qui était sortie en poussant un soupir.
Je me retourne vers son carnet et n'y distingue que des lettres, rien que je pouvais discerner.
Je lui lance un regard soucieux et je réalise que j'étais sincèrement occupée par lui.
Mon regard retombe vers le sol.
Fronçant les sourcils, je regarde nos mains entremêlées les une dans les autres.
Chrollo me serrait tellement la main que nos deux mains étaient maintenant blanches.
Quand il s'adresse à Neon de nouveau, sa main perd de sa poigne et je relève la tête vers son visage. Chrollo avait maquillé facilement l'impact que les écrits de Neon lui avaient fait.
Il semblait avoir repris le contrôle de lui-même.
- Incroyable... c'est correct, commence-t-il et Neon semble être soulagée, à propos du premier paragraphe...
Neon le coupe, bougeant précipitamment ses mains d'un côté à l'autre.
- Je ne lis jamais les fortunes que j'écris, annonce-t-elle et encore une fois, ses superstitions de voyante me rendent méfiante.
- Pourquoi?
Le ton de Chrollo avait repris de sa légèreté.
- J'ai l'impression qu'elles ont plus de chances de se réaliser si je ne m'en mêle pas, répondit-il et je peine à camoufler mon exaspération.
- Puis-je te poser une question alors, demande-t-il et Neon hoche la tête, ce verset fait référence à un requiem pour les morts... Crois-tu en la vie au-delà?
Pourquoi demander à une gamine une question pareille? Et de plus, si sa fortune faisait référence à un requiem, un chant dédié aux morts, puis-je en présumer que le premier verset fait mention d'Uvogin?
Je ne pouvais le savoir.
Chrollo était un être mystérieux.
Bien que je me trouve plutôt bonne dans l'art de discerner les gens, je n'arrive toujours pas à le comprendre. C'était sûrement parce qu'il n'était pas comme les autres.
Il agissait différemment et mon sentiment à son égard était donc tout aussi différent.
Il me donnait envie de le connaître, de lui parler et de rester à ses côtés.
Cette pensée me traverse sans que je lui donne mon accord mais bizarrement, je n'en ai pas honte, ce n'était que la stricte vérité.
Il m'intriguait. Je le regarde en souriant pendant quelques moments. Alors qu'il se retourne vers moi, sentant mon regard insistant, je détourne les yeux, amusée.
Analysant pendant quelques secondes la question, Neon finit par lui répondre, la paume posée sur le menton.
- Pas vraiment, avoue-t-elle et je ne m'attends pas mieux d'une voyante, les prédictions sont pour les personnes en vie, comme vous, Chrollo-san. Je crois bien que ce requiem est fait pour vous aider vous et non les morts.
Je me demande comment Chrollo va réagir face à ce point de vue mais il se contente de sourire
- Tu as probablement raison, murmure-t-il et sans savoir pourquoi, je commence à fixer le café qu'il avait commandé.
Il n'en avait pas bu une gorgée. On avait passé la plupart de notre temps ici à parler, tentant de ramasser le plus d'informations sur elle, bien, qu'encore une fois, je dus me rappeler que la raison m'est toujours inconnue.
- Et toi, Mitari-san, crois-tu à la vie au-delà, me demande Neon, les yeux rayonnants, comme si elle n'attendait que le moment où je l'éblouirais de mes paroles.
Je fus surprise car elle avait ajouté « san » à la fin de mon nom et je me dis avec ironie que j'ai dû entrer dans la catégorie des personnes qu'elle respectait profondément.
Le fait qu'elle me pose la question avait aussi suscité mon étonnement car je suis bien la dernière des personnes à qui on pourrait poser la question.
Penser à l'haut-delà ou à quelconque chose qui impliquerait ce qui se passerait après ma mort ne m'a même pas traversé l'esprit.
Je me suis contentée d'essayer de survivre la vie qu'on m'avait donné.
Pourtant, j'étais maintenant obligée de répondre à cette question que j'échappe depuis trop longtemps.
Je remarque que Chrollo semble prêter une certaine attention à ce que j'allais répondre.
- Selon moi, il est un peu impossible de ne pas croire à la vie au-delà, commençai-je et encore une fois, Neon dévore mes mots, mais les humains ne veulent pas y penser. Ils tentent du mieux qu'ils peuvent de mener à bien la vie qu'on leur a engendré, sans se questionner sur ce qui va se passer à leurs morts.
Je ponctue mes paroles d'un rire léger et les yeux de Neon se mettent à briller.
- Magnifique, murmure Neon pour elle-même.
Je n'avais aucune idée que les mots que je pouvais dire avaient le pouvoir d'émerveiller les personnes comme Neon.
De toute façon, je ne sais même pas si les discours que je dis sortent afin de la charmer ou si c'était ma vraie opinion.
Je soupire alors qu'en fredonnant tout bas, Neon se penche et boit une autre gorgée de sa boisson sucrée, la terminant.
Rien q'un amas de glaçons demeuraient dans le verre, que Neon s'amusait à secouer, provoquant des petits bruits.
Avec une main, je sors mon téléphone de mon sac et l'ouvrant, je montre l'heure à Chrollo, sous la table.
Les enchères commençaient à 9h et il n'allait pas tarder à débuter.
Après m'avoir hoché la tête, il se lève en reculant la chaise derrière lui, alors que je rangeais mon téléphone.
- On devrait y aller, annonce-t-il à l'adresse de Neon, les enchères ne vont pas tarder à commencer.
Je me lève à mon tour tandis que Neon sirotait la glace fondue en eau en émettant un bruit sonore qui me donna des envies de meurtre à son intention.
Elle finit par se lever et Chrollo pose discrètement un billet sur la table, payant pour le thé glacé de Neon ainsi que sa tasse de café, intacte.
Il n'y avait pas touché de toute la discussion.
On sort du bar et nous nous avançons vers l'ascenseur du bâtiment, qui était surveillé par deux gardes de la Mafia.
Neon gambadait à nos côtés et jamais je n'aurais pensé me retrouver à tenter de faire amie-amie avec une adolescente dotée d'un don de voyance qu'elle même ne doute pas de la spécialité.
Comme ça sonnait étrange.
Alors que nous attendions devant l'ascenseur, Neon me surprit alors qu'elle s'exprime.
- J'ai entendu ça quelque part, nous dit-elle en regardant l'ascenseur, un sourire aux lèvres.
Je me retourne vers elle, ne voyant pas où elle voulait en venir.
- De quoi veux-tu parler, demandai-je
Elle joigne ses mains en arrière de son dos.
- Quand j'étais petite, j'ai vu une diseuse de bonne aventure le dire à la télé, dit-elle. Que les prédictions étaient faites pour rendre les personnes vivantes heureuses.
En regardant le plafond, je me demande si je n'ai pas déjà entendu cette phrase quelque part.
- Vraiment, fait mine de s'étonner Chrollo.
- Alors elle évitait de prédire de mauvaises prédictions, ajoute Neon et je ne peux réfréner mon incompréhension.
- Pourquoi, demandai-je alors que l'ascenseur s'ouvrait à nous. On y entre et Chrollo touche un bouton sur les nombreux choix d'étages du bâtiment.
- L'idée était d'encourager les personnes à travailler pour accomplir de bonnes choses, dit-elle et Neon semble être attendrie par cette initiative. J'étais vraiment émue à l'époque et c'est de là que j'ai voulu devenir une voyante.
Je réfrène mon rictus.
Si on m'aurait demandé de poser mon opinion, j'aurais tout simplement dit que ce n'était que des rêves misérables et trop beaux pour se réaliser.
Encore une fois, ma contrainte de rester silencieuse se manifeste.
Ouvrir la bouche pour détruire ses rêves d'enfant étaient la dernière chose qu'il fallait faire mais la première chose qui me venait à l'esprit.
Les yeux de Chrollo sont inexpressifs alors que les portes de l'ascenseur se referment sur nous.
Neon regarde de nouveau la vue sur la ville tandis que ma main était mêlée dans celle de Chrollo.
Son expression était beaucoup trop sérieuse pour que je n'ose l'interrompre dans ce qui me semblait être une longue réflexion.
Poussant un soupir, je pose ma tête sur la vitre.
Mon esprit s'oriente vers ce que les autres doivent faire en ce moment.
Sont-ils déjà dans l'enceinte du bâtiment? À moins qu'ils ont déjà commencé à mettre la ville en feu et en sang?
La nuit aujourd'hui était froide. Froide et noire.
On aurait dit une parfaite journée pour faire de grands ravages, simplement pour troubler la belle douceur de cette nuit.
Simplement pour ébranler le dynamisme et les mauvais esprits qui peuplent cette ville.
Une fébrilité m'entoure tranquillement tandis qu'un sourire s'étampe sur mon visage, les coins de ma bouche frémissant d'impatience.
- Il y a quelques années, cette voyante a été arrêté pour escroquerie, nous annonce Neon et je tourne la tête, détournant la moue moqueuse qui, malgré moi, s'était établie sur mon visage.
Arrêté? Pour escroquerie en plus?
Elle n'avait qu'à dire ce qu'elle trouvait réellement dans ses boules de cristal, peut-importe si c'était mauvais ou non et elle ne se serait pas fait arrêtée.
Chrollo se retourne vers elle.
- Parles-tu de Grand-mère Galactique, demande-t-il et Neon hoche frénétiquement la tête, heureuse du fait que sa voyante préférée soit retenue. Son nom m'était vaguement familier, bien que je n'osa pas le mentionner.
Chrollo pose sa main libre sur son menton, esquissant un sourire.
- Si je me rappelle bien, elle ne croyait pas à la vie à l'au-delà, ajoute-t-il
- C'est pour ça que je n'y croie pas, dit-elle et je fronce mes sourcils.
Elle ne voulait pas croire à quelque chose seulement parce que son idole n'y croyait pas aussi.
C'était aussi idiot que d'arrêter de manger de la crème glacée car ses amies n'en mangent pas.
Bien sûr, je ne dis rien sur ce point non plus.
L'ascenseur s'ouvre à l'étage choisie et on sort.
- Personnellement, je crois en l'existence des fantômes, dit Chrollo et sans savoir pourquoi, je crus qu'il fit référence à Uvogin.
- Huh?
- C'est pour cela que je ferais comme il me l'a demandé, n'est-ce pas, Mitari?
Je sus par le « il » employé qu'il parlait vraiment d'Uvo.
- Évidemment, répondis-je et Neon sembla plus perdue que jamais alors qu'un sourire se forme sur mes lèvres.
- Que voulez-vous dire, nous demande-t-elle en regardant tour à tour moi et Chrollo.
- Faire des ravages, murmure-t-il avant d'asséner un coup discret mais rapide dans la nuque de l'adolescente.
Elle chavira vers le bas et je dus me montrer reconnaissante du fait que j'étais de dos des caméras, sinon, on aurait certainement aperçu le sourire immense qui encadrait mon visage.

𝐇𝐱𝐇 | chrollo. lWhere stories live. Discover now