t'

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pourtant, pourtant j'ai essayé.

j'ai essayé de te le dire, de te retenir.

j'avais toujours le sentiment d'etre égoïste parce que je te demandais d'arrêter de faire quelque chose qui au fil du temps était devenu ta raison de vivre. ton travail ne me dérangeait pas, du moins pas quand il ne t'arrachait pas a moi.

je ne peux pas compter le nombre de discussions que l'on a eu à propos de ça. le nombre de soirs où j'ai pleuré parce que tu ne voulais pas changer d'avis. le nombre de soir ou tu n'es pas venu me rejoindre alors que tu entendais mes pleurs du salon.

je ne peux compter les nuits où j'ai dormi seule non plus, en attendant que tu reviennes, où je m'endormais ,dans ce grand lit glacial sans ta présence rassurante, après avoir fixé l'horloge plusieurs heures.

quand tu partais, je m'occupais encore plus que d'habitude, je courais aux quatre coins de la ville -et pas aux quatre coins du monde comparé a toi- pour que tout soit parfait quand tu rentrerais. en fait, en y réfléchissant un peu plus, j'ai couru aux quatre coins de ma ville, mais jamais aux quatre coins de ma vie. ou plutôt, j'ai toujours couru aux quatre coins de ma vie alternant entre la maison, mon travail, les commerces, le lac en été et la montagne en hiver. mais je n'ai jamais essayé, jamais pu, repousser les limites, les murs de mon monde étriqué dans ce schéma que j'ai toujours cru avoir choisi alors qu'on me l'avait imposé.

j'ai l'impression d'etre amère en pensant cela. comme si tout était de ta faute. mais ce n'est pas le cas.

je n'ai jamais eu la prétention, depuis petite, d'être dominante. je suivais tout le monde, étant toujours d'accord. mais avec toi c'était, c'est, pire. je me plie a toutes tes volontés, j'accours a la moindre demande, sans trouver la force de protester.

c'est étrange aussi. je me rends maintenant compte que je n'ai jamais pu faire ce que je voulais. a cause de toi un peu. a cause de moi surtout.

je t'aime.Where stories live. Discover now