Jour

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Sanam : Hé, Att', réveille-toi...

Attich : Pas maintenant Sanam. Laisse-moi me reposer. Je suis fatigué.

Sanam : Mais Attich, regarde ! Le soleil se lève. Tu vas le manquer !

Attich : Je n'en veux plus de ce soleil. Il disparait trop vite. Il nous laisse indéfiniment dans le noir. Il se vient nous toucher la peau que pour nous bruler. Alors que la nuit, elle apporte les étoiles, le frais, les mystères et le repos. Je ne veux pas de ton soleil.

Sanam : Dommage. Il est parti... (un silence se laisse entendre) Att', ce soleil, moi je l'aime bien. Il n'est pas régulier, il fait mal, et il me rappelle pourquoi nous sommes là. Mais je l'aime bien. Il me redonne l'envie de voir les couleurs. De me rappeler le reste. Même quand il me brûle il me rappelle la chaleur de la maison. Du lit dans lequel on se blottissait et des bras qui s'enroulaient autour de nous. Je l'aime bien ce soleil.

Attich : Tant mieux s'il est parti. Dans ma nuit, je vois mes étoiles. Je vois ce que je veux voir. Lorsqu'il est absent, je n'ai pas à me cacher derrière le voile de mes paupières pour vivre ce que je veux vivre. Pour me laisser aller à mes envies, mes espoirs et...

Sanam : Tes espoirs ?! Tu appelles ça des espoirs ? Attich, te fous pas de moi. Ce ne sont pas des espoirs, ce sont des lubies. Des absurdités qui te passent par la tête et dont tu essayes de te convaincre de la réalité.

Attich : Peut-être. Appelle ça comme tu veux. Mais ce sont mes espoirs. Quand suis dedans, je sais que je peux voler. Je sens l'air qui s'engouffre dans mes poumons. Et puis je plonge, et alors, pour mieux sentir mes rêves, je plonge dans notre petit lac...

Sanam : Att...

Attich : Et là c'est une immensité inconnue qui s'ouvre à moi. Je nage parmi les poissons, je découvre les fonds caillouteux et effleure de ma main les quelques vestiges immergés qui s'y trouvent. Tu sais Sanam, les ruines y sont très anciennes. Je pense qu'on en apprendrait beaucoup sur nous si tu voulais bien les explorer un peu avec moi...

Sanam : (après un moment de silence) Que penses-tu qu'on y trouverait ?

Attich : Ho surement des trésors ! Et quelque part, le long de bas-reliefs, on y lirait l'histoire de ce monde, de ces ruines. La manière dont elles ont été érigées. Les peuples qui y ont vécu. On apprendrait quels sièges terribles la ville a dû subir face à des tyrans sanguinaires et comment de braves héros, inconnus alors, se sont levés contre un joug inacceptable. Leur combat pour la liberté serait chanté au gré des pierres que nous découvririons et nous apprendrions alors comment leurs exploits ont façonné la manière de vivre du peuple qui vivait là. On retracerait lentement leur philosophie. Leur science. Et d'un coup, terrible, les éléments annonciateurs de leur chute apparaitraient. Impuissants, nous ne pourrions que poursuivre notre lecture des mots et gravures pour voir l'inéluctable s'accomplir. Le poison s'insinuant lentement dans leurs veines. La gangrène prenant le contrôle de leur cité. Le tyran devenu idéologie prendrait alors place sur le trône et précipiterait à sa ruine la cité jadis resplendissante. Nous serions seuls témoins de la course du temps. De ses miracles comme ses affres. Nous serions comme hors de ce monde, à contempler ce qu'ont été des milliers d'années menant les personnes que nous sommes à fouler les mêmes lieux que ceux que ces peuples habitaient. Et l'espace d'un instant alors, nous aurions partagé leur vie. Leurs peines et les espoirs. Leurs pleurs et leurs allégresses. Leurs sourires. Leur liberté...

Sanam : Attich... Dis... Rassure moi. Tu le sais qu'on ne peut pas y plonger dans ce lac ?

Attich : Tais-toi.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 19, 2020 ⏰

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