Partie II

386 33 19
                                    

Sting ne fut pas aussi long que moi à se préparer. Sa douche fut aussi rapide que l'éclair et, alors qu'on avait passé plus d'une heure à me rendre belle, il n'eut besoin que d'une dizaine de minutes pour fixer ses cheveux selon son bon vouloir et enfiler sa tenue. C'était un haut de smoking très habillé, d'un blanc aussi pur que sa magie, sur une chemise de la même couleur, boutonnée jusqu'en haut et un pantalon noir, tranchant totalement avec le reste, ainsi qu'un noeud papillon sombre. Et ses cheveux négligemment ramenés en arrière? J'aurais pu mourir tant il était à se damner. Toutes les femmes du pays auraient vendu leurs parents pour être à ma place en cet instant, pour l'observer sortir de la salle de bain, entouré de vapeur.


Avec un bref regard ravi de me voir baver, le jeune homme s'approcha avec un sourire.


- Qu'est-ce qu'on fait, habillés comme ça? Ne me dis pas qu'on va se marier? Plaisantais-je.


Son rictus fit augmenter mon rythme cardiaque et, quand il se pencha vers moi, je crus être proche de l'hyper-ventilation. Son parfum, ses yeux bleus, son corps d'Apollon... j'allais mourir.


- Dis toi bien, ma belle, que si tu te mariais avec moi, tu ne serais vêtue que de blanc. Pour que tous le monde sache à qui tu appartiens, murmura-t-il.


Je n'étais pas sa femme, je n'étais pas vêtue de blanc et je ne lui appartenais pas, mais mon cœur rata plusieurs battements simultanément. Mes jambes se mirent à flageoler sous mon poids soudain trop important mais le jeune homme passa un bras sous le mien, me rattrapant avant que je ne m'étale lamentablement sur les lattes de mon plancher. Maintenant, j'en étais certaine, j'allais vraiment mourir.


- Maintenant, si vous le voulez bien milady, je vais vous escorter.


On ne disait pas non au grand Sting.


Aussi, avec un bref hochement de tête gêné, je le laissai me guider dans les rues de la ville. On traversa plusieurs quartiers bondés et les habitants s'arrêtèrent pratiquement sur notre passage, étonnés de nous voir aussi bien vêtus mais, surtout, au bras l'un de l'autre. Certes, nous étions amis avec la guilde de Sabertooth, mais de là à se pavaner bras-dessus bras-dessous...


Les odeurs alléchantes qui me montèrent aux narines quand on traversa le quartier des restaurants ne m'aidèrent pas à me concentrer sur autre chose que les gargouillis de mon ventre. Pourtant, j'aurais dû accorder toute mon attention à mes talons hauts claquant sur les pavés inégaux des rues de la ville. Heureusement, Sting me tenait fermement. Après un énième cri de supplice de mon ventre, mon escorteur m'adressa un regard en coin :


- Dans une demi heure, tu pourras manger, m'assura-t-il.


- Une demi heure! Je serais morte avant.


- Je suis à peu près sûr que tu exagères.


Je tournai la tête en feintant l'agacement et je fis tout mon possible pour regarder où je posais les pieds et non les restaurants que nous croisions. C'était une épreuve aussi difficile que celle de l'île Tenrô, au moins.

Une étincelleWhere stories live. Discover now