Chapitre 5: Dîner aux chandelles

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Hermione avait passé la journée à s'inquiéter dès qu'elle entrait dans une pièce. Elle sursautait au moindre grincement qui provenait du vieux manoir aux parquets en bois, elle sursautait lorsqu'elle croisait son reflet dans une surface vitrée, et elle sursauta lorsque Drago rentra et claqua la porte.Elle attendait son retour assise sur une chaise, dans la cuisine. Hermione vérifia que rien ne manquait sur le plateau qu'elle avait préparé et l'amena au salon.Drago y était. Il se tenait debout près de la console à alcools avec un verre de vin d'Elfe à la main. Il se retourna lorsque Hermione déposa le plateau sur la table.

– Je veux être seul. Va dans ta chambre, je ne veux plus te voir pour aujourd'hui.Son ton n'était pas agressif mais il était ferme. Hermione fit alors un signe de tête et sortit de la pièce. Elle avait remarqué son air soucieux et contrarié, mais elle ignorait s'il était dû à sa rencontre avec l'Epouvantard (elle-même en gardait un vif souvenir), ou à la conversation qui avait suivi.Seule dans sa chambre, Hermione réfléchissait à ce que Drago lui avait dit. Depuis qu'il lui avait parlé de son père, elle s'était sentie coupable de n'avoir jamais éprouvé de remords à propos de son décès. Pas une seule fois elle n'avait pensé à la douleur de Drago d'avoir perdu son père. Pour elle, Lucius n'était qu'un être mauvais, et bien qu'elle n'ait pas prévu qu'il meurt, elle n'en avait pourtant pas ressenti de peine. Plus elle y réfléchissait, et plus elle trouvait que ce comportement ne lui ressemblait pas, qu'elle valait mieux que ça ; et même si Drago était quelqu'un avec qui elle n'avait jamais pu s'entendre, elle éprouvait le besoin de s'excuser, même si une petite voix intérieure lui disait qu'elle n'avait pas à s'excuser pour un acte qu'elle n'avait pas commis, qui plus est auprès de celui qui lui avait retiré l'amour de sa vie...Malgré ça, aller lui expliquer ce qu'il s'était passé permettrait peut-être d'apaiser un peu les tensions qu'il y avait entre eux.Elle arriva dans le petit salon. Seul le feu de cheminée éclairait la pièce. Elle vit que le repas était encore sur la table. Drago n'y avait pas touché. Il était là, assis sur le canapé, les yeux dans le vague, fixés sur les flammes qui dansaient dans la cheminée.Il portait régulièrement à ses lèvres un verre contenant un liquide ambré. Hermione hésita à le déranger, mais elle finit par l'appeler doucement.

– Drago, je voulais te dire...Le jeune homme tressaillit légèrement. Apparemment, il ne l'avait pas entendue arriver.

– Je t'ai dit de rester dans ta chambre, Granger, dit-il avec une voix emplie de colère.

– Je sais mais... je voulais te parler.Drago poussa une exclamation mi-amusée, mi-sceptique, avant de porter son verre à ses lèvres et de le vider d'un trait. Dans un même geste, il le remplit avec la carafe qu'il gardait dans l'autre main.

– A propos de ton père, continua courageusement l'ancienne Gryffondor.A la grande surprise d'Hermione, Drago se leva d'un bond et vint se poster face à elle, l'air furibond.

– Je t'interdis de parler de mon père Granger !Les yeux injectés de sang et les effluves d'alcool indiquaient qu'il avait bu beaucoup de Whisky pur feu...

– Je suis désolée de ce qui est arrivé, enchaîna Hermione avec une voix un peu plus aiguë que la normale.Maintenant qu'elle était face à lui et surtout si près, elle se sentait moins encline au courage.

– Vraiment ? Tu penses que je vais te croire ?!Drago jeta de toutes ses forces son verre qui se fracassa sur le sol, à leurs pieds.

– Explique-moi donc en quoi tu es si désolée ?Son ton s'était fait menaçant, presque dément et son visage était maintenant si près de celui d'Hermione qu'elle pouvait sentir le souffle chaud de Drago.Hermione commençait à trembler. Elle mourait d'envie de fuir à toutes jambes pour retrouver la sécurité, toute relative, de sa chambre. Pourquoi regrettait-elle la mort de Lucius ? La seule raison concrète qu'elle pouvait trouver était l'empathie pour la peine d'un fils envers la perte de son père. Elle avait beau chercher, elle n'en voyait pas d'autre... Prenant son courage à deux mains, elle reprit la parole, espérant que cet argument lui suffirait.

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