10 - Premier rendez-vous

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Après deux semaines d'insistance de ma part et de quoi prendre deux bons kilos dans ses fesses, la secrétaire a cédé. J'appelle Izan qui décroche à la première sonnerie. A cette heure, il doit corriger des copies, rectifier des accents ici et là, mettre la moyenne pour une copie qui n'en voudrait pas neuf. Izan est indulgent, je le devine.

- C'est la maman de Louis.

Si je dis madame Lucciano il ne fera pas le rapprochement vu que mon fils porte mon nom de jeune fille et moi, celui de mon ex-mari.

- ... Je voulais vous remercier d'être venu à mon secours. Je peux vous inviter à dîner ?

Un silence me répond puis il se lance mesurant ses mots :

- Vous êtes la mère d'un de mes élèves...

- On n'est pas obligés de se retrouver devant le portail..., ironisé-je.

- Bien sûr..., dit-il peu convaincu.

Je le laisser réfléchir. Je vais enfin savoir si je lui plais.

- Ben, si vous voulez, cède-t-il.

- D'accord. Vendredi soir ? Passez chez moi. Vous avez l'adresse...

- J'aurais préféré un endroit neutre...

- Un resto ? Mauvaise idée. Vous tenez vraiment à tomber sur vos collègues ? Des élèves même ?

Mon argument a eu raison de son hésitation. J'ai réintégré mon appartement. Je n'ai parlé de mon rendez-vous qu'à Béné, omettant la ressemblance frappante entre lui et Cédric. A l'image de ce qu'elle faisait quand on était encore copine et que je ne couchais pas avec Kévin, elle m'a ouvert son dressing à la recherche d'une tenue adaptée à mes intentions.

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J'ouvre la porte sur Izan. Son sourire avenant s'évanouit. Il semble décontenancé par mon audace. Il évite autant que possible de regarder vers mon chemisier qui certes couvre les bras mais dévoile le haut de la poitrine et remonte bien au-delà du nombril. Avec cela, il fallait bien une jupe. Le Lycra est élastique m'a conseillé Béné. « Je suis trop contente pour toi ! » a-t-elle lancé. Sûrement davantage soulagée que je me détourne enfin de son mari.

- Louis, n'est pas là ? demande Izan.

- Il est chez son père, dis-je en l'invitant à entrer.

- C'est dommage, j'avais prévu cela pour lui.

Il sort me tend une boîte de nougats dont Louis raffole. Touchée par son geste, je mets la boîte de côté. Un futur beau-père attentionné...

Je nous sers deux bières blanches, dans des verres pour une fois.

- Vous êtes séparés ?

- Divorcés.

- Et vous portez son nom ?

Ainsi, Izan a consulté notre dossier.

- Kévin et moi nous connaissons depuis qu'on a douze ans. On est un peu comme ... de vieux amis.

J'admets cela n'a pas toujours été le cas. Mais j'ai bien envie de changer pour toi. Ma remarque semble le rassurer.

Izan regarde l'étiquette sur sa bouteille.

- C'est un régal ces bières belges. J'en raffole.

- Je sais.

La remarque m'a échappée.

- Comment vous le savez ? s'étonne-t-il plus amusé qu'intrigué.

- Mon intuition, dis-je en lui adressant mon plus beau sourire.

J'observe à la dérobée son profil, ses cheveux châtains foncés tirant presque sur le blond là où le soleil les décolore, ses discrètes repousses de barbe. J'ai envie de l'embrasser pour me convaincre que cette fois il est bien réel. Malgré moi mon esprit s'égare vers un nouveau fantasme.

Il se tourne, m'observe un moment, plisse un peu plus son petit nez naturellement retroussé.

- Ca sent le chaud ?

Ne m'en parle pas !

L'audacieuse Sofia Capriaglini tome 10 : libération conditionnelleWhere stories live. Discover now