Chapitre 15

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Ce matin le réveil s'est fait très tôt. Je n'ai pas réussi à dormir de toute la nuit, je n'arrêtais pas de penser à ce qui allait arriver aujourd'hui. Est-ce que ça va faire mal ? Est-ce que ça sera traumatisant ? Est-ce que je verrais une grande lumière au bout d'un tunnel ou est-ce qu'il n'y aura plus rien ? Je n'ai pas arrêté d'angoisser.

J'ai à peine eu le temps de me lever que des vigiles sont venus me chercher pour m'emmener sur le lieu de ma fin. Personne ne m'a calculé comme d'habitude mais je ne m'attendais à rien, toutes les semaines quelqu'un partait sans qu'on ne connaisse vraiment son prénom. Ici, personne ne se soucie de qui part et qui entre, chacun fait sa vie sans réellement se préoccuper de qui la perd.

Ils m'ont emmené jusqu'à une cellule dans laquelle je dois patienter jusqu'à ce qu'on vienne me chercher. Je suis là, assise à contempler le mur, la boule au ventre. Je ne peux pas m'empêcher de sursauter à chaque fois que j'entends un bruit comme si c'était moi qu'on venait chercher.

Je suis tellement fatiguée...Mais je ne suis pas sûre d'arriver à m'endormir.

Finalement vers midi, je m'endors quelques minutes. Cela ne dure pas longtemps. Je pense à mes derniers jours, et à ce que m'a dit Emmanuel. Est-ce que j'ai encore un espoir de le voir arriver ? De l'entendre me dire que c'est bon, je peux sortir parce qu'il a trouvé une solution ?

Les minutes semblent durer des heures, je commence à me demander pourquoi c'est si long...Peut-être m'a-t-on oublié ?

L'après-midi se passe au ralenti. Je stresse tellement que je finis par vomir, mais je n'appelle personne de peur qu'on se souvienne de ma condamnation.

Je suis tellement fatiguée que je me rendors. Ne sachant plus si je me trouve dans un rêve ou dans la réalité je contemple le paysage. Notre lieu. Je respire l'air de cet endroit où je ne suis pas enfermée, cet endroit où j'avais l'impression de trouver un peu de liberté. J'entends le cri d'un oiseau : au-dessus de ma tête volent l'aigle et son petit, je souris en les voyant.

-C'est fait Jaël.

Je me réveille en sursaut. La voix d'Emmanuel résonne au plus profond de moi.

Je me redresse, le cœur battant, j'ai l'impression qu'il va exploser. Je tente de me calmer. Pourquoi m'a-t-il dit "c'est fait ?". Est-ce que...Je suis...? Je regarde autour de moi et me rend compte que je suis toujours dans ma cellule.

Alors que je commence tout juste à reprendre mes esprits, la porte s'ouvre. Mon cœur repart de plus belle. Ça y est on vient me chercher...C'est fini...Non...Je ne veux pas mourir !

Je me recroqueville au fond de ma cellule. Soudain j'aperçois la tête du roi. Une femme est avec lui, c'est la gardienne. Elle me dit d'une voix forte.

-C'est bon mademoiselle vous pouvez sortir. Vous êtes libre.

Je la dévisage un moment sans comprendre tandis que je me relève avec difficultés, tentant de dissimuler les tâches de vomi. Ai-je mal compris ?

-P...Pardon ? Je demande.

-Vous pouvez sortir. Dit-elle en s'impatientant.

-Mais, je...Je ne comprends pas je devais...

-C'est réglé, vous pouvez y aller.

Je sors timidement, méfiante, redoutant que ce soit un piège et qu'à tout moment on m'emmène de force sur le lieu de torture.

Le roi se tient devant moi. Je ne comprends pas ce qu'il fait ici. Et surtout si lui est ici...Où est Emmanuel ?

-B...Bonjour. Lui dis-je timidement.

Le roi fait signe à la gardienne de nous laisser, ce qu'elle fait.

-Je ne comprends pas ce qui se passe j'ai l'impression d'être encore dans un rêve...Dis-je à haute voix.

Le roi rit.

-Pourquoi est-ce qu'ils ne m'emmènent pas ?

-Parce que tu es libre Jaël.

-Mais comment est-ce que c'est possible ?

-Parce que quelqu'un a payé.

-Mais Mr.Dev a dit qu'aucune somme d'argent de pourrait changer une condamnation...

-Non en effet, tu étais condamnée à mort. Il fallait donc que quelqu'un meurt à ta place.

-Mais qui aurait accepté de faire ça ?!

-Mon fils, Emmanuel a tenu à le faire...Pour toi ainsi que pour tout les membres du foyer.

Je reste figée devant ses paroles.

-V...Votre fils ?

-Oui mon fils.

Je ne peux retenir mes larmes, l'émotion me submerge. Il n'était pas son messager...Il était son fils. Il n'était pas son serviteur, il était prince...

-Je suis désolée...Ça n'aurait jamais dû arriver, c'est de ma faute ! Je vous demande pardon !

-Jaël tout va bien !

-Non ! C'est moi qui aurait dû mourir lui il...Il ne méritait pas ça ! C'est pas possible !

Je ne peux m'arrêter de pleurer en pensant au fait que je ne le verrais plus, qu'il est mort, à cause de moi. Décidément, je suis donc incapable de faire le bien..."C'est fait Jaël." Ce qu'il m'a dit prend maintenant tout son sens...

-Écoute, personne ne l'a forcé à y aller. C'était sa décision.

-Je ne mérite pas de vivre ! C'est lui qui le méritait !

-Emmanuel voulait que tu sois libre, pour que tu puisses goûter à la vraie vie, c'est ce qu'il veut pour toi !

Il me tend un mouchoir avant de continuer.

-Ce qu'il voulait vous voulez dire...

-Tu n'auras plus jamais à retourner au foyer, maintenant que ta dette est payée, je peux t'adopter.

-Mais...Pourquoi est-ce que vous voulez m'adopter ? A cause de moi votre fils est mort !

-Jaël, personne ne l'a forcé à le faire, il l'a fait pour toi parce qu'il t'aime et que tu en vaux la peine !

-Non je ne vaux rien !

-Si c'était vraiment le cas, penses-tu qu'il se serait donné tout ce mal ?

-Vous ne me connaissez pas et je pense que vous serez déçu en apprenant à me connaître...Parce que je suis tout sauf une princesse...

-Ce n'est pas ça qui est important. Tu as toujours rêvée d'avoir une famille n'est-ce pas ?

-Oui...

-Je serais ravi de t'accueillir dans la mienne, mais je ne te forcerais pas alors dit-moi quelle est ta décision ?

C'est tellement d'émotions en même temps que j'ai du mal à réfléchir. Je ne mérite pas tout ça...Et si je gâchais tout ? "Moi je t'aime Jaël et le roi également...". Il m'a donné une nouvelle chance, je ne peux pas y renoncer.

-Je...Je ne pourrais jamais vous rendre tout ce que vous avez fait pour moi...Dis-je.

-Et je ne te le demande pas.

-J'aimerai faire partie de votre famille...Mais je ne suis pas à la hauteur...

Il me tend la main, je la lui serre.

-Tu es ma fille maintenant, c'est ça, le plus important.

Nous quittons ce lieu main dans la main. J'ai le cœur gros...J'aimerais tellement dire à Emmanuel à quel point je suis touchée par ce qu'il a fait...Et à quel point j'ai eu tort de ne pas avoir eu confiance en lui. Tout ce qu'il m'a dit était vrai. C'était lui mon aigle...Je ne mérite pas tout ça...Mais s'il est allé jusqu'à donner sa vie pour moi alors, je veux vivre cette vie pour lui.

1er jour de liberté...





Affranchie Tome 1 : RachetéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant