lamentation d'un ciel d'été
il n'y a que moi ce matin, debout sur l'asphalte brûlé par les rayons du soleil d'été - il est levé depuis des heures déjà, et irradie plus fort que jamais, si fort que sa lumière est comme un poids sur mes épaules - tout est désert, les débris du terrain vague, les gravats inégaux, les vestiges d'immeuble en construction qui ne le seront jamais - construits
la lumière faiblit, je me redresse un peu - le poids du soleil s'est atténué - le ciel azur se teinte de nuages d'orage, leurs nuances de gris mélangées comme au pinceau ; la moindre parcelle de bleu est effacée - le ciel n'est plus un océan désert mais un véritable chaos, un ouragan anthracite dans lequel n'importe quoi serait broyé
j'ouvre les yeux le plus grand possible pour imprimer ces couleurs dans ma rétine, j'ai l'impression qu'elles entrent en moi et s'enroulent autour de mon âme - c'est bizarre, je flotte tout en restant les pieds sur terre
je vole et je tombe à la fois, la tête la première dans les nuages, ils m'enveloppent dans leur cocon de brouillard et je disparais
les premières gouttes de pluie sont glacées sur ma peau, et j'ouvre soudain les yeux - le monde se renverse et tout est de nouveau à l'endroit - même si je ne sais plus trop où sont le haut et le bas
un grondement, et l'éclair déchire le ciel, déchire ma peau, déchire la moindre particule des nuages dans le ciel et la moindre essence de mon corps et je reste là, debout sur l'asphalte en cendres, le cœur en lambeaux.