-- 16 - Hanta Sero, partie 4 --

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Mes parents ont toujours compatis avec les goules. Ils pensaient secrètement qu'elles méritent de vivre, autant que les humains. Ils étaient naïfs.

Un soir, ils sont sortis tous les deux au restaurant, pour leur deuxième anniversaire de mariage. J'étais resté tout seul, à 9 ans. Je me souviens que j'avais fait réchauffer des pizzas surgelées au chorizo. C'était super bon.
Puis ma mère était rentré seule. Il manquait mon papa. Enfin, seule, à moitié, puisqu'il lui manquait également une jambe et un bras.

C'est difficile de se souvenir d'un cri qu'on a poussé. On l'imagine toujours trop aigu, trop bizarre, on en a honte parce qu'il se trouve ridicule. C'est bizarre les humains ; quand on est enfants on dit "Je sais ce que j'ai dis!", lorsque quelqu'un nous traite de menteur, et pourtant, on est incapable de s'en souvenir au mot précis. Un mot, c'est une suite de lettre en un seul pavé de caractère alphabétique. Je précise, car certains rêveurs le décrivent plutôt comme une "pensée", un "espoir", ou même une "courageuse manière de s'exprimer". C'est con, je trouve. Le courage, c'est le courage, le mot, c'est un mot, rien de plus.
Puis d'ailleurs, vous allez bien voir au fil de cette histoire que le mot "courage" ne sert à rien, lorsque l'on en manque, du courage.
Les mots ne servent à rien.

Bref, le souvenir de mon cri. On s'en souvient rarement à l'exact. Et pourtant je suis sûr de me souvenir précisement de la façon dont j'ai crié en voyant les trous béants dont gisait le sang de ma mère à l'ancien emplacement de son bras et de sa jambe.
En un mot: horrible.

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J'ai passé une journée tranquille avec Denki. On a fait nos devoirs, ce qui nous a prit longtemps puisqu'il ne connaissait toujours pas la différence entre un Kagune et une Quinque (mal partie donc). En fait on s'est plus roulé des pelles qu'on a révisé. Les cours sont de plus en plus lourds à suivre je trouve.
Ou alors c'est qu'ils prennent de plus en plus d'importance, qu'ils sont plus stressants. On sait que la quasi totalité de la classe sera morte dans moins de deux ans, tuée par des goules. Ces monstres stupides.
Non, j'avais dis que j'arrêtais…
J'avais promis à Denki que j'arrêterais de les insulter…

Moi… J'ai toujours détesté les goules, enfin, l'époque où je les acceptait remonte à trop loin pour que je m'en souvienne. Lorsque ma mère est rentré avec ces trous dans sa jambe et son bras, lorsqu'elle m'a annoncé le décès de mon père… J'ai pris la décision rapide de devenir inspecteur. C'était rapide, trop rapide comme choix.

J'ai parlé à Denki là-bas, à mon arrivé à l'académie. On était déjà dans le même collège mais on ne s'était jamais parlé, ça d'ailleurs été une surprise de leur voir ici. Très vite l'amour fou en tout cas, même un peu trop fou.

Il m'a fait changé de mentalité. Les goules ne sont pas des monstres, elles sont comme nous. Laides. Prêtes à tout pour vivre, au dépend des autres. Il m'a apprit qu'il est normal que les humains combattent, mais que selon lui, les goules n'avaient rien à se reprocher. C'est comme des animaux. Certains doivent se nourrir d'insectes, alors ils se nourrissent d'insectes. Je comprends, maintenant. Il m'a soulagé de ma haine qui me hantait depuis le départ de mon papa.
Il m'a fait comprendre que je n'étais pas en colère contre les goules. C'était moi, le fautif qui n'avait rien pu faire, et qui n'avait rien fait. C'est moi, la seule personne qui n'a pas d'impacte sur mon monde dont je suis pourtant chef!

Mais, alors, je lui ai demandé, pourquoi il voulait être inspecteur. Il a simplement posé un index sur ses lèvres en souriant malicieusement, et, avec un petit clin d'oeil, il a dit avec entousiasme:

"-Secret!"

Puis il a ajouté:

"- Je veux juste que tous les humains puissent vivre!"

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- Hantaa, y a du courrier!

Je descends à l'appel de ma mère en soupirant, et va chercher le courrier, en insultant la clé qui refuse ensuite de sortir. Je lis lentement la lettre étonnante.

- C'est pour une sorte de fête des voisins, chez Mr Aizawa et Mr Yamada…

Shota Aizawa et Hizashi Yamada sont deux colocataires qui habitent au fond du quartier depuis des années. On ne les voit quasiment jamais. La simple idée qu'ils invitent quelqu'un chez eux, et encore plus tout un quartier pour faire une fête est surprenante.

Au début je ne voulais pas venir, j'avais trop de choses à faire.

- Allez, ça te fera du bien de sortir Hanta! m'a dit ma mère.

J'ai accepté.

Bon dieu j'aurais pas du.

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Ce monde est injuste. [Serokami/Kiribaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant