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Je me sentais lourde, au point que mes paupières n'arrivaient pas à se lever. La lumière éblouissante, m'aveuglait au point de me faire verser quelques larmes. Quand j'arrivais enfin à les ouvrir totalement, je regardais autour de moi, un peu paniquée, je dois dire. Je ne connaissais rien, la pièce était fade et pleine de fleurs. J'avais l'impression d'être morte et qu'on avait fleurie ma tombe tellement, il y en avait. Je sentais que mon rythme cardiaque s'affoler à l'intérieur de mon corps, que je peinais à redresser.

Une voix masculine, m'agressait les oreilles tellement celle-ci était sèche et peu agréable. Je regardais en direction de celle-ci et vis un grand homme, qui était ni gros, ni maigre. Des cheveux bruns, brossés sur le côté. Il était incroyablement bien apprêté et très propre sur lui. Au premier abord, c'était un bel homme, mais sa manière de parler gâchait tout.


— Je te laisse, elle vient de se réveiller. Je te recontacte dans la journée, fit-il avant de s'approcher de moi d'un pas trop rapide à mon goût. Putain, tu n'imagines même pas la chance que tu as d'être la meilleure Megan, car je crois que je pourrais te tuer de mes propres mains ! Je suis bien content que cette moto soit définitivement morte, ça nous évitera que tu nous fasses perdre encore une fois de l'argent en te cassant la gueule !

— Euh, excusez moi ? demandai-je complètement larguée.

— Ne commence pas à te foutre de moi Megan, ce n'est pas le moment, je suis suffisamment en pétard à cause de Carl ! Je vais chercher les médecins, afin de prévoir une date de sortie, on reprend le travail dès que possible et sache que toute cette perte va te coûter très cher ! affirma-t-il avant de quitter la chambre.



Je fronçai les sourcils, ne comprenant rien à son charabia. Je me demandais qui il était, pourquoi était-il là ? Qui était ce fameux Carl qui venait de le mettre en rogne ? Pourquoi il me parlait d'argent et de moto et surtout qu'est-ce que je fichais ici ? Trop de question qui me donnait un mal de tête impossible, au point que j'aimerais me rendormir. Alors que l'homme désagréable venait de quitter la chambre il y a peu, il entrait de nouveau en compagnie de trois personnes. Deux étaient vêtus d'une blouse blanche et la dernière, une femme portait un ensemble vert.


— Bonjour Mme Paige, heureux de vous revoir parmi nous, comment vous sentez vous ? me fit un homme d'un certain âge, avec des petites lunettes qu'il portait bien trop bas à mon goût.

— Euh je vais bien, j'ai juste un peu mal à la tête et je me sens lourde, répondis-je un peu perturbée. Par contre, est-ce que je peux savoir où je suis et qui est cet homme ? fis-je en montrant l'homme en costard du doigt.

— Oh bordel, voilà qu'elle perd la boule, intervint-il une fois encore d'une manière peu agréable qui commençait à m'agacer.

— Est-il possible pour vous de quitter la pièce monsieur, nous aimerions nous entretenir avec Mme Paige, en tant que patiente s'il vous plaît !



L'homme fusilla le médecin du regard, ne supportant certainement pas ce que celui-ci venait de lui demander. Finalement, il ne contesta pas l'ordre de celui-ci et quitta la pièce en pestant. Je ne comprenais pas ce qu'il disait, il parlait dans sa moustache, qu'il n'avait pas d'ailleurs. Quand il eut quitté la pièce, je sentis comme un soulagement. Je ne supportais pas sa présence, il m'oppressait.

L'homme qui se trouvait à côté de moi, tandis que les deux autres personnes se trouvaient au bout de mon lit, se présenta à moi. D'une manière douce, il m'expliqua sous forme d'histoire, où je me trouvais et ce que je faisais ici. Je tombais des nues en apprenant me trouver à l'hôpital, et cela, depuis plus d'un mois maintenant, d'après ce qu'il me disait. J'étais arrivée ici après un violent accident de moto, dont j'avais la chance d'être encore en vie, mais celui-ci m'avait plongé dans un coma de plusieurs semaines. Il y avait meilleure nouvelle après un réveil.


— Je ne me souviens pas de l'accident, je ne me souviens de très peu de chose, avouai-je.

— Très bien, nous allons commencer par des choses simples, fit-il. Est-ce que vous pouvez me dire qui vous êtes, où vous habitez, ce que vous faites dans la vie ?

— Je sais que mon prénom est Megan, mais je n'avais pas souvenir de mon nom de famille avant que vous l'annonciez, répondis-je.

— C'est déjà une très bonne chose, vous avez un bon esprit de déduction, continuez.

— J'ai vingt-huit ans et je suis née en juillet, je crois, je ne suis pas certaine du mois mais je ne sais plus le jour. Je ne connais pas la ville où je vis, mais j'ai le sentiment que je vis encore avec ma mère. C'est étrange, car je me souviens d'elle, jusqu'à la couleur de ses yeux, expliquai-je.



Il me rassura, en me disant que cela était tout à fait normal. Un peu paniquée de me retrouver dans un flou inconnu, il m'annonça que je souffrais d'amnésie, que cela pouvait arriver après un accident comme le mien. Il m'expliqua que le casque m'avait sauvé la vie, en m'empêchant de me fracasser le crâne contre les rochers - un détail dont je me serais bien passé -, il avait alors deux solutions sur la cause de ma perte de mémoire. Pour lui, je souffrais d'amnésie temporaire et celle-ci était présente à cause du choc de l'accident.

Il continuait de me parler, de tout et de rien, en me disant quel jour on était, ainsi que des choses basiques. Le nom de notre président, le nom de films a grand succès et j'en passe. Alors que j'avais enfin réussi à m'apaiser, la porte de ma chambre s'ouvrit et cette immonde personne insupportable, venait interrompre mon échange, sans même s'excuser, je trouvais ça honteux.


— Bon docteur, je n'ai pas la journée, quand pourra-t-elle sortir ? demanda-t-il.

— En vue de son état, elle ne sortira pas aujourd'hui. Elle vient seulement de se réveiller, je compte bien la garder en observation pour cette nuit et demain toute la journée, expliqua-t-il en montrant aucune déstabilisation, malgré le ton de l'homme en costume.

— Très bien, à quelle heure puis-je venir la récupérer ? questionna-t-il impatient.

— Vous êtes un membre de sa famille ?

— Oh je vous en prie, vous connaissez cette personne, tout le monde connaît Megan Paige. Je suis son manager, Garrett Hemerson et je m'occupe de cette petite idiote depuis des années maintenant. Je suis comme son père de substitution, répliqua-t-il agacé.

— Je refuse de quitter ce lieu en compagnie de cet homme, criai-je apeurée.

— Tais-toi ! m'ordonna-t-il en me hurlant dessus.

— Je suis désolé Monsieur Hemerson, mais n'étant pas un membre de la famille, ni même une personne qu'elle reconnaît, je ne peux pas autoriser une sortie de cette femme sous votre surveillance, expliqua le médecin.

— Vous allez tous me le payer très cher, on ne refuse rien à Garrett Hemerson. Quant à toi, fait bien attention à ce que tu fais, s'énerva-t-il avant de quitter la pièce en furie.



Le médecin ordonna à la femme qui l'avait accompagnée de prévenir la sécurité de l'hôpital, afin que cet homme ne soit pas autorisé à entrée de nouveau dans le bâtiment, ce qui me rassura. Le deuxième homme vêtu d'une blouse m'annonça qu'il allait prévenir ma mère de mon réveil, afin que celle-ci puisse me rendre visite, ce qui me ferait me plus grand bien. C'était la meilleure nouvelle depuis que j'avais ouvert les yeux et j'avais cette impression de ne pas l'avoir vu depuis des années.

Tout le monde quitta la pièce et je m'allongeai afin de me reposer, j'essayai également de me souvenir de certaine chose de ma vie passé, mais rien ne venait. Pour je ne sais quelle raison, je savais que j'avais une préférence pour l'automne et l'hiver, je me demandai bien pourquoi, car elles ne sont pas les saisons les plus chaudes d'après mes souvenirs.

Rien d'autre ne me venait à l'esprit, quand soudain, je repensai à ce qu'avait dit cet homme étrange avant de s'emporter; « Tout le monde connaît Megan Paige », que voulait-il dire par, tout le monde me connaît ?

Juste un tout petit Mensonge.Where stories live. Discover now