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Les heures défilaient et je m'ennuyais, je dormais par tranche de dix minutes puis me réveillai de nouveau. Je n'avais même pas de télé, ni même un magasin afin de pouvoir m'occuper. Sur le mur à ma gauche, se trouvait un plan à suivre en cas d'incendie, je le connaissais déjà par cœur, ce qui témoigne de mon ennui.

Soudainement, alors que je n'attendais plus rien, quelqu'un frappa à la porte. Mon corps fit un petit sursaut de surprise, après tant de temps de silence dans cette pièce si triste. La porte s'ouvrit et la personne qui se trouvait derrière celle-ci semblait rentrer avec beaucoup d'hésitation. Je me redressais et me penchais un peu afin de pouvoir découvrir qui se cachait derrière cette fameuse porte et je découvris le doux visage de ma mère, qui était détruit par le chagrin. Elle avait les yeux gonflés, le visage rouge et marqué par la vie et son sourire était inexistant. Le souvenir que j'avais de son visage n'était pas du tout celui-ci, où était cette femme radieuse, dont le regard inspirait la confiance et le bonheur ? Elle exprimait que de la souffrance et cela me fendit le cœur. 


— Pourquoi tu pleures ? Je vais bien, tu n'as plus de soucis à te faire, lui fis-je avec un petit sourire.

— Ma pauvre Megan, est-ce que tu te rends compte de comment les choses se termine pour toi ? Est-ce que tu te rends compte de ce que Garrett peut faire ? me questionna-t-elle.


Mais qu'est-ce qu'il avait tous avec ce Garrett, cet arrogant insupportable. Je fus prise de panique, je sentais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Et si cet abruti était mon mari ? Non ce n'était pas possible, je n'avais pas pu tomber aussi bas. S'il m'exaspérait sans m'en souvenir, je ne devais pas aimer cet homme avant mon accident. Je réfléchissais, je baissai la tête et posai mon index et mon majeur sur ma tempe en fermant les yeux. J'essayai de réfléchir, afin de me souvenir, mais impossible. Cette personne m'était littéralement inconnue à cet instant et j'espérais qu'il le resterait pendant longtemps.


— Est-ce que ça va ma chérie, tu as mal à la tête, tu veux que j'appelle le médecin ? me demanda-t-elle paniquée.

— Non, ne t'inquiète pas maman, j'essayais de me souvenir de certaines choses mais en vain. Cependant, rassure-moi, cet homme, ce Garrett, je ne suis pas mariée avec lui ? 

— Oh mon dieu, heureusement que non ! affirma-t-elle avant de se mettre à rire, ce qui me soulagea. 

— Alors pourquoi était-il là à mon réveil à ta place ? Pourquoi il veut que je reparte avec lui ? Je ne comprends pas et j'aimerais comprendre, car je n'aime pas ça cet homme me fait peur ! avouai-je.

— Je ne peux pas tout te dire là, les médecins me disent que se serait trop brusque pour toi de tout te révéler sur la personne que tu es pour le moment et que nous devons attendre que tu commences à te souvenir un peu de toi-même. Après, si tu veux réellement savoir, Garrett te fait peur depuis des années maintenant. Et la seule chose que je peux te dire pour le moment, c'est que c'est un homme puissant et que je n'ai jamais pu me mettre en travers de sa route pour te libérer de lui et de son emprise malsaine. Il profite de toi depuis tellement d'année et cela me fend le cœur...


Je voyais qu'elle voulait aller plus loin dans son discours, mais la peine qu'elle avait au fond d'elle lui serrait la gorge, l'empêchant de dire un mot de plus. Des larmes commencèrent à s'écrouler sur ses joues, ce qui me fit tellement de peine. Je voulais la prendre dans mes bras, mais elle eue un mouvement de rejet que je n'ai pas compris. J'avais le sentiment qu'elle m'en voulait, mais pourquoi ? Lui aurais-je fait du mal ? Ce n'était pas possible, je l'aimais beaucoup trop pour la faire souffrir.

Je ne lui disais jamais que je l'aimais, et même enfant. Mon père n'aimait pas les gens qui exprimaient leurs sentiments, pour lui pleurer était une forme de faiblesse, tout comme dire je t'aime, tu me manques et j'en passe. Je me souviens que ma tante ne comprenait pas cette façon de faire, mais cela ne me dérangeait pas finalement, du moins je crois. C'est étonnant de voir que je me souviens de ce genre de chose et que je suis incapable de savoir ce que je faisais cet été. À croire que ma famille à une place tellement importante dans mon cœur, que mon cerveau n'a pas le dessus pour les oublier même temporairement. 


— Je ne sais pas si c'est le bon moment de te dire ça maintenant, je sais qu'il n'a jamais voulu car il voulait que je sois une fille forte mais te voir dans cet état me fait beaucoup trop de mal. Je t'aime de tout mon cœur et je suis heureuse de te revoir, car j'ai le sentiment que je ne t'ai pas vu depuis une éternité. Mais j'ai l'impression de t'avoir fait du mal, que tu m'en veux pour quelque chose, mais quoi ? Si j'ai fait quelque chose, s'il te plaît dis le moi !

— Oh non ma chérie, fit-elle en se rapprochant de moi et en prenant mon visage entre ses mains sèches. Tu n'y es pour rien crois moi, tout ce que j'endure depuis la mort de ton père et même avant, je sais que ce n'est pas de ta faute, mais j'ai peur. J'ai peur de peut-être finir par te perdre définitivement et je ne veux pas, ajouta-t-elle me faisant pleurer moi aussi. Tu sais Megan, tu es la meilleure chose qui me soit arrivé à moi comme à ton père. Il ne te l'aurait jamais dit, mais il t'aimais plus que tout, tu étais pour lui une raison de vivre. Je suis fière de toi et de ce que tu es sache le !


Et sans plus attendre, elle me prit dans ses bras. Ce que je ressentais à l'intérieur de moi à cet instant était indescriptible, mais cela me faisait tellement de bien, que mes larmes déferlaient d'avantage sur mon visage. Après ce moment de tendresse et de retrouvaille les échanges se faisaient tout naturellement. Je ne savais pour qu'elle raison, mais je n'avais pas envie de savoir ce que j'avais oublié, j'avais juste envie de parler de ce dont je me souvenais. Mes souvenirs d'enfance avec elle et papa, nos fous rires, nos disputes, l'apprentissage du ski, mes débuts à la ferme avec eux. C'était tellement bon de se rappeler de ses moments qui avaient l'air si agréables quand j'y pense.

Entre temps, ma mère m'avait appris que je ne vivais plus à la ferme depuis bien longtemps maintenant, mais que je résidais dans un grand appartement d'une ville assez populaire à plusieurs kilomètres d'ici. J'étais étonnée - je dirais plutôt sur le cul - de savoir que je vivais en ville, car je détestais ça. Le bruit de la ville, les odeurs d'hydrocarbures, les gens, trop de gens. J'adorais la nature, la végétation, les animaux et le calme de la nature ainsi que la beauté de ses paysages. Je n'avais pas pu changer au point d'aller dans un endroit qui ne m'inspirait pas. J'avais vraiment hâte de me souvenir de tout, car cela m'aiderait à comprendre mes choix qui me semblent totalement absurdes.

Après une bonne heure à discuter et à rire, une femme cette fois-ci avec une tenue de couleur rose venait m'apporter un plateau repas. Elle proposa gentiment à ma mère si elle souhaitait manger avec moi, ce qu'elle accepta sans hésiter. Les plateaux repas pour les visiteurs étaient payant et ils devaient être réglés à l'accueil, lui avait-elle précisé, mais cela ne la dérangeait point, du moment qu'elle était avec moi.

Ca me faisait tellement du bien de passer du temps seule avec elle, comme si je n'en avais pas passé depuis une éternité et qu'on venait de se retrouver. Je ne sais pour quelle raison j'ai cette sensation à chaque échange avec ma mère, peut-être que cela était dû au fait que je ne me souvenais plus de tout. J'avais tellement hâte d'être à demain pour pouvoir rentrer avec elle à la ferme, sentir la bonne odeur du feu de cheminée, voir les animaux, manger ses bons petits plats et pouvoir profiter de la nature.

Une fois qu'on eut fini de manger une femme, elle aussi vêtue de rose était venue débarrasser les plateaux. Elle s'était excusée auprès de ma mère, en lui annonçant que les visites se terminait et qu'il était temps de partir. Ma mère, douce et compréhensive lui répondit qu'elle n'avait pas à s'excuser, qu'elle allait me dire au revoir et partir et c'est ce qu'elle fit. Elle se leva de son fauteuil et me déposa un tendre baiser sur le front tout en passant sa main sèche sur mon visage.


— Essaie de dormir ma chérie, on se retrouve demain, me dit-elle avant de partir.

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⏰ Last updated: Jan 28, 2021 ⏰

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