Chapitre 12

67 6 0
                                    



« The walls are starting to cave in
Sometimes, I will wish I was somebody else
When my mind starts misbehaving
Is when I tell myself

Okay, baby, you'll be okay
You just gotta keep, gotta keep on
You just gotta keep on
Rolling even on the bad days
You just gotta keep, gotta keep on
You just gotta keep on
You just gotta keep on breathing
Even when your lungs have run out of air
Okay, baby, you'll be okay »
Keep On ~ Sasha Sloan

Nathaniel

Une bouteille de cognac dans la main et un joint dans l'autre, ma tête tournait.
Le mélange me donnait la nausée mais je continuais à boire et fumer jusqu'à ne plus rien ressentir, ni le vent giflant mes joues ni les rochers écorchants la plante de mes pieds nus.
Ma démarche se faisant de moins en moins assurée, je glissais. Dans ma chute, je laissais la bouteille m'échapper des mains et s'écraser en bas de la falaise.
- Putain ... bredouillais-je lamentablement regardant vers l'océan.
Je me relevais et fis face à cette étendue azur.
Elle adorait la mer.
Se cheveux au vents et des gouttelettes salées sur ses joues mélangées au sable.
Mon portable au fond de ma poche, mais je n'avais pas la tête à décrocher. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait m'appeler ce jour de l'année.
Et je ne voulais pas lui parler.
Mais il continuait inlassablement à appeler.
De rage je pris mon portable et le balançais dans la mer.
Je pris ma tête entre mes mains.
J'étais incroyablement stupide, je n'étais pas en état de conduire, et je venais de jeter le seul objet qui pouvait m'aider à appeler quelqu'un pour venir me chercher.
Je m'allongeais contre la pierre dure et froide.
J'étais coincé ici.
Je fermais mes paupières.
Tant qu'à faire, autant rattraper mes heures de sommeil.

Je ne rentrais que très tard, après avoir dessoûlé.
Mon frère avait du lâché l'affaire puisqu'il n'était pas là.
Je ne savais pas si j'en était soulagé ou non.
Il avait baissé les bras. Sur moi.
Je l'avais poussé à bout.
Et maintenant j'étais seul.
Une fois de plus.
Cependant des petits coups résonnèrent à ma porte.
Je fronçais les sourcils.
Carter avait les clés et mes potes savaient que nous avions un double caché sous le pots de fleurs fanées à droite de la porte.
Ce n'étaient donc aucun d'entre eux. À moins qu'ils ne soient trop torché pour faire rentrer la clé dans la serrure. Et c'était déjà arrivé.
Je me levais alors mollement du canapé et me dirigé vers la porte.
Je l'ouvris en grand, découvrant sa frêle silhouette dans la nuit. Elle tenait contre elle, des feuilles et des cahiers, un sourire aux lèvres.
- Qu'est ce que tu fais là ? demandais-je surpris.
Elle était la dernière personne que je m'attendais à voir ici.
- Tu n'étais pas là aujourd'hui alors je t'ai apporté les cours.
- Tu n'aurais pas du, fis-je ironiquement.
- De rien, répliqua t-elle.
Je ne saurais dire si elle avait compris mon sarcasme ou était tout simplement naïve en tout cas elle ne bougeait pas.
- Tu ne me laisses pas entrer ?
J'arquais un sourcil.
- Je devrais ?
Elle hocha la tête.
- Heu ... bah entre. Fais pas attention au bordel, glissais-je.
Elle entra prudemment, scrutant l'état déplorable de notre salle à manger.
- Installe toi sur la table, je te rejoins.
Elle hocha la tête.
Je partis vers la cuisine, et me servis un verre d'eau avant de la rejoindre.
Elle avait soigneusement sortis ses affaires et avait poussé sur le côté des vieux cartons de pizzas empilés et mon cendrier.
Je grimaçais en pensant à ce qu'elle devait se dire.
De toute manière, elle n'avait déjà pas une haute estime de moi. Cela ne la décevrait pas.
Je m'assis à côté d'elle.
Elle avait les sourcils froncés, concentrés sur le cours qu'elle venait de sortir.
- Okay, donc on a étudié la lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne.
J'hochais la tête.
- Donc l'héroïne Hester Prynne est accusée d'adultère, comme châtiment elle devra garder sur sa poitrine la lettre A, comme marque d'infamie. Cela se passe au dix-septième siècle dans une Amérique puritaine.
Jusque là tu me suis ?
Elle releva la tête.
- Mmh, approuvais-je.
Elle continua ses explications, les agrémentant de gestes et d'anecdotes.
Je ne savais à quel moment j'avais arrêté de l'écouter parler pour regarder le mouvement que faisaient ses lèvres tandis qu'elle parlait.
Elle était pleine et généreuse, d'un rose pâle.
- Tu as tout compris ? demanda t-elle, soucieuse d'avoir mal expliqué.
- Bien sûr, souriais-je.
Elle poussa un soupir de soulagement.
- Je t'ai noté les devoirs pour demain.
Elle me tendit une feuille que j'acceptais avec reconnaissance.
Jusqu'aussi loin que je m'en souvienne personne ne s'était jamais autant préoccupée de moi. À part mes parents.
Elle rangea ses affaires.
- Pourquoi tu as fais ça ? lui demandais-je tout en la raccompagnant à la porte.
Elle me regarda, confuse.
- De quoi ?
- Venir m'expliquer les cours, vérifier comment j'allais ?
Elle haussa les épaules.
- Parce que je pouvais le faire, répondit-elle naturellement.
Je me mordis la lèvre nerveusement.
- À demain, déclara t-elle.
- À demain, répétais-je, répondant à sa question muette.
Elle esquissa un sourire.

Je la suivais du regard tandis qu'elle traversait la rue, rentrant dans sa maison où l'attendait sa famille.
Je m'allongeais dans le canapé et me massais les tempes.
Quelle journée de merde. Pourtant sa présence l'avait légèrement éclairé.
Pendant un moment.
Avant que la réalité ne me rattrape.

- On revient ce soir les enfants, mais jusque là soyez sages avec votre tante d'accord ?
Nous hochâmes tous les deux la têtes.
Un doux sourire se dessina sur ses lèvres.
Elle se pencha sur nous avant de nous enfermé entre ses bras.
Je humais son parfum à la vanille si caractéristique.
- Je vous aime mes chéris.
- Nous aussi maman.
- Dépêches toi chérie, on va être en retard, dit doucement mon père.
- Tu as raison, se raisonna t-elle.
- Tu les reverra, pas besoin de tant d'effusions, se moqua t-il.
Elle le frappa gentiment avant de mettre son manteau sur ses épaules et d'attraper son sac à main.
Puis la porte claqua derrière eux.

RiptideWhere stories live. Discover now