Chapitre I

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Point de vue: Stella

Mon casier se refermait dans un grincement effroyable dissimulé derrière le brouhaha habituel des élèves. Vérifiant une dernière fois que j'avais toutes mes affaires pour le prochain entraînement, je me dirigeais vers la cour des archers. La porte du grand et prestigieux bâtiment refermée derrière moi ne me laissait entendre plus que le bruissement des feuilles d'arbres et les quelques souffles irréguliers des personnes en plein entraînement.
Alors que je m'engageais sur le chemin menant à ma destination, une voix aigue cria mon nom. Cette voix, je la reconnaîtrais parmi mille.

Je me retournais tout de même, attendant que mon frère arrive à mon niveau. Ses cheveux ni longs ni courts ondulaient dans l'air, les laissant paraître d'un brun plus clair sous les rayons du soleil. Il serait séduisant, si il était moins idiot, moins sensible, moins maigre, plus grand, plus musclé, plus sûr de lui,-
"Stella ! Stella ! STELL-AAAAH"
Le jeune homme trébucha, visiblement sur une simple branche d'arbre qui ne ferait pas de mal à un nouveau né qui apprend à marcher, et s'étala de tout son long. Sa sœur l'observe d'un œil honteux, avant de reprendre ses esprits.
J'avançais vers l'extrême maladroit, sans même prendre la peine de m'accroupir. Il se ramassait très souvent, trop souvent, et en ressortait toujours indemne... Quelle était donc sa technique ?

"Tout va bien Clément ?
Demandais-je par pure politesse.
Celui-ci s'agenouilla, visiblement trop pressé pour se lever.
- Stella... Il y a un problème.
Je me figeais.
Quand il parlait aussi sérieusement, c'est que la situation était assez catastrophique pour qu'il le comprenne.
- Le général... Reprit le garçon en hésitant, Le général... Il veut te voir...
- Pour ?
Clément se mit à fixer le sol, le trouvant soudainement particulièrement intéressant. Il triturait ses maigres doigts.
- Clément. Grouille."
Il commençait à beaucoup m'inquiéter, si ce n'était que pour me dire que le général voulait me réprimander au niveau de mes notes de philosophie, je l'envoie valser.
Je vis Clément ravaler sa salive avant de regarder autour de lui, certainement pour vérifier que personne ne nous écoutait. Enfin, dans un chuchotement inaudible il m'avoua:
"I-Il... Il a entendu un... Un... Sa voix craquait au fur et à mesure, il inspira donc profondément avant de déballer ce qu'il a dû garder au fond de lui jusqu'à ce qu'il m'ai trouvée. Ce matin... Il a entendu un son de cor."

Un silence pesant s'installa, alors que les deux se regardaient dans les yeux d'un air grave.
Je n'aidais même pas mon frère à se relever, et marchais d'un pas rapide dans la direction opposée de la cour des archers. Mon esprit était vide. J'attendais seulement plus d'informations, d'explications... J'en ai besoin tout de suite.
Trop perdue dans mes pensées je n'avais même pas remarqué que j'avais traversé tout l'établissement plus vite que lorsque je suis en retard à un cours, mon corps m'avait dirigée machinalement vers mon but.

J'ouvrais la massive porte, me laissant entrevoir le bureau soigné du général, sûrement la pièce la plus propre et luxueuse du bahut. L'homme qui m'attendait était dos à moi, regardant sans raison les faits et gestes de ses protégés du haut du dernier étage à travers la seule fenêtre.
"Général."
Dis-je d'un ton assuré pour signaler ma présence. Alors qu'il se retournait doucement, je m'inclinais pour le saluer.
Il fit un bref geste de la main pour me demander de me redresser, ce que je fis.
"Stella. Il marqua une légère pause, me regardant fixement droit dans les yeux.
La guerre a commencé."

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Je tapotais nerveusement mon bureau en bois. Devant moi, deux feuilles vierges sur lesquelles je devais définir le destin de deux de mes camarades. Non pas que j'hésitais qui nommer, je le savais avant même que le général ne termine ses instructions. C'est plutôt la formulation qui me rend perplexe... Comment demander à un humain de participer à une quête si périlleuse ? Non, ce n'est même pas demander, c'est obliger... Beaucoup dans cette école, la majorité au final, aurait accepté sans problème malgré que la lettre soit écrite d'une manière dure et froide. Mais eux...
"Ils vont simplement gueuler dans toute l'école pour évacuer le stress, ce qui entraînera la panique des étudiants et du personnel..."
Je soupirais, je vais devoir être le plus mitigé possible, éviter toute sorte de détails effrayants...

Les Défenseurs des Cinq TerresWhere stories live. Discover now