13 - Un thé à Durmstrang

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Albus soupira. Ce n'était pas tellement qu'il était ennuyé à l'idée d'aller prendre le thé chez Bathilda, mais plutôt qu'il était un peu gêné à l'idée de se retrouver en compagnie de Gellert et en présence d'une tierce personne. Il craignait que le lien qu'ils entretenaient ne se vit, bien que Gellert fût tout à fait doué pour avoir l'air de ce qu'il n'était pas et cacher ce qui se tramait en coulisses. Il avait également espéré passer du temps en tête à tête avec lui avant qu'il ne quittât le pays pour la semaine (même si, plus ils passaient du temps ensemble, plus cette proximité rendait Albus nerveux, sachant pertinemment le tournant que prendraient fatalement les choses à un moment ou à un autre).

Il descendit dans le salon et tomba sur Abelforth, qui s'efforçait d'enfiler un manteau à Ariana.

- Vous sortez ? s'étonna-t-il.

- Bathilda a insisté pour qu'on se joigne à vous pour le thé, maugréa Abelforth.

Albus serra les dents. Il y avait pire qu'un thé entre Gellert, Bathilda et lui : un thé où Gellert et Abelforth étaient dans la même pièce. Il savait que Gellert ne pourrait s'empêcher de le provoquer, et son frère n'était pas connu pour la gestion de ses émotions. Qu'Ariana puisse faire une crise si le ton montait était la cerise sur le gâteau. Il se retint cependant de tout commentaire. Il attendit que son frère fût parvenu à habiller sa soeur et ils sortirent. Il était aux alentours de 15 heures. Albus se sentait quelque peu nerveux. Il savait que Bathilda ne se priverait pas de ses habituels commentaires, bien intentionnés mais très gênants, et que la conversation tournerait à coup sûr au vinaigre. Finalement, alors qu'ils passaient le portail, Albus se tourna vers son frère, tentant le tout pour le tout.

- Ab, je sais que tu n'aimes pas Gellert, mais je t'en prie, essaie de faire un effort.

- Pourquoi devrais-je faire un effort alors que lui n'en fait aucun ?

- Je sais, je suis désolé. Il aime provoquer mais ne rentre pas dans son jeu.

- Facile à dire, lança Abelforth, à toi il fait les yeux doux.

Albus tenta d'ignorer cette dernière remarque. Il joua la carte de la diplomatie.

- Je sais que tu mérites d'être énervé, mais j'aimerais juste que ce thé ne tourne pas au vinaigre. Pour Bathilda et Ariana.

Il crut que son frère éclaterait en entendant ce dernier argument qui, à bien y réfléchir, était tout à fait malvenu de sa part, mais il ne dit rien et frappa à la porte, sans lâcher la main de sa petite sœur. Bathilda eût presque pu les attendre derrière la porte tant elle s'ouvrit vite. Elle les attendait, un large sourire aux lèvres.

- Ah, ça me fait plaisir de vous voir réunis tous les trois ! s'exclama-t-elle.

Comme si on avait eu le choix, songea Albus et il savait que son frère pensait la même chose. Ils entrèrent. Gellert était assis dans un fauteuil et feuilletait un exemplaire de la Gazette du Sorcier. Il releva les yeux à son arrivée, croisa ceux d'Albus, lui sourit, et replia le journal. Ariana lâcha la main de son frère et fila vers un coin de la pièce où était disposée une boîte de sucres. Elle entreprit de les aligner encore, comme elle l'avait fait lorsqu'Albus avait rencontré Gellert pour la première fois. Ce souvenir fit monter un sourire à ses lèvres.

- Asseyez-vous donc ! s'exclama Bathilda. Abelforth, Gellert, je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de faire connaissance, ils sont tellement toujours en vadrouille tous les deux.

Et voilà, ça commence, songea Albus. Abelforth grogna et Gellert répondit avec un sourire faussement poli :

- Vaguement.

L'éternité est amèreWhere stories live. Discover now