𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝓼𝓮𝓹𝓽

1K 128 40
                                    

M I Y A  C H I N E N

Chapitre sept.

Miya sourit en regardant à sa gauche. Il n'y a plus la moindre trace d'origami sur la table de Mizuki, elle prend désormais tous les cours en note. Il lui a suffi d'une semaine pour tout rattraper en travaillant avec lui après les cours, et Miya n'est pas peu fier de lui avoir fait reprendre le goût des études.

Évidemment, Mizuki reste Mizuki, et il lui arrive de dessiner de temps en temps dans la marge de ses cahiers quand le cours est trop long. Mais elle fait de son mieux pour rester concentrer, Miya a bien remarqué ses efforts pour participer en classe et apprendre de ses erreurs.

Elle est d'ailleurs en train de dessiner un petit crabe dans le coin de sa feuille. Elle semble remarquer le regard de Miya, et détourne les yeux d'un air coupable. Elle reprend les exercices, comme si elle venait de se faire prendre en flagrant délit. Miya sourit, parce que si Mizuki a changé sa façon d'être en cours, au fond, elle est toujours la même, et c'est ainsi que Miya l'apprécie.

À la fin du cours, Miya vient la voir. Ils ont pris l'habitude de passer le reste de l'après-midi ensemble. Soit ils révisent chez Miya, soit ils jouent à la console chez Mizuki, soit ils restent dehors à flâner au skatepark. Quoiqu'il en soit, Mizuki a toujours des papiers colorés sur elle pour pouvoir faire des grues n'importe où et n'importe quand.

— On va chez moi ? J'ai reçu un nouveau jeu hier, lui propose Mizuki.

Il y a des murmures derrière eux, des messes basses qui enveloppent leurs noms. Ça déstabilisait un peu Miya, au début, il n'aime pas que l'on parle derrière lui, il sait que les autres le jugent et le critiquent. Mais Mizuki ne semble ni entendre ces chuchotements ni s'en préoccuper, alors il a fini par l'imiter. Il se sent mieux comme ça.

Il connaît bien le chemin de sa maison, maintenant, et il se tient sur sa planche juste devant elle. Il descend une légère pente et effectue un petit tricks pour le plaisir de voir les yeux de Mizuki s'agrandir de surprise et d'admiration. Arrivés chez elle, il la suit jusqu'au salon, prend une manette et s'assoit par terre.

— Attends, je reviens, je vais chercher de quoi manger !

Miya a remarqué qu'elle aime bien grignoter pendant qu'ils jouent, que ce soit du sucré ou du salé. Alors il hoche la tête et l'attend sagement. Pendant ce temps, il observe son salon, et son regard finit toujours par se poser sur le cadre photo à côté de la télévision.

Il n'a jamais rencontré les parents de Mizuki, il part toujours de chez elle avant qu'ils n'arrivent. Mais comme il reconnaît Mizuki enfant sur la photo, il présume que l'homme et la femme à ses côtés sont ses parents. Ce qui l'intrigue, c'est la fille qui a son bras autour des épaules de Mizuki. Elle est un peu plus grande qu'elle et lui ressemble beaucoup, elle a les mêmes cheveux roux. Ça le fait sourire, parce que même enfant, ses cheveux sont en pétards.

Il pense que c'est sa sœur, la grande aux cheveux roux. Mais il se demande pourquoi Mizuki ne lui en parle jamais. Il pensait qu'elle était fille unique, comme lui, mais il a des doutes depuis qu'il a vu cette photo. Quand Mizuki revient avec une boîte de daifuku à la fraise, il décide de lui poser la question pour être fixé.

— Dis, c'est qui la fille sur la photo ?

Mizuki se fige, et il regrette d'avoir demandé. Lentement, elle s'assoit à côté de lui et pose les daifuku sur la table basse. Elle se triture les doigts et se pince les lèvres, et Miya comprend que c'est un sujet délicat. Il veut lui dire que ce n'est pas grave si elle ne veut pas en parler, lui dire d'oublier sa question et de sortir le jeu auquel elle voulait jouer, mais Mizuki le devance avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche.

— C'est ma sœur. C'est pour elle que je plie les mille grues.

Les lèvres de Miya forme un « o ». Il ne s'est pas attendu à ça. En réalité, il ne s'était même jamais posé la question sur cette mystérieuse personne pour laquelle Mizuki plie des grues sans relâche depuis des semaines. Il n'a jamais croisé sa sœur depuis qu'il vient chez elle, et puisque Mizuki lui a dit qu'elle souhaitait faire un vœu de santé, alors il suppose que sa sœur est à l'hôpital.

— Tu as combien de grues pour l'instant ? lui demande-t-il, parce que c'est la seule chose qu'il a trouvé à dire.

— Presque cinq cents, je suis encore loin du compte.

Miya se demande où est-ce qu'elle peut stocker autant d'oiseaux en papier, mais puisqu'il n'a jamais vu sa chambre, il imagine que c'est là-bas qu'elle les entrepose en attendant de pouvoir les lier avec un fil.

— Tu veux qu'on plie des grues à la place de jouer ?

Mizuki relève la tête et arrête de se triturer les doigts. Elle a des étoiles dans les yeux, et Miya aime bien quand elle le regarde comme ça, il se sent spécial.

— Ça ne te dérange pas ?!

— Plus vite tu auras fini les grues, plus vite on pourra jouer sans se prendre la tête. Et puis, à deux, ce sera plus rapide.

Mizuki sourit, et les étoiles dans ses yeux se mettent à scintiller.

— Je vais chercher du papier !

Elle se lève et sort du salon en courant. Miya la regarde disparaître, puis remet la manette à sa place. Il se sert d'un daifuku, et n'a pas le temps d'ouvrir le sachet que Mizuki est déjà de retour avec une pile de feuilles multicolore dans les bras.

— Merci pour ton aide, au fait.

Elle a l'air gênée, et Miya pioche le premier papier de la pile qu'elle a posé sur la table.

— Tu me remercieras quand on aura fini. Maintenant, arrête de te goinfrer de daifuku et mets-toi au travail !

Les joues gonflées à cause des deux gâteaux à la fraise qu'elle vient de mettre dans sa bouche, elle mâche difficilement avant d'avaler le tout.

— À vos ordres capitaine slime ! s'exclame-t-elle en prenant à son tour un carré de papier coloré.

La légende des mille gruesTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon