Épilogue

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"Quand un deuil se prolonge, d'autres viennent s'y ajouter."
Proverbe des Balari.

~*~

Le temps était froid et sombre, tout comme son humeur. Il se retourna vers la fenêtre et constata avec une indifférence profonde que la pluie commençait à tomber, d'abord doucement, puis terriblement. Le vent se leva et fit claquer un des volets contre la vitre qui menaça un instant d'exploser. Il fut déçu.

Il aurait aimé que certains morceaux de verre viennent lui couper finement le visage, les bras, les mains, le corps... Peut-être que si cela avait été le cas, il se serait senti encore en vie. Parce que la réalité était là, pesante, effrayante : il ne ressentait plus rien depuis les trois jours qui venaient de s'écouler.

Depuis qu'il l'avait retrouvé.
Depuis qu'il avait découvert son corps, sans vie.

On frappa à sa porte et sans attendre une réponse, la personne entra.

- Livaï, souffla-t-elle doucement, tu n'es toujours pas habillé.

Il se retourna vers son lit où reposait un pantalon en toile noir ainsi qu'un pull en laine de la même couleur. Il ne répondit rien et, de nouveau, Hanji soupira en s'approchant de son ami.

- Est-ce que cela va aller ? demanda-t-elle en connaissant pertinemment sa réponse.

Il ne daigna pas lui faire entendre le son de sa voix.

- Je sais que ça a dû être un choc, continua-t-elle, de les retrouver là-bas mais...

Il n'écouta pas la fin de sa phrase.

Il était de retour, trois jours en arrière devant la petite boulangerie qui deviendrait ensuite son lieu de hantise. Un lieu qu'il reverrait encore et encore dans ses cauchemars jusqu'à la fin de sa vie.

Il avait été étonné de ne pas voir la jeune fille le rejoindre le soir même et après de trop longues minutes à l'attendre et une intuition effrayante, il s'était dirigé vers l'endroit qu'elle lui avait indiqué des heures auparavant.

En toute politesse, il avait d'abord frappé à la porte mais n'ayant aucune réponse, il avait ouvert cette dernière qui n'était pas verrouillé. Après un instant à attendre que ses yeux s'habituent à l'obscurité c'est là qu'il l'avait vu.

La couleur rouge.
Partout.
Du sang.

Il connaissait l'odeur du sang peut-être plus que n'importe qui mais pour la première fois celle-ci lui donna des remontées acides qu'il avait réussi à contrôler jusqu'à reconnaître le corps de Nao.

Même dans la mort, le petit garçon paraissait effrayé, les yeux grands ouverts, suppliants qu'on lui vienne en aide. Il n'avait plus rien à voir avec l'apprenti soldat qui avait des rêves stupides plein la tête. Il ressemblait juste aux cadavres que Livaï avait déjà vu de trop nombreuses fois : froid, rigide, le teint gris.

Il dégobilla sur le sol.

Toutefois, il se reprit vite : il fallait absolument protéger Yüna de l'horreur de ce spectacle.

Mais où se trouvait-elle, bordel ?

Il continua à avancer dans la pénombre, en essayant de se repérer grâce à la lumière de la lune, pleine ce soir-là, qui passait entre les fins rideaux blancs. Et son coeur se stoppa lorsqu'il marcha sur quelque chose de dur qui craqua sous le poids de son pied.

Avec appréhension, il baissa le regard et il expira longuement en constatant que cet imbécile de Clément se trouvait, lui aussi, sur le sol, mort. Et que c'était sa main qu'il venait d'écraser.

Somebody Else - Livaï x OCWhere stories live. Discover now